Conseil National

Conseil national du 1er juillet 2023 Intervention sur les orientations européennes et sur les candidatures

Denis Durand , Jean Marc Durand, Evelyne Ternant. Fréderic Boccara

Denis Durand: Intervention sur les orientations européennes

La marque de fabrique de l’extrême-droite – même si elle n’est pas la seule à user de ce procédé – consiste à opposer entre elles les catégories de la population atteintes, à un titre ou à un autre, par la crise sociale, par la dévitalisation systématique des services publics, engendrés par les politiques néolibérales décidées par les gouvernements sous l’aiguillon des marchés financiers et de la BCE.

Cela rend encore plus vitale, pour organiser la résistance, la présence et l’affirmation du PCF avec, en particulier, une liste aux élections européennes porteuse de notre projet de société.

On savait que les crises enchevêtrées qui travaillent notre société provoqueraient des convulsions plus ou moins violentes. Nous sommes en train de vivre une de ces convulsions, sans savoir où elle va nous conduire. Ce qu’on a de plus en plus de raisons de craindre, c’est que l’émotion suscitée par le meurtre d’un adolescent par un policier ait finalement pour effet monstrueux, faute d’une gauche à la hauteur des circonstances, d’accélérer la marche vers une prise du pouvoir d’État par les fascistes. Un processus dont la classe dirigeante semble s’accommoder, comme en témoignent, depuis un certain temps déjà, les signaux donnés par Macron pour dédouaner le Rassemblement national de son héritage pétainiste, par exemple.

Notre force est de pouvoir leur dire que toutes et tous ont un même adversaire : le capital.

Et donc, pour que chacune et chacun d’entre nous cesse d’être dépossédé du pouvoir sur notre sa vie par les décisions de quelques milliers de traders et de dirigeants de multinationales, l’alternative est donc de conquérir, dans les luttes, quelque chose qui n’a jamais existé, à savoir une souveraineté populaire, démocratique, s’exerçant dans tous les lieux où s’exerce le pouvoir du capital, ce pouvoir de décider de l’utilisation de l’argent des entreprises, de l’argent des banques et de l’argent public comme levier sur les deux précédents.

Le texte qui nous est proposé est-il porteur de cette alternative ? La « France forte » qu’il préconise est identifiée à une énumération de « souverainetés » – politique, industrielle, agricole et alimentaire, commerciale, énergétique – qu’il s’agirait de reprendre ou de recouvrer. Il s’agit donc de la souveraineté de l’État national, et non de celle du peuple, qui n’a jamais été exercée sauf en de brefs moments révolutionnaires.

En somme, le texte fait d’un retour à une souveraineté de l’État national le moyen ou « la clé » d’une construction européenne visant des buts sociaux, écologiques et démocratiques, alors que ce qui est à l’ordre du jour c’est l’inverse : l’ouverture d’un chemin pour construire une souveraineté populaire, non étatique, depuis la mise en cause de la logique capitaliste dans l’entreprise avec de nouveaux critères de gestion, jusqu’à la participation active de l’Europe à une mise en cause de l’hégémonie monétaire américaine. En passant par le développement de nouveaux services publics, construits à partir du pouvoir de leurs agents et de leurs usagers.

C’est ce qui fait le caractère stratégique de la bataille pour un financement monétaire, par la BCE, d’un fonds de développement économique, social et écologique européen. Avant même tout changement des traités européens actuels, cette bataille peut être menée à partir de tout projet de développement des services publics démocratiquement élaboré, depuis le niveau local (par exemple la rénovation d’une école primaire), jusqu’au niveau national ou européen, (par exemple pour l’enjeu gigantesque du fret ferroviaire).

La logique générale du texte qui nous est proposé n’aide donc pas à dépasser la vieille conception étatiste et réformiste selon laquelle une politique de gauche consisterait, au fond, à revenir au capitalisme monopoliste d’État social des années 60, et dont le demi-siècle qui vient de s’écouler a démontré l’échec. Or, cette régénération d’une perspective à gauche est un enjeu majeur de ces élections européennes. C’est pourquoi le débat doit continuer sur cette orientation, en préalable au choix des camarades appelés à la porter.

Denis durand: Intervention sur les candidatures

Je remercie Ian d’être intervenu pour défendre la logique du texte d’orientation sur les élections européennes, comme Léon aurait pu le faire dans son intervention précédente.

