Conseil National

Conseil national du 9 septembre 2023

Les interventions de Patricia Téjas, Denis Durand, Jean Marc Durand

Patricia Téjas

Dans le débat sur les élections européennes, mon intervention se fait dans les suites des travaux de la commission migration qui s’est tenue mercredi dernier. Le thème de l’immigration va être un ou le thème du RN, Reconquête ou des LR. Cette question ne peut être dissociée de celle de la mondialisation, comme sur d’autres sujets. La commission s’est mise au travail et proposera une note qui sera débattue au CEN. Elle sera construite à partir de nos ambitions internationalistes et non pas sur une approche morale ou caritative. Ce posera alors très rapidement la question des frontières mondiales, européennes et nationales. S’agissant de l’Europe, nous ne pouvons accepter une Europe forteresse qui externalise ses frontières et sous traite le contrôle auprès de pays tiers comme la Lybie, la Turquie ou la Tunisie avec son lot de traitements inhumains contraire au droit international. Mais c’est aussi la remise en cause de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, qui ne respectent pas les droits humains fondamentaux et qui agit en dehors de tout contrôle démocratique. Enfin, cette question ne peut être dissociée de notre engagement pour la paix et le désarmement. Il y a urgence face aux désordres du monde dont l’origine est la crise systémique du capitalisme, de porter comme réponse communiste l’intérêt de la classe travailleuse quelle que soit la nationalité ou le pays d’origine. Si le projet professionnel peut être organisé lors d’une émigration choisie, rien de tel pour l’émigration subie. Il nous faut donc prendre là aussi la question du travail pour vivre ou survivre comme déterminante.

Denis Durand

Avec les effets de l’inflation et l’effondrement des services publics, le sentiment d’un appauvrissement du pays et de ses habitants domine les esprits.

Dénoncer la part excessive du capital dans la répartition des richesses ne suffira pas face à la démagogie néolibérale de Macron et du Rassemblement national. Même Salvini et Meloni prétendent taxer les superprofits des banques !

La seule façon efficace de s’opposer à la résistible ascension de l’extrême-droite, c’est d’être capable de montrer qu’il est possible de s’attaquer aux causes de l’inflation, de l’insuffisance des salaires et de l’effondrement des services publics.

En 2022, la part des profits des entreprises non financières dans la valeur ajoutée – ce qu’on appelle le taux de marge – était de 32 %, soit moins qu’en 2019, moins que la moyenne depuis 30 ans. Ce n’est donc pas la cause de la résurgence brutale de l’inflation depuis deux ans. Cette cause, ce n’est pas seulement la mauvaise répartition des richesses, c’est d’abord et avant tout la mauvaise façon, capitaliste, de produire des richesses.

Les banques centrales, depuis 2007, ont usé de leur pouvoir de création monétaire pour déverser des milliers de milliards de dollars sur les marchés financiers et sur les banques. Comme cet argent a servi prioritairement à faire gonfler le prix des actifs financiers et immobiliers, et non à créer des emplois et à améliorer les qualifications des travailleurs, la création de richesses n’a pas suivi l’augmentation de l’argent en circulation. À la fin de 2006, dans les cinquante principales économies du monde, avec 100 dollars de crédit on dégageait 48 dollars de PIB. Fin 2020, on n’en avait plus que 34 dollars. La dégradation est encore plus forte en France. Depuis deux ans, l’insuffisance de l’« offre » au regard d’une « demande » pourtant faible en ce qui concerne les salaires, les pensions et les services publics a engendré une explosion de la hausse des prix à la consommation.

Pour casser l’inflation, les banques centrales ont durci leurs politiques monétaires. Cela va affaiblir la création de richesses, et donc accentuer le problème : les banques centrales déversent moins d’argent sur les banques et les marchés financiers, mais l’activité économique dans le monde a fortement ralenti, et la zone euro est au bord de la récession, alors que l’inflation reste forte.

Au nom du « plein emploi », Macron va aggraver en réalité la crise du marché du travail qui fait qu’une personne sur 6 en âge de travailler est touchée par le chômage ou le sous-emploi, et que des millions d’autres n’ont pas les moyens de travailler efficacement faute d’un accès suffisant aux formations et faute de reconnaissance des qualifications dans les salaires et dans les conditions de travail.

C’est tout le contraire qu’il faut faire : s’attaquer au pouvoir du capital, là où se forment les prix et là où se détruisent les emplois : dans les entreprises, dans les décisions qui portent sur l’utilisation de l’argent. C’est la meilleure façon de décrédibiliser la démagogie du Rassemblement national lorsqu’il n’hésite pas à parler d’augmenter les salaires en diminuant les cotisations sociales, tout en refusant d’augmenter le SMIC car pour les fascistes le pouvoir du chef d’entreprise est sacré !

