Question 1 Pourquoi en faire le cœur du projet communiste ?
1-Il faut changer ce système économique et politique, où les décisions sont prises par un tout petit nombre de personnes pour une finalité qui n’est pas la satisfaction des besoins réels des populations (création de richesses réelles) mais la rentabilisation de leur capital (= profit + augmenter la valeur du capital).
- Quand dans une économie les profits explosent, les indices boursiers explosent et que des millions de salariés ne peuvent plus vivre décemment de leur salaire, tandis qu’on manque d’infirmières, de médecins, de soudeurs qualifiés etc. c’est qu’on marche sur la tête.
- Quand le chômage et le sous-emploi atteignent 21% de la population active, que des pénuries multiples se révèlent sur des biens que le pays peut parfaitement produire comme le papier, les matériaux de construction, les semi-conducteurs, etc.., c’est qu’on marche sur la tête.
- Quand ParcourSup rejette des milliers d’étudiants alors que des métiers qualifiés sont en manque, on marche sur la tête.
2- C’est une aspiration profonde de la société. Si les citoyens se détournent des urnes, c’est précisément parce que, après avoir voté, ils perçoivent à juste titre qu’ils n’ont plus de prise sur les décisions qui comptent et modèlent leurs vies, celles des grandes entreprises : leur travail, leur emploi, leur pouvoir d’achat, ce qu’on produit, on le produit, comment et avec qui. C’est-à-dire les décisions d’investissement, celles d’embauche et de formation, et celles en amont de recherche. C’est ce que nous appelons les décisions d’utilisation de l’argent. Le problème de notre société c’est qu’elles sont dominées par la logique du capital et du profit. Pas celle de la réponse aux besoins d’emploi, de production et de la planète !
Il est temps de ne plus laisser le navire aux mains des dirigeants capitalistes et des forces politiques qui sont à leur service, les uns et les autres sont des relais de la logique du capital !
Question 2 Comment ce pouvoir peut-il s’exercer?
1-Dans l’entreprise
- Un pouvoir effectif des salariés, c’est plus qu’un droit de veto sur des licenciements et quelques sièges aux conseils d’administration. C’est un droit de contre-projet, en cas de décision jugée contraire aux intérêts des salariés et du territoire.
- Cela implique une concertation et un accès aux informations dans les CE qu’il faut rétablir et conforter avec des pouvoirs décisionnels (revenir sur les ordonnances Macron qui créent les CSE, suppriment les CHSCT)).
- Mais les dirigeants de l’entreprise vont dire « cela ne rapporte pas assez de profit » ou « nous n’avons pas l’argent pour cela », « les actionnaires ne voudront jamais nous financer, ou même accepter ce projet ».
– C’est pourquoi ce pouvoir de contre-proposition ne peut être opérant, effectif que si, à l’appui de leurs contre-propositions, les salariés peuvent mobiliser des sources d’argent qui ont un autre but que le taux de profit. C’est le crédit bancaire d’un pôle public élargi grâce à de nouvelles nationalisations et ce sont les fonds publics. Il faut donc un pouvoir de mobilisation des moyens financiers (crédit bancaire et bonifications publiques).
Explication : Ainsi, les dirigeants d’entreprise (qui ne sont pas les actionnaires, mais sont nommés par eux) auraient à gérer et mettre en œuvre des projets impulsés par les salariés et financés selon une logique d’efficacité économique et sociale, éventuellement en même temps que d’autres projets, ceux des actionnaires. La logique des actionnaires s’exprime au CA, la logique des salariés s’exprime au CE (devenu CSE) avec des moyens financiers à leur appui. On pousse le mouvement des « jours heureux » initié avec la création des CE à la Libération. L’entreprise met en œuvre différents projets et les salariés doivent aussi avoir des pouvoirs d’intervention dans l’entreprise elle-même sur la gestion, via leurs représentants syndicaux, de l’atelier au comité de direction. Les services publics et l’Etat doivent appuyer les salariés dans l’exercice de leurs droits. L’Etat doit choisir son camp !
