Santé

Pollution à Pierre-Bénite aux perfluorés. Réaction des communistes du canton

La situation démontre que l’organisation capitaliste de la société est obsolète. Une nouvelle civilisation se cherche avec des pouvoirs nouveaux des salariés et des citoyens pour décider et agir ensemble pour substituer à la logique du fric une autre logique économique, sociale, écologique et protectrice de la nature et des êtres humains, en toute priorité dans les entreprises et les services publics.

Publié le 14 mai 2022 par Front de Gauche Pierre Bénite

Pollution à Pierre-Bénite aux perfluorés. Réaction des communistes du canton.

Depuis quelques mois, nous suivions avec Roger Tarrago ancien secrétaire CGT du CHSCT Arkema, cette étude réalisée par le journaliste d’Investigation Martin Boudot (Vert de Rage France 5) en coopération avec Jacob de Boer Professeur et Président du département de Chimie Environnementale et Toxicologie à l’Université Libre d’Amsterdam qui a réalisé les analyses. L’association Bien vivre à Pierre-Bénite avec Thierry Mounib s’est également impliquée dans cette réalisation.

Les communistes de Pierre-Bénite étaient présents à La Maison de l’environnement à Lyon le mardi 10 mai, pour un rendu de cette étude en présence d’une centaine de personnes, des personnalités politiques dont des candidats aux législatives et l’équipe chargée à Francetv de préparer l’émission « Envoyé spécial » d’Elise Lucet également présente. Comme certains l’ont remarqué, l’entreprise Arkema était absente ainsi que le Maire de la ville J. Moroge qui a organisé le jeudi 12 mai à 21h à la Maison de Peuple de la ville la vision collective de l’émission « Envoyé Spécial » qui était diffusée le soir même.

Le rendu de l’étude est intitulé : « Polluants éternels : sommes nous contaminés » 

A l’écoute et au visionnage des résultats de cette étude, des explications de Martin Boudot renforcées par les interventions de Jacob de Boer, la réponse est OUI.

Les résultats de l’étude montrent que les perfluorés sont présents dans l’air, l’eau, les sols et le lait maternel. Les perfluorés issus des productions d’Arkema et de Daikin sont des polluants toxiques. Ils sont dans de nombreux produits de notre quotidien et sont un danger pour la santé. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de pays ont mis en place une réglementation qui interdit certains perfluorés comme le PFOA qui est définitivement interdit depuis 2020 dans l’Union Européenne. Arkema l’a arrêté en 2016, après 60 ans d’exploitation. Depuis 1974, le Kynar est le produit phare d’Arkema qui nécessite dans son procédé de fabrication un perfluoré. En France, il n’existe pas encore de réglementation, le groupe Arkema justifie ses fabrications par l’absence de réglementation en France. 

Bien évidemment de tels résultats ne pouvaient générer que surprise, émotion, colère dans le public et depuis dans la population de Pierre-Bénite et des environs.

La gravité de cette situation nouvelle a amené notre Parti Communiste à faire la déclaration ci-dessous :

« La ville de Pierre Bénite et ses environs sont pollués par les perfluorés (PFAS) issus des productions de polymères d’Arkema depuis les années 1960, soit prés de 60 ans. Cette pollution touche l’eau, l’air, les sols jusqu’au lait maternel, ses incidences sur la santé peuvent être différés.

Cela est très grave. Nous comprenons et partageons la colère des habitants de notre ville et des environs qui découvrent, sont éberlués, ont peur pour eux-mêmes et leurs enfants, leur santé voire leur vie.

Parfois l’émotion, la peur et la colère sont mauvaises conseillères d’où le besoin de prendre de la hauteur, de réfléchir ensemble et d’agir sans précipitation mais avec rationalité et pragmatisme. En cherchant à viser l’immédiat, le moyen et le long terme, avec 5 axes :

1) Les pollueurs doivent être les payeurs à partir d’une responsabilité clairement établie du groupe Arkema qui connaissait très bien les dégâts engendrés par ses productions et ses molécules. Ce qui est d’autant plus inacceptable que ce groupe multinationale dispose en son sein, d’une cellule de veille toxicologique et d’une cellule de veille réglementaire chargée de suivre et d’évaluer la réglementation en France, dans les pays européens et mondiaux. Il dispose également d’un pôle de compétitivité nourri avec des fonds publics, dans lequel les chercheurs, les ingénieurs et les techniciens sont compétents pour sécuriser les productions chimiques afin de protéger l’environnement et la santé.

