Conseil National

Interventions au CN du 24 avril 2021

La position d’initiatives nationales sur l’emploi, la santé et l’éducation sera un facteur de cohérence de nos campagnes régionales, départementales et nationales.

Quelques mots de compte rendu du CN du samedi 24 avril. Deux points figuraient à l’ordre du jour du conseil national du 24 avril.

1. Les élections départementales et régionales. Sur le rapport de Pierre Lacaze, et après une discussion assez peu nourrie, une résolution sur les élections départementales a été adoptée. On peut consulter sur ce sujet les interventions d’Évelyne Ternant, de Denis Durand [et de Frédéric Boccara]. On lira aussi avec profit l’article de Jean-Marc Durand dans le dernier numéro d’Économie & Politique ⟾

2. Nos initiatives le 1er mai, les suites de la conférence nationale et le vote des communistes du 7 au 9 mai, sur un rapport d’Igor Zamichiei. Les interventions, sur ce sujet aussi, ont été peu nombreuses Plusieurs camarades qui s’étaient prononcées contre la présentation d’une candidature communiste sont intervenus en reprenant les mêmes arguments qu’avant la conférence nationale, comme si celle-ci n’avait pas eu lieu. Cela souligne l’importance de la participation de tous les communistes au vote des 7, 8 et 9 mai.

En fin de séance, le conseil national s’est prononcé à une large majorité – compte tenu du report des élections régionales et départementales à fin juin et des difficultés liées à la situation sanitaire – pour mener une consultation des fédérations en vue d’un report du prochain congrès d’un an, c’est-à-dire à octobre 2022. Le rapport sur les élections régionales et départementales a annoncé qu’une campagne nationale sur l’emploi, la santé et l’éducation aurait lieu dans la préparation des élections régionales.

Intervention d’Evelyne Ternant

Tout d’abord une réaction à l’intervention Emmanuel Dang Ttran sur le « temps inutile » et le « à côté de l’essentiel » du moment de préparation des élections départementales et régionales.

S’il est vrai que beaucoup d’énergie est dépensée et des moments pénibles de négociations sont traversés actuellement, pour assurer notre représentation, la présence dans les institutions n’est pas à opposer frontalement aux luttes, aux actions de terrain, car non seulement elle permet de donner un écho à ces combats, mais nos propositions sont de nature à modifier le rapport de force en direction d’objectifs de transformation, en particulier dans les régions qui ont un rôle stratégique sur le développement économique, l’emploi, la formation. Nous avons aussi à porter une conception d’élus qui ne soient pas des élus « notables », mais des élus militants, ce qui est le cas de la plupart de nos élus, et ainsi faire reculer la défiance politique. Enfin, dans le climat inquiétant qui gagne le pays, notre présence dans les institutions aide aussi à faire barrage à la diffusion de l’idéologie de la haine de l’autre, en portant haut et fort nos valeurs d’émancipation.
La préparation concrète de ces élections départementales et régionales, témoigne de l’état de faiblesse, voire de déliquescence, des forces de gauche, sur le terrain, ce qui ne les empêche pas, bien au contraire, d’être très exigeantes et aussi d’avoir souvent l’envie de nous réduire à portion congrue. Les structures politiques sont aujourd’hui à l’état de squelettes, qu’il s’agisse du PS, où l’absence de renouvellement des candidatures est patente, d’EE-LV dont l’influence électorale tranche avec la faiblesse l’organisation, ou de LFI qui a perdu beaucoup de militant.e.s et peine à présenter des candidats.
D’où l’importance de la reconstruction, de la présence et du développement du parti pour l’avenir de la gauche dans notre pays.
Il faut reconnaître que dans les rassemblements politiques en cours dans les élections, les contenus ont été jusqu’ici laissés de côté, malgré notre travail en amont sur les régionales, et sur les départementales, avec le texte transmis pour ce CN qui donne beaucoup d’éléments. Il y a des écarts considérables sur certains sujets avec nos partenaires des rassemblements départementaux et régionaux. Par exemple, sur les départements, la clause de compétence générale, en particulier avec EE-LV, ou encore l’avenir des départements et communes. Dans les régions, sur industrie, écologie, transports, beaucoup de différences aussi.