Ian nous dit que les institutions européennes sont une machine de guerre pour imposer le néolibéralisme et l’austérité, que pour cette raison les peuples les rejettent, et que par conséquent il serait vain de mener une bataille pour changer la construction européenne.

Les peuples en effet rejettent à juste titre la construction actuelle ; mais ils sont conscients, tout autant, qu’une coopération européenne est nécessaire. Sinon, ils seraient favorables à une sortie de l’euro, et on sait que ce n’est pas le cas.

En réalité, cette construction est en crise : les choses ne peuvent plus continuer ainsi, les dirigeants européens eux-mêmes, instruits par toutes les remises en cause que les crises leur ont imposées depuis 2008, le savent. Donc, la construction européenne actuelle est vulnérable, elle va devoir changer.

Et c’est le moment que nous choisirions pour proclamer notre impuissance, pour nous retirer du champ de bataille ? Ce serait incompréhensible. On ne changera pas le monde sans changer l’Europe ! Notre projet communiste, adopté au 39ème congrès, propose un chemin pour le faire.

C’est pourquoi je salue l’esprit de responsabilité qui a conduit Frédéric Boccara à présenter sa candidature pour mener une liste porteuse de ce projet.

Intervention Jean-Marc Durand.

  1. Intervention générale

Dans un monde, une Europe, une France et une société où les repères ont volé en éclat, où le niveau de conscience politique et idéologique a reculé sous les coups de boutoirs des forces capitalistes et néolibérales auxquels a cédé, voire qu’a accompagné la gauche dans sa forme sociale-libérale comme dans sa version social-populiste, tout invite à une intervention communiste structurée, ouverte et révolutionnaire. Il faut sortir des sentiers battus de l’idéologie dominante y compris lorsqu’elle se pare d’un habit protecteur et charitable.

Les derniers événements que ce soit au plan international ou national, nous invite avec encore plus de force à faire preuve de novation dans notre démarche, notre fonctionnement, nos idées, notre projet communiste.

En France la mort, l’assassinat de Nahel occupent aujourd’hui l’actualité. Ce drame pose des questions politiques d’ordre fondamental. Il renvoie à tout ce qu’a été le traitement de ce qu’on appelle les quartiers depuis le second mandat Mitterrand où on a cru qu’en faisant venir les grands frères on allait maintenir la paix sociale plutôt que de prendre à bras le corps les questions d’éducation, de formation, d’emplois, de culture, de loisirs, bref de développement des services publics. Certes on ne peut accepter la violence mais il est urgent d’engager une vraie revitalisation de ces quartiers, du vivre ensemble, de la république et cela signifie d’y consacrer les moyens pour éduquer, former, développer des emplois et les services publics, ce qui pose de façon de plus en plus évidente les enjeux d’une autre utilisation de l’argent.

Tant est si bien qu’aujourd’hui on se retrouve dans une situation où tout le monde instrumentalise tout le monde car la colère sociale qui s’exprime, faute d’issues transformatrices et émancipatrices, est dévoyée, instrumentalisée par les extrêmes de tout poil et y compris par le gouvernement… Un gouvernement qui dans le même temps serre les boulons sécuritaires, sociaux et budgétaires. Ainsi, au motif de traiter la dette, il s’apprête à réduire de façon drastique la dépense publique et sociale donc la réponse aux besoins sociaux et annihile toute possibilité de relance de la croissance. Après l’assurance chômage, la retraite, il poursuit et accélère son soutien au capital en déversant au prétexte de reconquête industrielle, des milliards pour le capital alors que le bradage industriel du pays continue via délocalisations et ventes à des fonds d’investissements notamment américains. Deux cas récents en Drôme, les entreprises Clergerie et Refresco en sont la triste démonstration.

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2) Débat sur l’Europe

Au plan mondial, les récents évènements en Russie montrent à quel point la scène internationale est mouvante et instable même si le pouvoir russe sait retomber sur ses pieds. Dans ce contexte, l’Europe apparaît de plus en plus ballotée au gré des intérêts US et de la montée en puissance de la militarisation de ses principales composantes alors que son économie se dégrade, que le social est sabré et que les services passent à la trappe.

