Le Comité National du PCF qui se tient les 1er et 2 juillet doit débattre des élections européennes : Le PCF doit-il avoir sa propre liste de rassemblement ? Quelle orientation politique avec quel projet politique ? Quels axes de construction d’une liste autonome, communiste et de rassemblement, élargie à des représentants des forces progressistes.
Quant à la tête de liste, une lettre de Pierre Lacaze responsable des élections pour le parti a été envoyée aux communistes pour inviter à se faire connaître si elles ou ils désiraient être sur la liste voire être tête de liste. Ce débat est encours dans les sections et les Fédérations du PCF et va nécessiter encore plusieurs heures, jours et semaines d’échanges. Les communistes décideront eux-mêmes de leurs réponses avec une conférence nationale qui se tient à l’automne.
Le prochain CN de juillet devrait faire connaître aux communistes l’opinion de la direction nationale sur l’ensemble de ces questions politiques. Ce qui est normal. Pour se faire deux CEN en ont débattue.
Pourtant alors que rien n’est décidé, la presse fait écho au positionnement du parti communiste pour ses élections européennes et sa future tête de liste, alors que la lettre de Pierre Lacaze faisant appel à candidature arrive tout juste dans les mains des communistes. Comment cela est-il possible ?
Pierre Pirrottina des Bouches du Rhône s’interroge également. Comme beaucoup il se pose des questions : “une information pipée a été transmise à la presse concernant la tête de liste PCF à désigner lors du Conseil national des 1er et 2 juillet… quelle signification doit-on donner à cette manœuvre ? Empêcher le choix de la tête de liste en lien avec le projet ?” Sur son blog, M. Pirrottina livre ses réflexions et tente de répondre à ses questions, choqué après l’annonce par le média “France Info” : “Selon nos informations, les communistes s’apprêtent à officialiser leur tête de liste en la personne de Léon Deffontaines …”
Je rejoins pour ma part ses interrogations, moi aussi heurté par l’annonce de France Info. J’ai toujours considéré que les communistes sont toujours celles et ceux qui décident des orientations politiques, de leurs dirigeants.es, candidats-es en toute démocratie à partir du débat sur l’analyse et les réponses clairement identifiés… Le commun, le collectif, c’est la force des communistes.
L’ordre du jour du prochain conseil national du PCF est-il de désigner Léon Deffontaines comme chef de file ? Je ne le pense pas, car il y a un appel à candidature qui est ouvert, qu’il y a d’ores et déjà deux candidats connus par les fédérations du PCF. Les faits sont là, contrairement aux affirmations des médias, il y a au moins un autre candidat, Frédéric Boccara qui a répondu à la sollicitation de Pierre Lacaze ! Selon notre mode vie interne, l’information à la presse devrait être corrigée pour démontrer qu’il n’y a pas une volonté d’empêcher le choix de la tête de liste en lien avec le projet, par les communistes et que statuts du Parti Communiste sont respectés.
Quels sont les éléments politiques sous-jacents à cette annonce : le rapport présenté au Conseil Exécutif national du PCF (CEN) circule dans les fédérations, mais ce n’est pas le cas du projet de texte d’orientation pourtant discuté à un second CEN… Or dans celui-ci, il n’y a pas un mot sur les Services publics ni même sur le dollar !
A quelques jour du Comité National, il y a donc débat. Il ne faut pas taire les divergences mais au contraire les affronter, mettre sur la table et éclairer les termes du débat afin que les communistes tranchent sans pression et sans l’élimination de qui que se soit. Quelle que soit l’opinion que chacun peut avoir sur les candidatures comme tête de liste aux européennes, il n’est pas concevable qu’il y ait un candidat dit “naturel” car suggéré par le secrétaire national, et que toute autre candidature soit considérée comme non recevable car ne convenant pas… sur le fond politique !
