« [Le communisme] est un processus qui se construit, dans un conflit permanent et multiforme avec le capital, pour arracher des réponses immédiates aux aspirations populaires. » proclame notamment à sap.36 le texte adopté par notre 39ème Congrès L’ambition communiste pour construire de nouveaux « jours heureux ».
La France connaît un mouvement social d’une longévité dont les causes et les motivations doivent être appréciées à leur juste niveau mais aussi à la lumière des contradictions qui l’animent si en tant que parti communiste, nous ambitionnons de lui proposer un débouché politique à la hauteur.
Il faut d’abord rappeler que le mouvement contre l’anti-réforme Macron/Borne des retraites s’est construit autour d’une intersyndicale dont l’unité s’est cimentée à partir du refus du report de l’âge de départ à 64 ans. Pour autant, les différentes centrales syndicales affichaient des plateformes revendicatives ayant un certain nombre de divergences importantes. Néanmoins l’avant-dernière manifestation en date comme le remarquable 1er mai renvoient bel et bien à mouvement qui, exceptionnel dans sa durée, rassemble et fédère toujours autant sur fond d’une détermination et d’un engagement intactes, militants, dirigeants et manifestants. Bref l’unité s’est construite en respectant la diversité.
Ainsi, il ressort que par-delà les désaccords, l’inscription dans la durée de l’accord unitaire entre les centrales syndicales est très intimement liée au niveau persistant de la mobilisation sociale. Les 64 ans représentant en quelque sorte la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Une grosse goutte d’eau car d’une part la question de l’âge de départ à la retraite a toujours constitué un point nodal des luttes pour les retraites, chacun et chacune percevant bien que se noue sur cette question un véritable enjeu de civilisation, de considération de chacune et de chacun non pas seulement en tant que facteur de production mais comme des êtres humains au sens plein du terme. D’autre part parce nous sortons d’une période de covid qui a fait beaucoup s’interroger sur le sens du travail, sur le sens de l’existence, avec en toile de fond l’expression d’un rejet de plus en plus profond d’un modèle de société que contribuent encore à dégrader l’ambiance guerrière, la montée de l’autoritarisme, l’inflation, la crise climatique, la casse des services publics (santé, éducation…), bref une vraie crise de système. L’appel à se retrousser les manches d’E. Macron dans son allocution du 17 avril apparaît dans ce contexte comme une exhortation à produire de plus en plus les richesses pour rien afin de venir sauver les profits du soldat capital ! Transformant « pôle emploi » en « France Travail » il exige que le pays travaille plus tout en détruisant les droits sociaux attachés à l’emploi.
Et c’est à cette logique que s’obstine à incarner le chef de l’Etat n’ayant d’ailleurs pas d’autre choix vu ses engagements fondamentaux en faveur du monde de la finance, que s’oppose au premier chef l’actuel mouvement social. Se pose dès lors la question politique de la réponse à la fois immédiate et de longue portée à donner aux aspirations populaires qui depuis trois mois alimentent et s’expriment dans le mouvement social, puisant vigueur et pérennité dans la vague montante de mise en cause généralisée des conditions de vie et de travail (salaires, emplois…).
Face à ce mouvement social qui exprime un rejet de la gestion capitaliste de l’âge des personnes et du vieillissement de nos sociétés humaines considérant l’individu comme inutile dès lors qu’il n’est plus au travail, privé de droits sociaux (formation, chômage, retraite). Seulement utile à gonfler l’armée de réserve des chômeurs pour peser sur les salaires. C’est une conception aux antipodes de celle du fondateur de la sécurité sociale, le communiste A. Croizat, appelant à ce que cette période soit un nouveau temps de la vie. L’issue est politique. Vaincre la régression sociale qu’impose les choix d’E Macron est un défi que nous pouvons relever à condition d’y opposer un véritable projet de civilisation. Et c’est là que doit s’opérer la jonction entre aspirations immédiates du mouvement social et l’apport du projet communiste, de la cohérence de sa visée transformatrice et civilisationnelle. Le mouvement des retraites ouvre la porte à une remise en cause de la rentabilité financière comme régulateur de l’économie et plus globalement de l’ensemble de la société. Saisissons-nous de cette ouverture pour avancer une alternative fondée sur un projet où le développement de chacune et chacun devient la condition du développement de tou.te.s, tant par son apport au travail, par ses productions et services, qu’hors du travail (en activité comme en retraite). C’est un projet où la formation et la sécurisation de l’emploi donne à chacun.e la possibilité de développer toujours plus ses potentiels lui permettant de dépasser l’exploitation et toutes les aliénations qu’impose le marché du travail capitaliste (chômage, précarité, caporalisme) ce qui passe par un droit nouveau d’intervention dans les gestions non seulement afin de mieux répartir les richesses mais pour décider de quelles richesses produire et dans quelles conditions, en conquérant une autre utilisation de l’argent selon des critères d’efficacité fondée sur le développement des capacités humaines et le respect de la planète.
