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Les élections grecques nous obligent à penser aux transformations radicales du système économique, en commençant à dépasser le système capitaliste et ses crises systémiques. Par Michel.Pirrottina.

Cette élection grecque s'ajoute à la situation italienne. Tout indique qu'il faut prendre avec sérieux la crise durable systémique du Capital en Europe et donc en France.

En Grèce, les effets de l’austérité sont pourtant encore très vivaces pour de nombreux Grecs, pour qui les services publics ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et qui doivent composer avec un niveau de salaire parmi les plus bas d’Europe ainsi qu’une inflation importante avec près de 10 % en 2022.

Ce qui marque les élections législatives en Grèce du 21 mai 2023, ce sont les 39% d’abstention !

Cette abstention, visible en France aussi, marquent assurément le désarroi des couches populaires les plus grandes victimes de la crise économique, politique, sociale. Mais cela ne doit pas nous amener à penser que les couches populaires grecques, comme françaises, seraient dans l’apathie !

Si elles s’abstiennent c’est qu’elles n’ont pas d’espoir, pas d’alternative politique face à la radicalité de la crise systémique actuelle, avec ses conditions fondamentalement nouvelles et leurs défis mondiaux : la révolution technologique informationnelle, la progression massive des services, des entreprises multinationales hyper dominantes, les exigences de biens communs, la révolution monétaire, la crise économique majeure mondialisée.

Les électeurs de gauche semblent n’avoir pas du tout digéré et admis le retournement politique du parti de gauche SYRIZA d’Alexis Tsipras en 2015. Alors qu’il jurait qu’il se dresserait contre l’austérité, il l’a finalement accepté ! Alexis Tsipras avec le parti SYRIZA se refusant de porter un projet politique socialiste de dépassement du système capitaliste.
Pourtant entre 2010 et 2019, alors que la crise financière et économique grecque battait son plein, bouleversant le paysage politique national, les scrutins déchaînaient les passions. Et des hordes de journalistes se précipitaient vers Athènes pour prendre le pouls de la contestation dans le pays.

Les promesses de “changement” de l’ancien Premier ministre n’ont donc pas réussi à mobiliser alors que personne, en Grèce, n’a oublié que le dirigeant avait fini par céder, malgré le “non” du référendum de 2015, aux exigences de la troïka (Commission européenne, la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international), chargé d’orienter la politique économique grecque et notamment l’état des finances publiques dans un cadre ultralibéral de refinancement de la Grèce.
Dans ce contexte de crise durable et mondialisé du système capitaliste, le PASOK (Parti Socialiste Grec) sort du coin du bois et se refait ainsi une santé électorale auprès des couches moyennes.

Le parti SYRIZA a beaucoup perdu de sa radicalité depuis 2015, quand ses discours anti-impérialistes, antinéolibéraux, antiracistes, étaient tout entier tournés vers les classes populaires, ses discours ou postures lui avaient permis d’accéder au pouvoir.

Un immense malentendu a d’entrée marqué les relations entre SYRISA dirigé par Alexis Tsipras et ses électeurs : alors que le dirigeant de Gauche avait demandé en 2015 aux Grecs s’ils acceptaient les réformes voulues par la troïka en échange des programmes de soutien, et que le “non” l’avait emporté à plus de 62 %, celui-ci a finalement signé un troisième mémorandum encore plus dur qu’annoncé.

Entre 2015 et 2019, Syriza a progressivement abandonné ses positions radicales pour une politique dite plus “réaliste” faite de discipline fiscale et de réformes libérales, dans la continuité du gouvernement précédent (une coalition Nouvelle-Démocratie-Pasok).

Après la défaite aux élections législatives de 2019, le parti SYRISA s’est rangé dans l’opposition, là encore avec des positions de centre gauche – elle ne se définit d’ailleurs plus comme une “coalition de la gauche radicale” mais comme une “coalition progressiste”. Les mesures avancées par SYRIZA pour ces élections législatives illustrent cette mue stratégique : plus question de la fameuse impasse avec un “Grexit” ou un plan “B” ou une sortie de l’eurozone, mais des mesures sociales à destination des classes moyennes !

Alexis Tsipras a reconnu par ailleurs la nécessité de la barrière érigée le long de l’Evros, le fleuve à la frontière turque, pour empêcher le passage des migrants ; il n’a pas non plus remis en cause les programmes massifs d’achat de matériel militaires lancés par le gouvernement conservateur.

En ce qui concerne le KKE, le parti communiste grec, il progresse de presque 2% à 7,2%, dans une élection nationale où il a mené une campagne militante de terrain, s’adressant aux couches populaires. Le dernier meeting du KKE dans le centre d’Athènes est assez intéressant pour mesurer la force de ce parti communiste.