Aujourd’hui, les profits dArkema explosent (Résultat net de 1,3 milliards d’€ en 2021 soit 4 fois plus qu’en 2020), le groupe dispose donc des moyens d’engager les études nécessaires (si elles n’existent pas déjà) pour sécuriser ses productions.

2) Les ministères (Environnement et Santé) doivent diligenter une étude appropriée réalisée par des scientifiques avec la coopération de la DREAL pour confirmer l’enquête des journalistes d’investigation. Est tout aussi important, une étude épidémiologique très sérieuse sur des échantillons larges de populations, par âge, pour évaluer l’impact de ces polluants sur les humains et leur santé avec équivalence avec les cancers, ainsi que sur la vie animale. Dans un 1er temps, l’ARS (Agence Régionale de Santé) doit communiquer les données épidémiologiques en sa possession sur Pierre-Bénite et ses environs.

3) Immédiatement la ville de Pierre Bénite doit porter plainte pour mise en danger de la santé et de la vie d’autrui et pour destruction de l’environnement. Il s’agit de faire établir par la justice les responsabilités du groupe Arkema de cette catastrophe, et ne pas lui permettre de se dédouaner en affirmant « On ne savait pas » ou « C’est pas moi, mais les autres » ou « On a fait ce qu’on pouvait ». Seule la justice avec l’aide des syndicalistes de l’entreprise, permettra de trier le vrai du faux et établira clairement les responsabilités et ouvrira la porte à l’obligation de réparation des dégâts humains et environnementaux causés.

4) La démonstration est une nouvelle fois faite avec cette grave pollution due à une entreprise, qu’il est primordial que les CHSCTE soient rétablis avec des droits élargis, renforcés dans la chimie, pour intervenir et contraindre les entreprises à investir pour la sécurisation de leurs productions dans le cadre d’une réglementation stricte qui reste à définir en France alors qu’elle existe depuis longtemps dans d’autres pays en Europe comme aux Pays Bas. Le CHSCTE doit disposer d’un droit de veto quand les choix de gestion ne respectent pas ni la réglementation, ni la sécurité, ni la santé.

5) Des dispositions urgentes sont à prendre pour protéger les citoyens (stade du Brotillon, jardins ouvriers, parcs municipaux, l’usage de l’eau). Nous comprenons que certains souhaitent des décisions rapides. Elles ne doivent pas être intempestives, ni autoritaires, prises sous le coup d’une pression animée par la peur. Elles doivent être prises avec les usagers. Bien sûr, pour certaines l’État et son Préfet doivent prendre leurs responsabilités, mais en étroite concertation avec les usagers et les acteurs : le maire, les syndicats, les élus-es, la métropole, les services publics et les partis politiques.

En cette période électorale, soyons vigilants que ce drame que nous vivons ne soit pas instrumentalisé à des fins politiciennes pouvant conduire à des mesures punitives ou excluantes pour les citoyen-nes, les salariés et les enfants.

Ce qui est posé au fond avec ce drame, c’est la conception de l’organisation de toute la société.

Devons-nous considérer les entreprises en dehors de la société qui font ce qu’elles veulent, quand elles le veulent, quoi qu’il en coûte à la société et la planète, notamment en utilisant les technologies et les savoirs pour développer un consumérisme nuisible qui rapporte un maximum d’argent mais conduit parfois à des drames tels qu’aujourd’hui, ou considérons-nous qu’elles sont pleinement dans la société, avec des obligations strictes notamment celles de définir avec les salariés et les citoyens quels sont les produits à fabriquer qui ont une utilité sociale réelle conçus à 100 % à partir de la nature afin de répondre aux besoins des êtres humains et non à la recherche du profit maximum ?

A nouveau, la situation démontre que l’organisation capitaliste de la société est obsolète. Une nouvelle civilisation se cherche avec des pouvoirs nouveaux des salariés et des citoyens pour décider et agir ensemble pour substituer à la logique du fric une autre logique économique, sociale, écologique et protectrice de la nature et des êtres humains, en toute priorité dans les entreprises et les services publics.

Dans les jours qui viennent nous organiserons un débat public à Pierre-Bénite. Nous transmettrons par nos réseaux de communication le lieu, le jour, les heures et les participants. »

Pierre-Bénite le 13 mai 2022

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