Écho des militant·e·s

Intervention d’Evelyne Ternant au meeting de la liste d’union de la gauche à Dijon 16 juin

Le triptyque sur lequel Notre région par cœur a axé sa campagne nous va bien: emploi, transition écologique, fraternité. Nous y sommes vraiment à l'aise, parce que l'emploi, la formation la sécurisation des parcours professionnels, c'est pour nous le levier essentiel par lequel tout se tient : la préservation et le renouvellement des compétences, le développement industriel, les services publics, les nouveaux emplois écologiques, le financement de la protection sociale, la cohésion sociale: toutes ces causes exigent un développement sans précédent de l'emploi et de la formation

Vous trouverez, en suivant ce lien, un article au sujet du meeting où cette intervention a été tenue.

Chers ami.e.s, cher.e.s camarades,

Nous menons une belle campagne, avec l’engagement personnel et collectif de beaucoup de candidats et militants, une campagne marquée par l’expérience, la connaissance des dossiers et la force de conviction de Marie-Guite, une campagne avec des écrits de qualité et de l’innovation numérique.
Nos menons une campagne digne, mais nous la menons dans un climat politique délétère, face à des adversaires qui ne hissent pas le débat à hauteur des défis, sociaux et environnementaux, que nous avons à surmonter. Nous entrevoyons à peine la sortie d’une pandémie qui a révélé la carence de services publics, malmenés par le cumul des politiques d’austérité ; il est à craindre l’arrivée d’une vague de chômage quoiqu’en dise le ministre de l’économie et des finances. Ce nous portons, nous, forces de gauche, devrait être au cœur du débat public: les services publics, l’emploi , la formation, une transition écologique organisée et maîtrisée autour de l’urgence climatique.
Le paradoxe, c’est que par un retournement qui en dit long sur la droitisation des idées, qui en dit long aussi sur un pouvoir médiatique largement dominé par le monde des affaires, c’est la sécurité, au sens physique et étroit du terme qui envahit la campagne. Non pas que la sécurité ne soit pas un sujet de préoccupation et de mal vie, notamment dans les quartiers populaires, elle en est un, qu’on aurait tord de négliger. Mais elle est instrumentalisée pour fracturer la société, trouver les boucs émissaires, notamment l’immigration, effacer la question sociale et emmener le débat public dans des impasses. Pendant ce temps, les affaires publiques peuvent être tranquillement gérées au service des plus puissants, dans l’entre-soi de la start up nation.

La campagne en BFC aura été dominée par l’omniprésence médiatique nationale de ce personnage sulfureux qu’est Julien Odoul, mais nous ne pouvons pas nous réjouir de la succession des casseroles qui lui sont accrochées ; d’abord parce qu’il peut se présenter comme victime d’un complot de l’establishment,et surtout parce quecela tire vers le bas le débat public, nous empêche d’être audibles sur les inepties qu’il diffuse, concernant par exemple l’immigration, qui n’est pas responsable du chômage (ce ne sont pas les immigrés qui décident de fermer MBF Aluminium à Saint Claude , GE turbine à gaz à Belfort, ou SKF à Avalon…), qui n’est pas un poids pour les finances publiques.

La campagne de Gilles Platret n’élève pas le niveau, non plus…Il marche sur les mêmes plates bandes sécuritaires. Sa croisade contre les éoliennes n’est pas digne d’un débat sérieux. Même s’il est légitime de se poser des questions sur leur implantation, actuellement désordonnée, sur leur financement qui crée des rentes de profit et assèche les finances d’EDF, le but recherché par la droite et l’extrême droite n’est pas là. Il est d’ attiser les peurs, figer les positions, priver les citoyens d’un débat collectif intelligent : c’est un affaissement de la démocratie.
Enfin, j’ai été consternée par le propos du député européen Grudler, soutien de Denis Thuriot, lors du débat économique. Ils se présentent comme les mieux placés pour aller chercher l’argent de l’État et de l’UE ! C’est la promotion du clientélisme en politique, c’est le déni de l’égalité républicaine. C’est comme si la région de BFC avait fait le tri des villes selon la carte politique du maire et traité différemment les habitants Nevers, Belfort, Besançon ou Dijon. Tout le contraire en somme de la « Région partout et pour tous » qu’ils promettent !
Nous avons la chance en Bourgogne Franche-Comté d’avoir échappé au grand basculement à droite des régions en 2015, nous avons la chance d’avoir pu résister au Rassemblement National par la gauche, c’est un bien commun précieux, que nous devons préserver.