Mais ce qui est plus intéressant pour comprendre ce qui s’est joué ou pas pour le KKE, lors de ces élections législatives grecques, c’est de prendre connaissance du discours qu’a prononcé le 18 mai dernier, lors de ce meeting avec un rassemblement immense du KKE, le Secrétaire Général du Comité Central du KKE, Dimitris Koutsoumbas.

Indéniablement, Dimitris Koutsoumba décline un discours puissant aux intonations anti-capitalistes contre les autres partis politiques grecs qui ont été au pouvoir…

Mais de la part du KKE, nous pouvions nous attendre à un grand discours révolutionnaire qui impliquerait des transformations sociales très profondes, correspondant à une dévalorisation structurelle de capital radical, pour répondre à la surracumulation durable de la crise systèmique si nouvelle et à sa phase longue…

Nous pouvions aussi nous attendre que le Secrétaire Général du Comité Central du KKE, Dimitris Koutsoumbas, développe sur l’exarcerbation du système économique, c’est à dire du capitalisme actuel, et du système anthroponomique correspondant, c’est à dire du libéralisme, et donc de leur combinaison dans le système de la civilisation occidentalemondialisé actuel en crise radicale.

Faute de tirer tous les enseignements du socialisme développer en URSS et d’autres pays, … Faute d’aller au-delà de l’analyse de Karl Marx dans Le Capital, comme l’a développé le chercheur marxiste, Paul Boccara, selon laquelle le système capitaliste tend à exacerber la domination, non seulement des moyens matériels de production, mais des matières premières et énergétiques… Le Parti Communiste Grec, KKE, même s’il progresse, ne reste néanmoins confiné dans le rôle de force politique d’opposition critique des partis politiques de gouvernement mais ne portant nullement une alternative politique rassembleuse des couches populaires dans toute leur diversité, entre autre.
En fonction de ce qui précède, observons que la Nouvelle-Démocratie (la droite extrême grecque) obtient, malheureusement pour le peuple Grec, un résultat en hausse en voix et en sièges par rapport à 2019, ce qui lui permet d’espérer se maintenir au pouvoir à partir de stratagèmes peu démocratiques.

En effet, nous y verrons plus clair sous peu, puisque les urnes ne donnent pas de majorité aisée à construire : le PASOK n’est pas très chaud pour gouverner avec la droite (il faut dire qu’il y a peu, ça a failli le faire disparaitre), et la gauche est bien trop divisée.

Si ça se confirme : en cas d’élections anticipées, elles se feront sous une nouvelle loi électorale votée par la ND (Nouvelle-Démocratie) en 2020 qui met en place une prime majoritaire favorisant les grands partis, notamment le parti en tête. Ça motivera à dissoudre.

Si SYRIZA s’est refusé de toucher aux banques, s’est enfermé dans les négociations et, de fait, dans une guerre de principe sur les traités… mais nous, en France – avec le Front de gauche ! – nous avons notre part de responsabilité non négligeable dans la situation présente !

Même si la France ce n’est pas la Grèce. Ce résultat électoral grec doit faire réfléchir le PCF, donc tous les communistes.

Il nous faut être clairvoyant sur la stratégie actuelle de Macron au service du Capital français et européen.

Car cette élection grecque s’ajoute à la situation italienne. Tout indique qu’il faut prendre avec sérieux la crise durable systémique du Capital en Europe et donc en France. Le PCF sort d’un 39ème Congrès où il a été dégagé des orientations politiques qui nous engagent dans un projet politique socialiste autogestionnaire de dépassement du système capitaliste, rompant ainsi avec une vision de reproduction des vieilles recettes erronées du passé… Mais sa mise en œuvre n’est pas encore au rendez-vous, bien au contraire !

Au 39ème Congrès, les communistes  ont décidé de se doter d’un projet politique pour un socialisme autogestionnaire qui n’est ni pour une répartition des richesses produites comme le commande le Capital, ni une reproduction du Front Populaire de 1936 et/ou de la Libération de 1945 à 1947.

Le PCF, les communistes du XXI EME siècle veulent construire un rassemblement politique durable porté par une intervention populaire réelle, avec une vision stratégique nouvelle et révolutionnaire alliant stratégie-objectifs-contenus : droits d’interventions sur les institutions, collectivités, banques et gestions des entreprises, etc… construire ainsi une visée visée communiste pour le 21 ème siècle.

Le PCF peut et doit impulser des actions politiques à partir de ses propositions (voir nos propositions économiques…), en prenant son ancrage dans l’entreprise tout en étant présent dans les quartiers populaires.

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