L’heure est à l’entrée en scène des peuples européens. L’heure est à la construction d’une souveraineté populaire dans l’UE et ses pays membres, pour le social, l’écologie, la paix c’est-à-dire, à la prise de contrôle et à des pouvoirs sur l’argent, son utilisation et en premier lieu sur la BCE dont les choix récents en matière de taux génèrent l’inflation et poussent ainsi pays et peuples dans un grave cycle de récession. Plutôt que jouer les supplétifs du dollar, la BCE et l’euro doivent financer le développement des services publics, aider aux coopérations entre pays plutôt que de les mettre en concurrence comme ce qui se passe avec le fret SNCF et l’ouverture des lignes à la concurrence qui n’ont pour objectif que de créer deux ou trois groupes supranationaux qui régneront sur toutes les lignes d’Europe. Plutôt que d’encourager le dumping fiscal, il faut ouvrir la voie à une véritable harmonisation fiscale pour lutter contre les paradis fiscaux, l’évasion fiscale et les délocalisations.

Tout cela montre à quel point l’Europe a besoin d’un projet alternatif fort, dégagé des logiques fédéralistes comme des replis identitaires et souverainistes qui au lieu de protéger les peuples exacerbent les tensions et les fragilisent. Les deux en tout cas semblent convenir au capital, lui qui s’accommode des situations en Autriche, en Hongrie, en Pologne et des évolutions en Italie, en Grèce, en Espagne, s’apprêtant d’ailleurs à soutenir cette voie en France même. Et n’oublions jamais que ce sont les présidents et premiers ministres de chaque pays de l’UE qui dirigent cette institution et qui en font un super instrument au service du capital.

D’où le besoin urgent pour nous parti communiste, à partir des orientations que nous avons voté au 39ème congrès de nous saisir de l’échéance des élections européennes pour ouvrir une voie qui propose une tout autre construction. Une construction qui s’appuie sur les luttes et les mobilisations pour faire monter l’exigence d’une autre utilisation de l’argent. Toutes les conquêtes en ce sens seront des tremplins pour mettre en cause l’austérité budgétaire et avancer vers la construction de nouveaux traités. Cela suppose bien au-delà de l’aspect médiatique de venir sur le fond des enjeux avec des propositions à la fois radicales et réalistes fondant l’originalité de notre projet et de notre candidature. Et c’est autour de cela que pourra se créer un espoir nouveau et donc un rassemblement électoral et de lutte qui participe à renforcer notre position politique dans le pays et notre représentativité au parlement européen. En ce sens la candidature de Frédéric Boccara ferait œuvre utile pour le parti.

Enfin je veux mettre l’accent sur le fait que cette élection aura d’importantes conséquences pour nous, notamment pour les municipales qui vont suivre et aussi la présidentielle. Si de cette élection qui est une des plus dures traditionnellement pour nous, nous sortons renforcés nous serons à coup sûr dans un rapport de force différent au moment des négociations pour la construction des futures listes municipales.

Evelyne Ternant : Sur le texte d’orientation

Nous avons aujourd’hui plus qu’un travail d’amendement sur un texte : c’est un vrai débat d’orientation de notre campagne des élections Européennes, d’autant plus nécessaire que nous n’avons jamais fait le bilan de la précédente, ses points forts mais aussi des faiblesses.
Le texte a évolué avec discussion du CEN et intégré des amendements, dont les miens, dont je remercie Vincent, mais il reste cependant marqué par une inflexion de la ligne politique tenue jusqu’à présent sur l’Europe.
Deux remarques à ce sujet :
1-La première, c’est qu’il opère un décentrement de l’Europe vers la France : le sujet principal est devenu le rapport de la France à l’Europe, qui prévaut sur ce qui a été la problématique centrale jusqu’à présent, à savoir : « quelle construction européenne voulons-vous pour répondre aux défis des crises actuelles ?» Des crises qui sont mondiales et à dimension multiple : économique, financière, sanitaire ou écologique ».
Ce glissement s’accompagne d’idées implicites :
1- D’abord le fait que l’Europe ne serait qu’un problème, et pas le lieu de solutions, qui sont certes empêchées d’exister par son orientation actuelle, mais sont un potentiel à conquérir.
Oui, il n’y a pas de solutions aux crises que nous traversons sans une autre Europe 
:
-qu’il s’agisse du changement dans les institutions internationales pour un ordre mondial solidaire, avec une monnaie mondiale émancipée du dollar,
– qu’il s’agisse de la paix et de la sécurité collective qui suppose d’échapper à cette alliance de l’OTAN, parce qu’elle contribue aux tensions internationales en défendant pied à pied les intérêts impérialistes, avant tout nord -américains,
– qu’il s‘agisse du climat et de la transition énergétique, auxquels s ‘opposent les choix actuels d’importation massive de Gaz de schiste américain en Europe. L’ efficacité du combat contre le réchauffement climatique ne se jouera pas à l’échelle nationale, mais à des échelles géographiques plus larges.
Si on prend l’exemple de la désindustrialisation, face au plan américain IRA (Inflation Reduction Act) qui finance massivement « l’industrie verte », grâce au privilège monétaire du dollar, et exerce un effet d’attraction énorme des investissements de toute l’Europe, il est clair que la riposte efficace ne pourrait être qu’européenne, sous condition d’autres modalités de financement que le marchés financiers et d’exigences sur le stratégies de multinationales.
Le texte devrait mieux prendre en compte ces interdépendances puissantes.


