Crises, alternatives, actions Présidentielle 2022

Inflation

Nous proposons : des mesures immédiates pour juguler les prix et soutenir le pouvoir d’achat des mesures structurelles pour changer l’utilisation de l’argent par les entreprises, les banques et l’Etat.

L’inflation reprend (elle a bondit de 1,2% en juillet à 2,1% en septembre, en glissement annuel, mais c’est le même rythme qu’à l’automne 2018 avec 2,2%), elle est concentrée sur l’énergie (+14%), les services et les produits frais. Ce ne serait pas si grave si du côté des effets le pouvoir d’achat n’était pas aussi affecté, sur une base d’une montée considérable de la pauvreté durant la crise sanitaire-économique. Ce ne serait pas si grave si du côté des causes cela correspondait à une « poussée de chaleur » saine, comme quand un sportif accélère et/ou si elle était temporaire parce que due à des dépenses, des avances, qui préparent vraiment l’avenir (avances pour les services publics, pré-recrutements, emploi, formation, investissement efficace, etc.).

Mais là on est plus proche de la fièvre. Et sous cette fièvre on a plus que jamais deux phénomènes : déflation salariale, sociale et des dépenses pour les services publics & inflation financière (bourse, immobilier) et des dépenses publiques pour les profits ou le capital. C’est une fièvre due à la politique du capital et à son avidité.

La production est marquée de pénuries de main d’œuvre, de goulots d’étranglement, on ne prépare pas sérieusement l’avenir car on dépense pour gonfler le capital et les profits. Il faut dépenser pour développer les femmes et les hommes, leur vie et l’écologie l’exige.

Nous proposons

  • des mesures immédiates pour juguler les prix et soutenir le pouvoir d’achat
  • des mesures structurelles pour changer l’utilisation de l’argent par les entreprises, les banques et l’Etat
  1. Causes

C’est une inflation du capital pour 5 raisons

  • La spéculation sur les matières premières : alimentation, gaz et pétrole, tout particulièrement
  • Les dogmes ultra-libéraux ont fait de l’énergie un pseudo-marché : le prix y est fixé non pas selon les coûts de l’énergie produite mais selon les coûts de la plus chère (« coût marginal »), surprofit inclut. Cela revient à s’aligner sur le prix du gaz (soumis à spéculation) et à subventionner l’utilisation du charbon. Un comble pour la France où grâce au service public de l’électricité et au nucléaire l’électricité est la moins coûteuse d’Europe.
  • L’organisation des chaînes mondiales de production par le capital sur la base du coût du travail le plus bas fait qu’elles sont totalement désorganisées à présent parce qu’on n’a pas les moyens de produire de façon répartie les biens intermédiaires (semi-conducteurs, par exemple) et à cause des pénuries de main d’œuvre dans les pays
  • Le capital impose sa loi du profit : quand l’activité repart, il prélève sa dîme. La plus élevée possible. Par exemple des dividendes. Cela gonfle les prix. Et comme en plus les bourses atteignent de nouveaux sommets, il faut au capital financier prélever « toujours plus » sur la même VA (richesses créée) simplement pour maintenir son taux de profit. Il serre les salaires en même temps qu’il gonfle les prix pour ses profits. On marche sur la tête. La part des profits dans la VA a augmenté durant la crise et atteint un record de 35%, inégalé en 70 ans !
  • Enfin, comme les banques centrales (Fed, BCE, Banque d’Angleterre) ont déversé d’énormes liquidités, mais sans conditions précises, cela a été capté par les marchés qui s’en sont nourris sans pour autant créer suffisamment de richesses réelles en contrepartie. Ce qui booste l’inflation. Il faut rompre avec cette politique monétaire sans critères d’emploi et de création de « bonnes » richesses.
  1. Propositions
    1. Immédiates

Immédiatement, il faut une contribution fiscale exceptionnelle des surprofits entreprises du secteur de l’énergie, et un blocage des prix et tarifs à leur niveau d’avant la hausse.

Il faut que l’Etat rétrocède le plus perçu de fiscalité sur l’énergie et bloque sa recette énergétique.

Le versement des dividendes par les entreprises du secteur de l’énergie doit être très fortement taxé (interdit pour 2021 et 2022 ?).

  1. A moyen terme

Il faut nationaliser les entreprises des secteurs de l’énergie, des télécoms, ou se les réapproprier pleinement pour celles qui sont encore à majorité publique. C’est-à-dire en évincer les actionnaires. Cela doit changer leurs critères de gestion, avec des pouvoirs des salariés et des banques. Cela aurait pour première conséquence de supprimer le versement des dividendes par ses entreprises, et allègerait d’autant leurs coûts !

Il faut recréer des stocks stratégiques nationaux et par grande région du monde pour les matières premières essentielles pour lutter contre la spéculation.

Il faut augmenter l’ensemble des salaires et le pouvoir d’achat, mais de façon efficace et durable, en augmentant le salaire de ceux qui en ont un, en créant des emplois pour les chômeurs, il faut baisser les coûts du capital, il faut former et investir pour résorber les goulots d’étranglement, créer durablement une production accrue (avec laquelle est distribuée le revenu donc les salaires) donc en formant et en produisant autrement.

  • L’augmentation du pouvoir d’achat des salaires et des revenus de remplacement doit aller de pair avec de grandes négociations sur l’emploi, les qualifications, la formation et la lutte contre les coûts du capital. Pour cela il faut réunir une conférence pas seulement salariale, mais portant aussi sur l’emploi, la formation et la transformation productive, à partir des territoires et au niveau national, réunissant les acteurs sociaux et économiques, les associations, les citoyens et les responsables politiques.

Il faut revenir sur la contre-réforme du « marché de l’énergie », une autre régulation du prix et la TVA à 5,5%.

Dans la transition énergétique, il faut favoriser les énergies émettant le moins de CO2 et peu coûteuses, comme l’hydroélectricité ou le nucléaire. Pour cela il faut engager les formations de salariés pour renouveler et étendre notre parc de production d’énergie et il faut que les banques appuient les investissements par des taux 0, d’autant plus bas que moins de CO2 est émis, plus élevé, voire dissuasif pour les modes de production émettant le plus de CO2.

Il faut entamer une négociation sur les charges financières de ces entreprises. En effet, elles sont plombées par leurs charges financières dues à toutes leurs fusions et acquisitions passées (5,3 Md€ à EDF, soit 38% de sa masse salariale !). La baisse de leurs charges financières bancaires pourrait être accordée, si elles acceptent de baisser leurs prix et d’engager une politique d’embauche et de production durable.

Une toute autre efficacité économique et productive doit être visée que la recherche du taux de profit maximal. La révolution technologique informationnelle exige de s’appuyer sur « l’Humain d’abord » ! Cela souligne la nécessité de maîtriser démocratiquement les choix de gestion dans les entreprises !

NB – Certains commentateurs (D. Seux, Les Echos) mettent en avant un « pouvoir d’achat du revenu brut des ménages » (RDB) qui augmente (+0,4%). Mais cet indicateur est un agrégat ! Divisé par le nombre de personnes (plus précisément par le nombre d’unités de consommation) et tenant compte des prestations en nature (services publics) il baisse : -1,5% en 2020.

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