Comment allons nous développer l’autonomie de nos propositions dans les rassemblements, comment allons nous articuler la campagne des Présidentielles, si les communistes se donnent un candidat le 9 mai, ses axes thématiques principaux et leur donner de la résonance et une cohérence dans nos campagnes départementales et régionales, quelles que soient leurs configurations ? C’est me semble -t-il un sujet important devant nous.
En Bourgogne Franche-Comté, l’urgence du démantèlement actuel de l’industrie de l’énergie, avec de nombreux projets de licenciements et délocalisations en cours dans le secteur nucléaire, très présent, nous conduit à préparer une initiative régionale au Creusot, réunissant les syndicalistes de tous les sites de la région. Nous travaillons à organiser la visite de Fabien fin mai, pour donner les perspectives nationales et européenne d’un développement de cette industrie stratégique, mais inviterons aussi, pas en même temps que Fabien, bien sûr, mais dans la continuité de cette action, la Présidente de région socialiste sortante, avec laquelle nous sommes en alliance de premier tour, pour échanger publiquement avec elle. Il s’agit de marquer ainsi la campagne sur la question industrielle, avant l’arrivée des forces politiques du second tour dont on connaît les réticences face à l’industrie, et encore plus face à l’industrie nucléaire, en dépit de sa relation étroite avec la transformation écologique. Nous envisageons aussi une initiative régionale sur la formation, en lien avec la santé, dans le cadre de la campagne sur l’emploi proposée au niveau national.
Il me semblerait donc utile d’organiser assez rapidement entre les animateurs des campagnes, chefs de file, candidats, et direction nationale un échange sur les contenus de nos campagnes (tracts, journaux) notamment sur les régionales, une mutualisation de nos initiatives, la déclinaison locale de l’initiative nationale emploi-santé pour donner à nos campagnes départementales et régionales une cohérence nationale de fond que la diversité des alliances, les difficultés à négocier notre représentation, où que ce soit, nous ont fait perdre de vue ces derniers temps.

Intervention de Denis Durand

Je soutiens la proposition d’initiatives nationales sur l’emploi, la santé et l’éducation. Ce sera un facteur de cohérence de nos campagnes régionales, départementales et nationales.

Cette cohérence fera partie de l’apport spécifique du PCF à la reconstruction de la gauche et à son rassemblement, afin de lui faire retrouver la crédibilité qu’elle a perdue depuis que les idées réformistes sont devenues hégémoniques en son sein et que les questions sociales sont vues comme des questions de répartition et non des questions de classe touchant, en particulier, au pouvoir sur la production. Par exemple, on ne s’en sortira pas si on suit le conseil de Benoît Hamon qui propose récemment faire l’unité en partant de la question des « inégalités ».

Il faut au contraire mettre en avant dans le débat public des solutions qui ne se contentent pas d’afficher des objectifs sociaux et écologiques, mais qui lèvent le tabou sur les moyens, en particulier financiers, à mobiliser pour les atteindre, et donc sur les mobilisations populaires à faire converger pour obtenir ces moyens, et sur les institutions à construire pour prendre le pouvoir sur l’utilisation de l’argent.

Préembauches de jeunes, formation massive de personnels dans le système hospitalier et dans les EHPAD, mesures analogues, et tout aussi nécessaires, dans l’ensemble des services publics : il faut beaucoup d’argent pour cela, et c’est là-dessus que devrait se concentrer le débat autour de « la dette ». Si les 4 000 milliards créés par la BCE et les banques centrales nationales pour acheter des titres sur le marché financier – dont plus de 600 milliards émis par les administrations publiques françaises – venaient financer le développement des services publics, cela fournirait des moyens de faire face aux urgences, sans commune mesure avec les maigres ressources fiscales qu’on peut trouver aujourd’hui, et cela permettrait de créer, dans l’avenir, assez de richesses pour que le remboursement de cette dette cesse d’être un problème, pas plus d’ailleurs que l’apurement de la dette passée.