Ce qui est certain, c’est que la tentation d’une campagne “souverainiste” au sens “nationaliste” du terme est défendue par certains membres de la direction, auxquels peuvent se joindre les pro-sorties de l’euro, voire ceux qui ont défendu la position thatcherienne “I want my money back”. Cela a amené des membres du CEN à s’opposer à cette ligne politique. Quel est le positionnement de Léon Deffontaines ? Nous n’en savons pas grand chose, ce qui est inquiétant. Par ailleurs sera t-il en mesure de résister à la pression de certains dirigeants, à supposer qu’il ne partage pas cette attraction “souverainiste”.
Alors qu’il est des plus important de mener campagne pour une “autre Europe” afin d’être en phase avec les milieux populaires et les attentes qu’ils ont et expriment, le positionnement sur le souverainisme centré sur les enjeux nationaux à faire respecter est porteur de l’illusion que la reprise de souveraineté permettrait de faire monter souveraineté industrielle, alimentaire, énergétique… Cette approche de la souveraineté est plus “nationaliste” que populaire, et est en décalage par rapport aux interdépendances économiques, monétaires, financières et écologiques.
Apparemment le texte discuté au CEN serait très défensif sur l’Europe et non porteur d’un projet offensif. Devant le “rouleau compresseur” que semble être l’Europe néolibérale actuelle, il ne faut pas le dos rond mais au contraire se placer à l’offensive avec un projet politique solide qui sera le marqueur du PCF pour les mois et années à venir. Avec le 39ème congrès nous disposons des outils pour cela. De plus, les Français et les Françaises sont nombreux à nous attendre sur ce terrain ! Ainsi des portes de sorties positives peuvent être prises au prochain Conseil national du PCF. Pour cela il faut que les communistes soient informé.e.s, débattent et tranchent sur les choix à faire.
La campagne des européennes va être violente. Pour les communistes elle doit conjuguer combat “contre” l’Europe néo-libérale actuelle et “pour” une autre Europe. Elle va aussi exiger de savoir conjuguer la bataille pour la souveraineté des peuples, luttes nationales, et projet pour une Europe en Paix.
Le PCF a besoin de candidats.es en capacité de porter et rassembler autour d’un projet de remise en cause radicale des principes néolibéraux qui guident la construction européenne. Il a besoin d’une démarche visant à construire des majorités sur des points importants de notre projet, comme notre proposition d’un fonds européen pour les services publics, démocratique et alimenté par la BCE. Il a besoin de candidats-es rassembleurs avec une liste ouverte à nos alliés politiques ainsi qu’à des personnalités du monde syndical, culturel, associatif, féministe et des intellectuel.le.s.
Le choix de la tête de liste et du projet est crucial pour porter des alternatives face au réchauffement climatique qui s’accélère, alors que la pauvreté s’étend, que la récession est là et qu’une nouvelle crise financière s’annonce ; alors que montent le rejet des étrangers, les nationalismes et les replis. Le débat sur notre projet que nous sommes les seuls à pouvoir mener est l’occasion de montrer que des issues à la crises systémiques existent et peuvent être mobilisatrices.
Un projet qui répondent à nos concitoyens qui exigent tout à la fois des réponses européennes, l’exercice de leur souveraineté populaire et désavouent l’Union Européenne néolibérale et les dirigeants nationaux qui ont persisté dans les politiques anti-démocratiques et de concurrence de tous contre tous. Ces politiques qui débouchent sur la baisse du coût du travail, la finance débridée et l’austérité budgétaire causent de grandes souffrances et alimentent la colère populaire.
Pour y répondre, il faut des candidats-es et une tête de liste qui conduisent une campagne collective offensive, convaincante et entrainante pour des mesures précises et concrètes que le projet propose pour libérer la construction européenne de sa soumission aux marchés financiers. Une liste et une tête de liste qui démontrent sans préalable au changement nécessaire des traités européens, qu’il est possible d’engager tout de suite des actions mobilisatrices pour gagner des avancées significatives commençant à transformer radicalement l’Europe néolibérale actuelle.
La parole doit être aux communistes !
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