2- Le thème de la souveraineté est utilisé d’une façon qui entretient des ambiguïtés par rapport au souverainisme national : associé à l’expression «Une France libre et forte», il situe la souveraineté à l’échelle géographique du pays, ce qui efface le rapport de classe et les responsabilités politiques des gouvernements.
Car tout de même, c’est en pleine souveraineté que les gouvernements français, de droite comme de gauche, ont soutenu l’orientation néolibérale de la construction européenne, contre le choix du peuple français en 2005.
C’est souverainement que les dirigeants capitalistes français, dans une tradition de capitalisme de rente qui a toujours caractérisé le capitalisme français, continuent à délocaliser massivement l’industrie. Le problème n’est donc pas la souveraineté de la France, mais la souveraineté populaire, démocratique sur les décisions stratégiques, à toutes les échelles, locale, nationale européenne et mondiale : et elle suppose une souveraineté pleine et entière sur l’utilisation de l’argent dans les entreprises et les territoires.
Gardons- nous de toute tentation de triangulation sur l’idéologie nationaliste, car même accompagnée du discours progressiste, elle donnerait du poids, en dépit de notre volonté à une vision qui n’est pas celle d’un monde de coopérations et solidaire.
Ne dévions pas de ce qui a été construit depuis la bataille contre le TCE de 2005 et qui nous a différenciés du NON de droite et d’extrême droite, et mettons en avant notre projet d’une autre Europe pour un autre monde au service de la paix, des défis sociaux et écologiques.

Evelyne Ternant Intervention sur les candidatures de « chef de file »

Nous avons deux candidatures pour la tête de liste aux européennes, de deux dirigeants nationaux du parti, tous deux membres du CEN. Ce n’est pas un drame, c’est conforme à l’esprit et à la lettre de nos statuts : et pourtant elles n’ont pas été traitées jusqu’à présent à égalité de droits, depuis le premier jour de l’appel à candidatures. A la manière dont la procédure s’est déroulée, il y a eu une candidature officialisée en interne et vis-à-vis de la presse, avant même que le CEN en ait discuté et que l’instance statutaire qui est le CN ait voté.
Il n’y a pas eu un fonctionnement démocratique normal sur cette question des candidatures. Nous devrions prendre l’engagement que cela ne se reproduise plus.
Je suis vraiment heurtée par ce qui s’est passé, parce que ce que la légitimité de la candidature de Frédéric Boccara a été déniée.
Il a été dit : « le choix de la tête de liste ne doit pas être fonction d’un courant de pensée ». Mais nous ne sommes pas dans des débats de courants de pensée, nous sommes dans un débat d’orientation de la campagne des Européennes, et l’intervention que vient de faire Yann Brossat, avec laquelle je suis en désaccord sur le fond, le montre bien.
Le choix de la tête de liste doit aussi tenir compte de la nature de l’élection : l’élection européenne est difficile en soi, et particulièrement pour nous. Elle mobilise principalement les catégories moyennes et politisées de l’électorat, très peu l’électorat populaire, hormis celui du RN. Les effets d’image sur le renouvellement ou la jeunesse risquent de n’avoir que peu d’influence sur les votes. Il serait illusoire de voir se lever en masse le vote des jeunes du seul fait qu’on présenterait un jeune candidat ; d’ailleurs il y a des « vieux » comme Bernie Sanders ou Mélenchon qui ont attiré le vote jeune !
Je soutiens la candidature de Frédéric Boccara pour l’autorité et la solidité que lui donnent un travail politique sur la durée et de fortes convictions sur le projet communiste pour l’Europe. Sa réflexion approfondie sur les enjeux européens et mondiaux, le réseau dense des relations nouées au cours des luttes dans l’industrie ( Renault, Alstom, General Electric, …), dans la santé, ou au CESE dans des initiatives collectives sur l’écologie ou le financement des PME, sont un gage de solidité pour notre campagne, tant sur le fond que sur l’approche concrète des enjeux européens, telle que la vit le salariat.
On ne peut pas dissocier le choix de la tête de liste du contenu de la campagne, qui ne sera pas exclusivement déterminée par le texte d’orientation, d’autant plus qu’il y a débat à son sujet. La personnalité du candidat compte, elle donnera une tonalité, une coloration à la campagne, et pour cette élection européenne, ma conviction est que nous avons besoin d’une candidature dont l’expérience militante et politique fasse autorité dans le débat public.

