Commission économique du PCF, Frédéric Boccara, 7 octobre 2021

1- La reprise économique est loin d’effacer la perte de revenu global produit depuis fin 2019. Certes le PIB augmenterait de 5,2% en 2021 puis de 5,3% en 2022 (prévision BdF de juin) après un recul historique en 2020 (-5,7%). Mais, si l’on compare à une tendance de croissance de 2,3% (moyenne 2010-2019, pourtant faible) alors le manque non produit en cumulant chaque trimestre est important à cause de la « marche d’escalier » perdue depuis 2020, et qui n’a pas été rattrapée (voir graphique).
Le manque non produit serait de 439,8 Md€ à l’issue de l’année 2023 (=horizon de prévision de la BdF). C’est un manque de production de PIB chaque trimestre, et donc de revenus (ils sont prélevés sur le PIB, dont ils sont la contrepartie : la richesse créée chaque trimestre par celles et ceux qui travaillent sur le territoire national se répartit en salaires, profits, cotisations sociales et impôts).
2- En outre cette reprise est malsaine. La recul du chômage est discutable : le nombre total d’inscrits à Pôle emploi augmente depuis fin 2020 (6,4 millions d’inscrits, toutes catégories confondues1) et atteint des records (hors les 2 trimestres de confinement de 2020), la précarité des emplois croît (les CDI ressemblent de plus en plus à des CDD avec les réformes Macron et El Khomri), les PSE (plans de « sauvegarde » de l’emploi) se multiplient d’après les chiffres officiels eux-mêmes (+54% au premier trimestre après +34%), les licenciements économiques dépassent de 34% leur niveau de début 2020 et pour l’INSEE la baisse du taux de chômage va de pair avec une augmentation du « halo » du chômage qui atteint un record avec 1,6 million (les gens qui cherchent un emploi ou en souhaitent un et qui ne sont pas déclarés chômeurs2). Or, avec une telle accélération de la croissance et un tel niveau de chômage (6,4 millions d’inscrits à Pôle emploi) l’emploi devrait au contraire augmenter fortement !
Elle s’accompagne de pénuries de main d’œuvre (cf. fiche spécifique).
Les profits sont au plus haut depuis 70 ans (record de la part des profits dans la VA, d’après l’Insee) et le pouvoir d’achat des ménages recule de 1,4% (cf. fiche inflation).
Les bourses mondiales dépassent leur sommet de fin 2019 !! Exigeant de prélever encore plus sur les richesses créées par le monde du travail dans sa diversité.
La remontée de l’inflation pèse fort et exprime non pas un « réchauffement » de l’activité, mais une poussée de fièvre de suraccumulation du capital et des profits (voir fiche spécifique).
Les émissions de CO2 sont en train de ré-augmenter rapidement.
Donc un grave problème d’efficacité ! Car on ne veut pas voir que l’efficacité qui monte avec la révolution informationnelle, c’est de s’appuyer sur le développement de toutes les capacités des femmes et des hommes. Et donc de combattre la domination du capital : ses coûts, ses pouvoirs, sa logique.
Une rechute de crise, une « seconde lame », est bien possible pour après l’élection (car ils vont tout faire pour l’éviter avant). C’est un enjeu de la présidentielle.
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