La question majeure qui taraude, en réalité, l’ensemble des questions posées par le mouvement des retraites, et par les luttes, sociales, comme écologiques, c’est celle d’un tout autre rôle des entreprises vis-à-vis de notre société, pour un autre rôle du travail, une autre vie au travail et hors-travail et pour une tout autre production, et, avec l’apport d’une culture nouvelle, pour une vie sociale et personnelle émancipatrice. La conquête de pouvoirs sur l’entreprise, comme dans l’entreprise, à la fois par les travailleurs.ses et par les citoyen .ne.s est fondamentale. Elle exige un tout autre conditionnement de l’activité des entreprises, des décisions prises selon une autre logique, d’autres critères, une conquête à la fois culturelle et réelle de pouvoirs sur l’utilisation des moyens financiers, des aides publiques aux profits des entreprises, en passant par le crédit bancaire. Ce sont des questions politiques.
Le PCF dispose de réponses alternatives opérationnelles, sous la forme d’un ensemble de propositions d’une appropriation publique et sociale des banques et d’un certain nombre de grandes entreprises, d’institutions de planification pour des interventions concertées visant une émancipation
(voir https://www.economie-et-politique.org/category/securite-demploi-et-de-formation/)
Concernant les retraites, pour promouvoir une réforme progressiste des retraites notamment en matière de financement en soumettant les revenus financiers des entreprises et des banques à cotisation (même niveau que les salaires) et en appliquant une sur-cotisation aux entreprises qui taillent dans l’emploi, les salaires, la formation, deux propositions qui les pousse à changer leur gestion. Mais aussi plus largement, en portant un projet de Sécurité d’Emploi ou de Formation visant à révolutionner le rapport au travail et le système de pouvoirs dans les entreprises.
C’est à populariser ces réponses que les communistes doivent s’atteler au plus vite, en étudiant pour ce faire les formes les plus appropriées selon qu’ils s’adressent au plus grand nombre ou plus spécifiquement aux syndicalistes et syndiqués déjà mobilisés. Le moment, en effet, est crucial. Ou bien Le PCF parvient à organiser dès maintenant un mouvement populaire qui commence à imposer dans notre pays des modes de production et de développement en rupture avec la logique capitaliste. Ou bien le sentiment de buter indéfiniment sur des impasses conduira aux pires aventures politiques comme celles que le RN prépare patiemment en misant tout contre la personne d’Emmanuel Macron pour mieux exonérer de leurs responsabilités les détenteurs du capital dont il sait pouvoir se concilier les secteurs les plus réactionnaires.
Dans ce bras de fer, qui conditionne la capacité communiste à faire du conflit permanent et multiforme avec le capital le creuset du devenir politique de notre pays, deux questions politiques peuvent être décisives.
La première est celle de la démocratie. Posée dès le 16 mars par le 49-3 avec une acuité ravivée un mois plus tard par la décision du Conseil constitutionnel, elle investit actuellement un mouvement social exaspéré chaque jour un peu plus par les provocations verbales d’Emmanuel Macron. Si en l’occurrence nous, communistes, devons dénoncer ces atteintes à la démocratie, nous devons impérativement le faire en caractérisant l’objectif concret qu’elles poursuivent. Cet objectif consiste à remodeler au profit exclusif des capitalistes tous les compromis durement arrachés par les luttes multiformes que mènent les travailleurs depuis plus d’un siècle à travers grèves, négociations salariales, avancées juridiques dans le droit du travail, conquêtes sociales et changements politiques.
Dans le contexte d’un mouvement social qui porte en lui une véritable dimension systémique, E Macron et son gouvernement ont une nette propension à vouloir enfermer le mouvement autour du couple violence/répression et aussi de la question démocratique. Or l’histoire nous enseigne qu’il faut toujours référer la question de la démocratie à un combat de classe. Si la Constitution de la IVème République (1946), suivie en cela par celle de la Vème République (1958), a pu être ornée d’un préambule qui affirme le « Droit au travail », c’est parce que, au sortir de la Seconde guerre mondiale, la classe ouvrière avait pris sur la bourgeoisie, grandement compromise dans la collaboration avec l’occupant nazi, un ascendant politique qui s’était concrétisé par l’entrée pour la première fois de nombreux ministres communistes au gouvernement et la création, entre autres, de la Sécurité sociale. Mais depuis cette époque, au prix d’un combat permanent, la bourgeoisie n’a eu de cesse de reconquérir, dans l’incessant conflit entre capital et travail, des positions de force contre la classe ouvrière. Ainsi de l’actuelle loi sur les retraites. Et si les modalités de son adoption, promulgation y compris, constituent un déni de démocratie, c’est en tant qu’elles sont mises en œuvre contre la majorité sociologique du pays, celle qui doit vendre sa force de travail pour vivre.