Frédéric Boccara: trois interventions.

Intervention 1

Les européennes sont un enjeu très important pour donner à voir l’originalité communiste, notre projet mais aussi parce que les politiques européennes ont des effets très concrets : inflation attisée par la BCE, attaque contre les services publics (fret ferroviaire mis en cause par la commission européenne), austérité. Elles sont d’autant plus importantes que nous avons besoin de règles et d’institutions entre pays européens pour coopérer, pour financer ces coopérations et s’attaquer aux enjeux majeurs (climat, emploi, nouvelle industrialisation, culture, autre monde et autres relations avec le « sud global ») et non pas de règles de concurrence libre et non faussée.

Ce ne sera pas et ne doit pas être pour nous une bataille réduite à une bataille « d’image », mais une bataille de contenu précis et mobilisateur.

Il est d’autant plus nécessaire d’y avoir un candidat communiste que c’est une élection à la proportionnelle, dernière élection nationale avant les élections présidentielles, que la gauche est donnée avec plus de députés si les formations de la Nupes y vont séparément. Enfin, nous avons besoin de députés qui dévoilent, qui construisent des majorités partielles sur des sujets précis, qui sont un relais des luttes, mobilisent et aident les travailleurs à se rencontrer, se concerter.

L’originalité communiste sur l’Europe, nous venons de la réaffirmer à notre congrès : « une Europe union des peuples et des nations libres et solidaires, reposant sur la mise en commun des forces et des potentiels des différents pays qui la composent au service d’un modèle de progrès social, écologique, partagé, solidaire, d’émancipation démocratique, de coopération, de paix et de co-développement ».

Notre originalité c’est aussi d’avoir une vision radicale tout en proposant un chemin pour y arriver.

L’entrée par « le social » est fondamental : nous voulons conquérir des pouvoirs sur l’argent, pour développer les services publics, les coopérations et récuser la concurrence libre et non faussée. Ceci aussi bien au sein de l’UE qu’avec le monde. Nous voulons une souveraineté populaire sur l’argent pour d’autres buts sociaux que l’Europe actuelle. C’est ce qui nous oppose au souverainisme, idée de droite, qui prétend qu’il faut avant tout un « Etat fort », qui sera au service du capital, et fait croire qu’il faudrait avant tout s’entendre avec notre bourgeoisie nationale !

C’est aussi mener la bataille face à E. Macron et ses projets de fédéralisme renforcé accompagnés d’une austérité très dure pour le social et l’emploi, d’un appui financier accéléré au capital et au tournant vers une « économie de guerre », tout en « faisant de la mousse » sur l’écologie et la réindustrialisation.

Enfin, il faut voir à quel point l’UE est en crise, à la fois les pays qui la composent et la construction européenne. Est donc à l’ordre du jour une remise à plat de ses règles. Au contraire de celles et ceux qui veulent désespérer, disant qu’il n’y aurait rien à faire rien à gagner, nous pouvons porter le fer et faire monter nos idées et avons une opportunité de mettre en cause de façon populaire le cœur financer la construction européenne, à savoir la BCE, sa politique et ses critères qui appuient le capital contre le social et l’écologie.