Mais cela ne peut marcher qu’à une condition : que l’investissement public ainsi financé soit relayé par une création de richesses dans l’ensemble de l’économie, donc par des créations d’emplois.

C’est tout l’enjeu des luttes sociales dans les grands groupes contre les suppressions d’emplois. Mais c’est aussi l’enjeu de la survie des PME-TPE.

Les reports de paiements d’impôts et de cotisations sociales ont permis de repousser les échéances, et 700 000 entreprises ont souscrit un prêt garanti par l’État. Le nombre de faillites a ainsi diminué de 38 % en 2020. Mais toutes les faillites qui n’ont pas eu lieu en 2020 risquent de déferler quand les aides s’interrompront et qu’il faudra rembourser les prêts. Une étude évalue à 250 000 le nombre d’emplois directement menacés. C’est au premier chef un enjeu régional et départemental tout autant qu’un enjeu national.

Le gouvernement, inquiet de cette situation, a annoncé que les aides ne seraient supprimées que progressivement et que les PGE pourraient être remplacés par des participation en capital. Mais l’attribution de ces allégements obéira aux critères de la rentabilité financière. Les entreprises qui font le plus d’efforts pour l’emploi, la formation, la recherche risquent de ne pas répondre à ces critères, surtout, comme c’est souvent le cas dans les secteurs les plus dynamiques, quand elles ne disposent pas d’actifs matériels à mettre en garantie.

C’est là qu’on retrouve les banques, qui sont en train de durcir leurs conditions de crédit. C’est donc là qu’on retrouve nos propositions de faire levier sur les crédits bancaire avec des fonds pour l’emploi, la formation et la transformation productive et écologiques.

Les syndicalistes de la Banque de France proposent que cette institution ait le pouvoir d’imposer l’exercice d’un droit au crédit pour les entreprises viables qui s’engageraient à créer des richesses en privilégiant l’emploi et les choix écologiques de production. Cela rejoint notre proposition d’un droit de tirage sur le crédit bancaire pour le financement de projets industriels proposés par les salariés comme alternatives aux plans de suppressions d’emplois.

Mais cette exigence partagée par des secteurs très divers de la société, du mouvement syndical à une partie des petits entrepreneurs, se heurte aux suppressions d’emplois massives dans les banques, à la dégradation des conditions de travail de leurs salariés, à la contradiction violente entre leur conscience professionnelle et les consignes venues des leurs directions et des salles de marchés. Elle se heurte aux 1 000 suppressions d’emplois annoncées à la Banque de France, particulièrement dans les succursales départementales en contact avec le public et avec les petites entreprises. Il y a une convergence à construire contre ces politiques suicidaires pour notre tissu économique et social. On peut s’appuyer pour cela sur un appel syndical lancé cette semaine, avec des propositions très convergentes avec les nôtres, qui a obtenu le soutien de tous les partis de gauche et de très nombreuses associations. Voilà un exemple de rassemblement de toute la gauche, à partir des préoccupations des gens, qui s’appuie sur ce qu’il y a de plus avancé dans ce que nous proposons, et non sur leur occultation.

On a souvent l’impression que s’attaquer au pouvoir des banques serait hors de notre portée, qu’à la rigueur il faut attendre d’avoir fait la révolution, et qu’on s’occupera des banques après, lorsqu’elles seront nationalisées. On voit ici que c’est tout le contraire : des luttes immédiates, pour des objectifs sociaux urgents, ont besoin, pour aboutir, d’ouvrir la perspective d’une prise de pouvoir démocratique sur l’utilisation de l’argent – argent des banques, argent des entreprises et argent public, non pas comme un moyen magique de remédier aux fléaux de l’économie capitaliste mais comme un levier pour combattre la logique capitaliste en son cœur, en agissant sur l’utilisation de l’argent privé.

Ce ne sont pas là des idées en l’air mais des urgences qui appellent à des initiatives concrètes du Parti et de ses instances de direction.


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