Aussi cette majorité sociologique ne peut-elle poursuivre la lutte qu’elle a engagée depuis près de quatre mois qu’à la condition que ne soient pas découplées exigence démocratique et réponses de fond sur le dossier des retraites. C’est en cela que peut être décisive la question de la démocratie. Ou bien on l’intègre ici et maintenant au combat sur le terrain de l’entreprise et du travail pour contrer la politique capitaliste, ou bien on renvoie la colère accumulée aux prochaines échéances électorales et le mouvement s’étiole.
La deuxième question politique à dimension décisive est celle du rassemblement de la gauche. Son but est de proposer une alternative politique viable pour sortir du vis-à-vis Macron – Le Pen que les deux protagonistes s’ingénient à reconduire jour après jour. Or une nouveauté a surgi dans la vie politique française. Le mouvement contre l’anti-réforme des retraites y occupe la place centrale parce qu’il refuse une régression sociale voulue par les capitalistes. Cette nouveauté pose de façon novatrice les conditions d’un rassemblement de la gauche. Les forces qui la composent ne peuvent pas prétendre incarner un changement politique sans ouvrir le débat sur les solutions que sous-tend le refus de la retraite à 64 ans. Proposer un débouché à la fois crédible et radical au projet Macron suppose une alternative incarnée par un projet concret, particulièrement celui d’une bonne retraite à 60 ans à taux plein, pour toutes et tous, prenant donc en compte les années d’étude, avec un nouveau financement viable. Cela exige d’en faire un objet de lutte permanente.
Pour conclure. Ni tous les syndicalistes ni tous les manifestants, même les plus décidés à refuser l’actuelle réforme des retraites, ne se reconnaîtraient spontanément, aujourd’hui encore, comme opposants déclarés au capitalisme. C’est l’obstination du président de la République qui a soudé le bloc qu’ils ont très vite constitué au fil des semaines. Pourtant, voyant Emmanuel Macron pousser jusqu’à l’absurde son isolement politique au point de précariser son propre exercice du pouvoir, tous ont compris qu’ils ont trouvé en lui le fondé de pouvoir d’une puissance aux abois. M. Capital, pour parler comme Marx, a tellement accumulé de capital matériel et financier grâce aux énormes superprofits dont les chiffres explosent chaque fin de mois le record précédent qu’il ne peut plus trouver de rendement décent à ses propres yeux qu’en prélevant de plus en plus sur les richesses existantes au détriment des dépenses publiques et sociales. Ceci, alors qu’il détruit les capacités de production réelles. Cette obsession est désormais exacerbée par la hausse des taux des taux d’intérêts et une croissance faible. Ainsi, M. Capital fait sacrifier par ses fondés de pouvoir des régions entières, parfois des pays, des branches d’industrie entières, des contingents entiers d’ouvriers et d’employés, de techniciens et de chercheurs, jusqu’à détruire des systèmes sociaux longuement mis en place au fil des négociations et de compromis qu’il avait dû naguère consentir à celles et ceux qui lui avaient disputé les conditions dans lesquelles il absorbe leur travail. Parvenu à ses dimensions actuelles, il suffoque depuis trop longtemps dans les compromis d’autrefois.
Quelles que soient leurs convictions, leurs visions du monde, leurs aspirations collectives ou personnelles, tous les syndicalistes, tous les manifestants, mais aussi tous celles et ceux qui les soutiennent indéfectiblement sont en réalité en train de tester l’incapacité du capitalisme à répondre à leurs attentes. A nous, communistes, de les convaincre qu’ils ont la capacité de construire un autre futur en se battant dès maintenant pour des mesures sociales, économiques et financières qui s’opposent aux projets de M. Capital. Et, surtout, de rendre accessibles et claires ces mesures. A commencer par le développement de l’emploi de qualité et de la formation par tout et pour tou.te.s celles et ceux qui le souhaitent.