Nourrissons donc les luttes de notre projet communiste.

Mobilisons, comme y appelle le rapport, pour que les richesses nécessaires à l’augmentation des salaires soient créées, grâce à une sécurisation des emplois et des formations.

Mobilisons pour que les CSE soient dotés d’un pouvoir de contre-propositions pour augmenter la création de richesses et non la rentabilité pour les actionnaires et les financiers.

Mobilisons pour que des conférences locales, régionales et nationale, réunissant toutes les forces économiques et sociales, mettent au pied du mur les grands groupes, les banques, en exigeant qu’ils s’engagent dans une transformation productive et écologique, avec des objectifs précis, chiffrés, en matière d’emploi, de formation, et de développement des services publics.

Mobilisons pour que les projets de création de richesses dans les territoires, de développement des services publics, soient financés par la Caisse des Dépôts et par BPI France, et que ces organismes se refinancent auprès de la BCE, via la Banque de France, préfigurant la constitution d’un Fonds de développement économique, social et écologique européen.

Mettons à profit les élections européennes pour mettre ces perspectives en avant, et aider ainsi notre peuple à conjurer la catastrophe imminente.

Jean-Marc Durand.

Je partage le rapport d’Igor mais j’y ajouterai un considérant que je tire des discussions qui se sont tenues dans mon département lors de l’AG de rentrée des communistes de la Drôme. Il faut être à l’offensive, il faut un parti visible sur le terrain, aux entreprises et dans les quartiers, avec des initiatives précises, visibles et sur la durée.

Je pense que deux batailles sont au cœur de cette rentrée. Le pouvoir d’achat et les services publics. Le pouvoir d’achat avec en son cœur l’augmentation des salaires et des pensions, c’est une exigence pour que des millions de familles vivent mieux. Mais réponde à la question du pouvoir d’achat nécessite d’aller plus loin que la seule meilleure répartition de la richesse, surtout dans une période où celle-ci a tendance à se réduire avec la récession qui frappe à nos portes et qui est déjà bien installée en Europe.

Il s’agit en effet non seulement de répartir différemment le gâteau mais de l’augmenter. Et pour l’augmenter il faut créer des emplois avec l’enjeu considérable de la formation et des qualifications pour répondre aux exigences technologiques et démocratiques. C’est ainsi que pourra redémarrer la croissance, une croissance sur des bases saines, c’est-à-dire dont l’objectif est la satisfaction des besoins humains, la réponse au défi climatique, ce qui suppose entre-autre, une nouvelle industrialisation pour de nouvelles productions.

La seconde bataille est celles pour les services publics avec trois questions centrales, l’énergie, la santé, l’éducation nationale. C’est d’autant plus d’actualité que ces trois questions sont au cœur des enjeux du développement humain. Quelques exemples. En Drôme, le syndicat d’irrigation a vu sa facture d’électricité augmenter de 816% en 2 ans. Comment une telle augmentation ne pourrait-elle pas avoir de répercussion sur le prix de vente des fruits et des légumes ? En matière de santé, le projet régional de santé paru dernièrement en AURA, consacre en l’aggravant, la dérive vers le privé de la santé en ne laissant au public que les missions basiques. S’agissant de l’école, la dévitalisation des enseignements s’ajoute au manque criant de moyens, notamment humains.

J’attire de ce point de vue l’attention sur la préparation du budget 2024. 15 milliards d’euros d’économies, devront être réalisés. Soit une réduction de 15 milliards de la dépense publique donc autant en moins pour les services publics déjà en grandes difficultés en même temps que pour les communes. Cela constitue aussi une attaque frontale contre le pouvoir d’achat participant d’un appauvrissement de la population et d’une sorte de tiers-mondisation de certains territoires. Et comment, s’agissant des communes, s’étonner de l’augmentation de la TF ! Tout cela était prévisible à partir du moment où ont été supprimées deux taxes : la TP et la TH qui constituaient un volet important des recettes fiscales des collectivités. De nouvelles contributions des entreprises et des personnes sont nécessaires pour les collectivités locales qui sont un des espaces où est offert un maximum de services à la population comme aux entreprises. Ce n’est pas en allant dans le sens du toujours moins à tous les niveaux qu’on se sortira des impasses actuelles !

La période de la préparation du budget 2024 doit être pour nous l’occasion de mettre en avant nos propositions pour une nouvelle fiscalité des entreprises et des personnes, locale et nationale avec l’objectif de favoriser les revenus du travail et de combattre la rente. Elle sera ainsi un élément de la relance par une réorientation de l’utilisation de l’argent en faveur des hommes et du climat en sortant de l’empilage des taxes vertes qui grèvent toujours plus lourdement le budget des familles particulièrement de celles aux revenus moyens et modestes.

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