Le texte que nous discutons doit donc porter ces enjeux dès l’entrée : c’est une bataille sociale de fond, pas une bataille de souveraineté nationale, mas de souveraineté populaire sur l’argent et sur les buts de son utilisation. C’est donc une erreur à la fois tactique (il ne s’agit pas d’élections présidentielles) et de fond que de prétendre que pour changer l’Europe il faut avant tout une « France libre », ou une « France forte et libre ». Ce serait fuir la bataille sur l’argent et sur le social. Changer l’Europe est notre projet. La résistance, la mobilisation et des propositions structurantes précises sont notre chemin, telles celle d’un Fonds européen démocratique et social pour les services publics, alimenté par la création monétaire de la BCE. Il est grand temps de la porter de façon populaire.

Je propose donc comme titre « Changer l’Europe pour répondre aux urgences sociales, climatiques, de paix et pour unmonde de partage », ainsi qu’un certain nmobre d’amendements.

Intervention numéro 2

Dans la continuité des combats que j’ai pu mener pour l’industrie et l’emploi, avec les Alstom et les General Electric, pour les services publics, pour un autre rôle de la BCE, pour la Grèce et contre l’austérité ; dans la continuité de mon engagement dans le parti de la gauche européenne, et du travail militant et intellectuel pour une tout autre mondialisation (en Chine, à Cuba ou au Brésil), je suis disponible pour être candidat à cette élection et conduire une campagne collective, avec un binôme à parité. Avec Hélène Bidard, Léon Deffontaines, des syndicalistes, comme Didier Le Reste, et d’autres candidats exprimant toute la richesse et la diversité humaine et géographique des femmes et des hommes qui composent notre parti, nous pourrons mener une campagne dynamique et engagée, porteuse d’espoir et d’idées.

Nous avons en effet besoin qu’un.e communiste soit tête d’une liste de rassemblement pour ces élections. Une liste ouverte à nos alliés politiques ainsi qu’à des personnalités du monde culturel, associatif, féministe et des intellectuel.le.s.

Cette bataille va être rude et exiger de bien conjuguer combat « contre » l’Europe néo-libérale actuelle et « pour » une autre Europe. Elle va exiger de conjuguer bataille pour la souveraineté des peuples, luttes nationales, et projet pour l’Europe. Elle prend place à la sortie d’une intense mobilisation sociale sur les retraites, mais aussi à travers l’UE sur les salaires, au moment où se profile un nouveau tour de vis ultra-austéritaire, répressif et une possible crise financière.

S’engage une nouvelle étape d’austérité, Macron se cache derrière l’Europe pour l’entamer et mobiliser pour le grand capital, récupérer l’aspiration écologique et à un autre monde.

Entrer par le social, conquête de pouvoir sur l’argent. Afficher la couleur sur la BCE.

La campagne se déroulera au moment où l’entremêlement des crises ― écologique, civilisationnelle, d’identités, et bien sûr sociale et économique ― amène une crise de la construction européenne et l’ouverture d’un débat dans l’UE sur de nouvelles règles et traités. L’Union Européenne vit aussi une crise démocratique et de représentation, accompagnée d’une exaspération sociale sur laquelle prospèrent toutes les extrêmes-droites.

L’UE alimente ces crises. Les décisions de la BCE sont en train de la plonger en récession. UE elle-même en crise. Changement de ses règles est à l’ordre du jour.

La colère grandit ― emploi, services publics, pouvoir d’achat, industrie, délocalisations, concurrence anti-sociale avec Est, guerre ― Cette colère ne doit pas être stérilisée, ni déviée. Elle peut se transformer en force pour changer l’Europe. N’écoutons pas les sirènes du découragement et du nationalisme, qui nous disent qu’on ne peut rien faire ! Bien au contraire, les peuples, notre peuple, s’interrogent comme jamais.

Cet entremêlement des crises a conduit l’impérialisme étatsunien à se repositionner agressivement. Il contribue à fracturer le monde tandis que son dollar est de plus en plus mis en cause. Il y a absolument besoin d’une Europe non alignée et pacifique et l’Europe, comme la France, pourrait être un pivot avec le « sud global » où vit à présent la majorité de l’humanité.

Cette campagne est aussi une opportunité pour poursuivre la bataille politique engagée dans le pays depuis la réorientation du PCF ― avec le 38ème congrès, puis la candidature de Fabien à la présidentielle ― et contribuer à installer notre projet de société dans le paysage politique et électoral.