C’ est une excellente chose de réveiller : le https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946 et ce pour tous ses Art , en particulier le 5 . A remarquer que le Programme du CNR indiquait lui le Doit au repos à la place du devoir de travailler de 1946 ce qui en dit long sur les inflexions des réformistes et les intentions futures que le capital et ses sbires feront et n’ auront de cesse à remettre en cause les conquis issus de la Résistance contre le nazisme et de la victoire le 8 Mai 1945 . Mais la notion de classe , la bourgeoisie de classe , les capitalistes , n’ ont eu de cesse de casser ces conquis ! Et ils ne s’ en cachèrent , cachent , pas, … à la mesure de ce kessler et ses potes du CNPF/MEDEF : en indiquant leur feuille de route ; c’ est simple tout est à détruire , ( avancées ) 1945 !
Et ils ont foutu le paquet , …ayant investi tous les pouvoirs dans la République .
La république de 2023 est bourgeoise et de classe , M. Capital aux commandes l
Pour NOUS , ceux de la jungle chers à un borrel du jardin MAE de cette UE rejetée en 2005 par une écrasante Victoire balayant les sociaux – démocrates et la droite et toutes leurs coms /sondeurs , constituant par là la profonde fracture ouverte du Peuple et de son Prolétariat du fait de s’ assoir sur la Souveraineté populaire de la République !
Au moins un De Gaulle en 1969 avait eu de l’ éthique !
M. Capital nenni , rien à cirer , il est au pouvoir et NOUS le fait sentir , en sacrifice !
Pour NOUS : le Politique doit se retrouver dans les entreprises pour montrer l’ antagonisme du capital/travail , par l’ activité politique des cellules
la sécurité emploi/formation est la conquête structurante , fondamentale
la main mise de tout le secteur bancaire , assurance du prolétariat , pour les décisions et gestion , avec le gros morceau la gestion de la BCE par les forces du monde du travail !
…
Le reste est à faire …un sacré boulot …pour que M. Capital soit renversé et que le NOUS vivent , les eux ceux du -nous du jardin – se retrouvant licencier et définitivement des affaires publiques .
Ne jamais oublier de faire référence sur le niveau du salaire BRUT et salaire NET . Car à droite comme certains à gauche , ne font référence qu’au salaire NET . Pour le moment l’inter syndicale se prononce pour la retraite à 60 ans ( c’est inscrit sur les banderoles ) mais il manque le nombre d’annuités pour l’avoir à taux plein . Et c’est là , que le mouvement risque de s’éparpiller . Il faut insister sur la prise en compte des années d’études .
Il faut aller vers la suppression de la CSG , et surtout pas en la fusionnant avec l’impôt sur le revenu , comme veut faire la FI .
“Ou bien Le PCF parvient à organiser dès maintenant un mouvement populaire qui commence à imposer dans notre pays des modes de production et de développement en rupture avec la logique capitaliste. ” sommes-nous toujours l’avant garde éclairée? je pensais que nous avions dépassé cette façon de concevoir notre rôle! A partir de là, on attend que nous soignons en capacité “d’organiser” et le court terme devient???
“Concernant les retraites, pour promouvoir une réforme progressiste des retraites notamment en matière de financement en soumettant les revenus financiers des entreprises et des banques à cotisation (même niveau que les salaires) et en appliquant une sur-cotisation aux entreprises qui taillent dans l’emploi, les salaires, la formation.” propose Jean-Marc Durand. Cette proposition s’éloigne, en terme de financement, de la Sécu que mit en place Ambroise Croizat. Celui-ci faisait reposer le financement de la Sécu exclusivement sur des cotisations assises sur les salaires des travailleurs afin que ceux-ci restent entièrement maîtres de la gestion de la Sécu Faire entrer les revenus financiers des entreprises et des banques dans le financement c’est risquer qu’ils prennent leur part dans la gestion au nom du principe “Qui paye, décide”. La question du financement doit se poser en amont, c’est d’abord celle du partage des richesses entre le capital et le travail, celle du partage entre revenus du capital et les salaires. Avec un partage plus favorable aux salaires les questions de financement exclusivement par les cotisations assises sur les salaires bruts ne se poseraient plus.
La Sécurité Sociale de Ambroise Croizat était basée sur la cotisation salariale , selon ses capacités et la cotisation patronale .
Lorsque Ambroise Croizat a fondé la Sécu. il en avait donné la gestion aux travailleurs élus . Et puis au fil du temps avec les gouvernements successifs , elle a été étatisée . Il y a bien longtemps que l’on ne vote plus pour nos représentants . Il serait bien d’y revenir .