- Il faut donc aussi renforcer des droits syndicaux, sérieusement rabaissés par les réformes El Khomri et les ordonnances Macron : retour à la primauté de l’accord collectif de branche sur l’accord d’entreprise, représentativité, décharges syndicales, etc.
- L’entreprise, la grande entreprise (mais aussi la moyenne) est un grand enjeu démocratique et politique pour la vie de la cité elle-même, et du pays.
CA (Actionnaires) / Entreprise (Dirigeants et délégués syndicaux) / CE ou CSE (salariés) /l’Etat et les Banques derrière qui ? Avec quels critères ?
2-Dans les territoires avec l’ensemble des citoyens sur les services publics et entreprises
Les décisions concernent l’ensemble de la société:
(a) elles impactent des territoires et de nombreux habitants
(b) les habitants ont des besoins, en tant que citoyens, qu’ils doivent pouvoir exprimer, ils sont la majorité ! Voyez les manifestations des jeunes pour le climat !
(c) en outre, ils conjugueraient leur poids avec celui des salariés dans le bras de fer avec le patronat et les forces du capital.
- D’où le besoin d’institutions politiques territoriales nouvelles pour agir sur les services publics et les entreprises, pour une planification et des prises de décision collectives. Certaines décisions de fermeture, de délocalisation, de licenciements massifs sont des catastrophes territoriales. C’est inacceptable. Certaines réorientations productives sont ultra-urgentes. Il y a besoin de construire à tous les niveaux (local, régional, national) des instances qui réunissent les directions d’entreprises, les salariés, les grands services publics, le mouvement associatif, les élus, dans des Conférences permanentes pour l’emploi, les salaires, la formation et la transformation écologique pour décider collectivement – du local au national et avec une articulation à l’Europe – des services et productions, des emplois et formations nécessaires, des moyens financiers mis en œuvre avec des engagements des entreprises, des banques, de l’Etat-employeur. On en a vu l’absolue nécessité pour la filière santé, du soin (hôpital, prévention…) à l’industrie pharmaceutique.
- La maîtrise des moyens financiers : l’énorme potentiel de financement du crédit bancaire finance les restructurations, la spéculation immobilière, boursière, les spéculations sur les matières premières, et laisse tomber nombre de PME et TPE aux activités utiles. Le changement d’orientation du crédit nécessite un pôle public financier, avec les établissements publics actuels et en nationalisation les grandes banques privées (SoGé, BNPParibas, LCL), doté d’une gestion démocratique et ayant pour mission un crédit visant un tout autre but que le taux de profit maximum.
- Des outils d’expression citoyenne et démocratique : droit de saisine des collectivités territoriales par des pétitions, referendum d’initiative citoyenne, etc.
- Nous allons faire des propositions en ce sens le 21 novembre dans une initiative nationale pour l’emploi et la formation place de la République. Nous les mettrons en discussion parmi les citoyens et les salariés durant cette campagne, pour qu’ils participent aussi à leur élaboration, à l’appui de leurs aspirations et des luttes très nombreuses sur les salaires, l’emploi, la formation, la transformation écologique (centrale thermique à Gardanne, papeterie Gironde, etc.).
- Les plans de relance distribuent beaucoup d’argent public à des filières qui continuent à délocaliser massivement (automobile). Nous exigeons d’autres critères pour ces aides + contrôle et le suivi de ces plans dans des comités avec salariés et élus, qui préfigurent les conférences permanentes. Le Medef y est très hostile1, c’est une bataille politique.
Les pénuries de main-d’œuvre montrent bien l’inefficacité du « marché du travail » et qu’il y a urgence à articuler la formation et l’emploi dans une continuité et une sécurité pour les personnes. Cela pousse aussi vers des instances démocratiques de planification de ces besoins.
Nous proposons d’aller vers un système de sécurité d’emploi ou de formation et de revenu, éradiquant le chômage. Il organiserait une mobilité de progrès pour une efficacité réelle et une libération du marché du travail, pour une émancipation nouvelle au travail et hors travail.
1 Geoffroy Roux de Bézieux a dit dans un entretien au quotidien Les Echos en septembre 2020 au sujet du contrôle de l’utilisation des fonds publics : « le privilège de la décision doit rester au Conseil d’Administration » !
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