Ni souverainisme national, qui sont les idées de droite et d’extrême-droite, ni fuir les sujets majeurs des moyens et des pouvoirs changement profond (au contraire des Verts et du PS), mais pas non plus « renverser la table » et casser à la Mélenchon, pour finir par ne pas faire grand-chose. Notre position est à la fois radicale et propose un chemin! IL ne s’agit pas de laisser à d’autres ou dans la nature les électeurs qui depuis la bataille contre le TCE, pour une autre Europe, puis le Front de Gauche ont été sensibles à ce que nous avons développé, et à la bataille pédagogique sur la BCE effectuée aux présidentielles de 2012 grâce à notre apport. L’originalité communiste c’est aussi affronter Macron sur sa récupération néolibérale des aspirations et des colères pour cacher les enjeux et orienter vers le capital.

Nous portons un projet original sur l’Europe. Un projet radical et émancipateur, de coopération ― et non de concurrence exacerbée ― de maîtrise démocratique et de mise en commun, au service d’un nouveau modèle social et écologique ambitieux. Une Europe de co-développement et non au service du marché et des profits, en phase avec l’orientation adoptée à notre 39ème congrès. Avec cette démarche nous pouvons construire des majorités sur des points importants de notre projet, comme notre proposition d’un fonds européen pour les services publics, démocratique et alimenté par la BCE.

D’où l’intérêt de députés européens, capables de s’opposer et de révéler, de mobiliser et de construire des rassemblements, voire des majorités.

Il s’agira de faire intervenir les citoyens dans la campagne, nous pourrions commencer par Belfort (Alstom et General Electric), puis des cités populaires de la région parisienne, en portant l’exigence de services publics et de recrutements-formation. Je propose d’avoir une conception de la campagne comme une bagarre sociale et populaire, dont le gain de députés communistes est une étape et un point d’appui très important.

Intervention numéro 3

Le texte a bougé.

Mais une ligne stratégique persiste qui non seulement oppose France et Europe ― alors que les deux sont traversées sur même enjeu, la domination du capital à combattre ― mais aussi donne à croire que nous ne pourrions rien faire. Nous avons d’ailleurs entendu Ian le dire quasiment ainsi hier. Ce serait en outre un virage à 90° vis à vs de notre électorat et des militants progressistes sur lesquels nous devons nous appuyer.

L’entrée par « une France libre » n’emmène pas la bataille où il faudrait, alors que la question est : d’autres principes, d’autres règmes.

Nous devons imposer une « entrée par le social », dans la bataille européenne. Notre texte doit donc le refléter : conquérir des pouvoirs sur l’argent pour d’autres coopérations, pour une nouvelle industrialisation, pour développer les services publics, pour l’emploi, le climat et la protection sociale et porter l’enjeu d’un autre monde.

On dit « c’est difficile » ? Mais c’est un processus politique. Une bataille. Il faut la commencer. IL y a un sens à donner celui d’une autre Europe avec un but et un chemin.
Notre proposition de Fonds européen est structurante. Elle doit avoir une place structurante dans la campagne (et donc dans le texte), contrairement à la campagne européenne précédente. IL est très important de la faire connaître à l’appui des luttes, contre les désespérances et pour combattre le souverainisme, illusion mortelle qui nourrit les nationalismes et détourne du combat face au capital comme de l’unité populaire nécessaire à travers l’Europe, et même le monde, pour d’autres pouvoirs et d’autres buts.

Il reste donc un problème d’équilibre politique et d’orientation du texte. Mais comme il y a eu des amendements et, surtout, comme je fais confiance au débat des communistes pour l’amender, je m’abstiendrai.

1 comment on “Conseil national du 1er juillet 2023 Intervention sur les orientations européennes et sur les candidatures

  1. Des propositions intéressantes mais à discuter avec nos partenaires de la gauche et de l’écologie pour savoir s’ il est possible de construire un avant projet en commun , ce qui pourrait nous permettre de construire une représentatiion de courants de pensée qui veulent en finir avec ce libéralisme destructeur de ” l’Europe actuelle” mettant en compétition les peuples pour l’accès à des parts de marché au détriment de la solidarité et du progrès social
    2 options à définir : une liste restreinte communiste ou un accord sur un projet social, écologique favorisant la recherche , le progrès et des services publics efficaces dans les secteurs essentiels : école, moyens de vivre décemment, énergie à sortir de la loi du marché, transports au service des populations nécessitant des choix judicieux pour limiter le réchauffement climatique et une agriculture non intensive, des choix pour la santé et la défense de l’ hôpital public….et bien d’autres éléments qui font la vie …salaires, fiscalité plus juste, imposition forte des super profits….

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