Le triptyque sur lequel Notre région par cœur a axé sa campagne nous va bien: emploi, transition écologique, fraternité. Nous y sommes vraiment à l’aise, parce que l’emploi, la formation la sécurisation des parcours professionnels, c’est pour nous le levier essentiel par lequel tout se tient : la préservation et le renouvellement des compétences, le développement industriel, les services publics, les nouveaux emplois écologiques, le financement de la protection sociale, la cohésion sociale: toutes ces causes exigent un développement sans précédent de l’emploi et de la formation
La fraternité est aussi dans l’ADN des communistes, eux qu’on a souvent qualifiés de « partageux », qui portent le nom de camarade, car comme l’a chanté Ferrat,

« C’est un joli nom Camarade, c’est un joli nom, tu sais
Dans mon cœur battant la chamade, pour qu’il revive à jamais.
»

Sur l’emploi, dans la situation actuelle , il y a du lourd sur la table: quelle sera l’efficacité sociale et environnementale des aides publiques ? Qu’en sera-t-il des annonces de fermetures, des filières stratégiques qui s’effilochent, que les pistes de diversification aussi prometteuses soient-elles, ne sauraient compenser ? Une grande créativité sociale s’impose : il nous semble important de mettre sur pied une institution régionale nouvelle réunissant tous les acteurs économiques, les élus et les services, pour faire des questions économiques non pas le privilège d’un cercle étroit de décideurs, mais un enjeu de délibération et de décision collectives.
Nous avons, dans les propositions communistes, donné un nom à cette institution : celui de «conférence permanente pour l’emploi, la formation et la transformation écologique». Or, en lisant le programme de Gilles Platret, j’ai eu un choc : il avance lui aussi la proposition de « conférence permanente pour le développement économique ». J’ai quand même cherché l’erreur…pas trop difficile à trouver ! La conférence permanente de Platret a simplement oublié les salariés et leurs organisations syndicales. Le dialogue social est hors des radars à droite ! Tout est donc normal..
Parmi les 100 propositions de la liste Notre Région Par Cœur, la N° 79 « Instaurer un espace régional de dialogue social sur les questions économiques » , pose la première pierre de cette institution de transformation sociale qui nous tient à cœur.

Pour finir, je veux évoquer les liens forts qui se sont tissés entre nous dans ce rassemblement de premier tour : des discussions de fond, franches, transparentes, dans le respect mutuel ont produit de la confiance. Cela compte beaucoup pour la suite, ce n’est pas tomber dans la psychologisation des rapports politiques que de considérer que la transparence et le respect mutuel, ça compte, car cela relève de la morale, de l’éthique en politique. Les communistes sont et seront des partenaires loyaux, qui savent respecter un accord politique, sans pour autant mettre leurs idées au fond de la poche avec le mouchoir par-dessus.
Il y aura des débats entre nous, il y en a déjà. Ils s’inscrivent d’ailleurs dans un questionnement plus global de la gauche sur ses fondamentaux : son rapport aux politiques européennes d’ouverture des services publics à la concurrence, son analyse des politiques de baisse du coût du travail qui oublient le coût du capital, la question démocratique, sur le lieu de vie et le lieu et travail. Pour renouer avec les classes populaires, la gauche a un devoir d’inventaire et de refondation sur ces sujets, et bien d’autres, qui peuvent avoir évidemment des résonances en région. C’est avec sérénité et dans un esprit constructif qu’il faut aborder ces débats.
Nous avons la volonté de construire une majorité régionale solide autour de politiques utiles. Le socle commun qui nous réunit en est le garant, avec ce qui a été fait, que nous découvrons jour après jour, nous qui étions en dehors, et avec ce que nous voulons faire, créer, inventer, transformer ensemble pour répondre aux défis du moment.
Cette victoire à gauche en BFC, il la faut, il la faut absolument pour celles et ceux dont nous voulons améliorer le quotidien. Il la faut par un rassemblement de toute la gauche, rien que la gauche. Cette victoire, nous irons la chercher avec les dents, et surtout avec le cœur !

1 comment on “Intervention d’Evelyne Ternant au meeting de la liste d’union de la gauche à Dijon 16 juin

  1. Boussard Alain

    Excellente intervention

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