Dans le débat sur l’élection présidentielle, des camarades préconisent d’envisager à nouveau que le Parti communiste s’absente au motif de permettre le rassemblement sur une candidature « de gauche ».
Ce serait la 3ème fois en 3 élections successives. L’expérience est là pour montrer que cela reviendrait à un effacement des idées communistes du débat politique national dont la campagne présidentielle est l’occasion. Cela mettrait aussi les forces militantes du parti au service non pas de ses idées, mais de la promotion durable du candidat choisi et de ses idées. Nous avons assez fait l’expérience terrible, presque fatale, des conséquences d’un tel effacement sur notre influence et notre électorat, que ce soit, à deux reprises, en faveur de Mitterrand, ou 2 fois encore, à l’appui de Mélenchon. C’est une première raison de ne pas persister dans ce chemin, comme nous l’avons très majoritairement décidé au 38ème Congrès, en choisissant le « Manifeste » contre le projet de Pierre Laurent de perpétuer l’ancienne stratégie.
L’argument principal des tenants d’un nouvel effacement, c’est la priorité donnée au rejet à tout prix _ faut-il dire « quoi qu’il en coûte » ? _ d’un 2e tour Macron_Le Pen. Les données politiques connues, et prévisibles, rendent cependant plus qu’hypothétique la possibilité pour un·e candidat·e d’une part de réunir toutes les composantes de gauche, et d’autre part, si cette réunion se réalisait, de parvenir à dépasser les candidatures de droite et d’extrême-droite.
Mais ce n’est pas la principale objection : à supposer que cela devienne possible, se qualifier pour le 2e tour pour quoi faire ? À quoi bon si c’est pour refaire ce qui a amené à la situation actuelle ? À quoi bon si c’est ouvrir la voie d’une nouvelle impasse, ou vers le pire ?
Qu’est-ce qui a produit la bipolarisation Macron — Le Pen ?
Faut-il rappeller la responsabilité de Mitterrand dans l’opération initiale de promotion de Le Pen au motif de diviser la droite, pour parer à la déception de l’électorat de gauche, à partir du tournant de la rigueur ?
Faut-il rappeller que Macron a été le produit de la dérive sociale-libérale du PS, déjà avec le gouvernement Jospin puis en pire avec Hollande ?
Faut-il rappeller la responsabilité des gouvernements de gauche successifs dans l’abstention qui a gagné une part si importante de l’électorat de gauche et populaire, laissant place à une domination, en partie par défaut, de la droite et de l’extrême droite.
Le parti communiste ne doit pas participer en s’effaçant au lancement d’un variant vert ou social-démocrate de Hollande, pour de nouvelles déceptions funestes du peuple de gauche.
Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à une perspective unitaire. Mais il ne faut pas refaire ce qui a échoué. Il y a besoin d’une nouvelle perspective unitaire, avec de nouvelles bases. Sur des bases suffisamment transformatrices pour réussir face à une crise que l’épidémie de Covid a aggravé, à laquelle elle a ajouté une dimension de crise sanitaire, mais n’a pas effacé sa dimension principale de crise globale du système capitaliste. Face à cette crise, les réponses qui dominent à gauche aujourd’hui, des réponses réformistes, sans mise en cause des règles du système, sont vouées à l’échec. Qui peut croire sérieusement que quelques mois peuvent suffire à rassembler la gauche, dans l’état idéologique où elle se trouve, sur un projet à la hauteur ?
C’est la question de fond : la dimension transformatrice incontournable du rassemblement à construire.
D’ailleurs je remarque, à la lecture des arguments avancés, que ce soit au CN ou dans les contributions, que les camarades qui préconisent de ne pas présenter de candidat, ou de se préparer à le retirer, font abstraction de la crise et de la radicalité des transformations qu’elle rend nécessaires.
Cherchez une référence précise à cette crise du système capitaliste dans les interventions au CN : vous ne la trouverez que dans les interventions des camarades qui appuient le choix d’une candidature communiste. Dans les autres, le capitalisme est à peine nommé, le capital encore moins, et la crise n’est nommée que comme sanitaire. À remarquer aussi, chez les camarades défavorables à une candidature communiste, l’absence de référence au besoin de mettre en débat notre projet de société.
Cela va même jusqu’à la proposition, formulée dans une tribune collective et au CN, de réduire notre objectif à « un changement de régime », considéré comme une base déjà consensuelle à gauche. Un changement de régime, pas un changement de société ! Le glissement n’est pas mince. S’agirait-il, en proposant de baisser ainsi la barre, de nous entrainer dans l’illusion d’une promesse d’avancée progressiste, sans toucher radicalement immédiatement à l’économie, aux entreprises, aux banques, au pouvoir du capital ?
Rabaisser ainsi le niveau des enjeux de transformation relativise énormément le besoin d’une candidature communiste…
Un besoin absolu par contre s’il s’agit d’occuper le terrain et les possibilités de la campagne présidentielle pour faire connaître et progresser les idées et propositions transformatrices, révolutionnaires et réalistes, le projet de société qui font l’originalité de notre parti.
Cette originalité, elle a une ligne directrice qui nous distingue fondamentalement des autres projets portés à gauche : faire reculer dans tous les domaines la domination du capital, ses exigences, ses pouvoirs, pour une autre manière de produire, développer les êtres humains et préserver la planète. Elle est dans la proposition d’engager la construction d’un système de sécurité d’emploi, de formation et de revenu, permettant un formidable progrès social : l’éradication du chômage et une révolution : l’émancipation des salariés de la sujétion à leurs employeurs. Elle est dans la dimension révolutionnaire de la conquête de pouvoirs des salariés, des populations, des élus, faisant reculer les pouvoirs du capital, pour une autre gestion des entreprises et une autre utilisation de l’argent, notamment celui des banques. Elle est dans la proposition de financer un développement massif de services publics démocratisés, à partir d’un fonds européen alimenté par la BCE., élément de la transformation radicale nécessaire de la construction européenne, etc.
Nous avons les moyens, avec les idées produites par le parti, son Congrès, ses commissions, d’une campagne communiste offensive et argumentée qui fasse événement dans la campagne présidentielle ; il s’agit de rendre populaires nos idées les plus novatrices, avec toute leur radicalité et leur réalisme ; il s’agit de faire vivre le débat d’idée, la confrontation indispensable des propositions à gauche. On avancera ainsi dans la construction d’un rassemblement agissant contre le capital, et d’une nouvelle perspective unitaire, dès les législatives, pour lesquelles notre campagne présidentielle sera le moyen de dégager de l’espace à nos candidats. À condition de ne pas priver de toute crédibilité la décision de candidature en laissant la porte ouverte à son retrait, la réduisant à n’avoir été que le moyen d’un marchandage électoraliste, d’ailleurs déjà mis sur la table par Mélenchon, dans une manœuvre aussi grossière que ses appels insistants aux communistes à se mobiliser contre leur direction pour le soutenir.
Bien sûr, parce que nous avons été très affaiblis, il faut de l’audace pour relever ce défi, pour affronter cette bataille. Relevons-le, avec Fabien Roussel. En 2022, le pire serait de nous absenter une fois encore. Ce ne sera pas la fin de l’histoire. Un début plutôt, du point de vue du combat et du rassemblement nécessaire : il s’agit d’ouvrir une nouvelle page, pas seulement pour le PCF. Pour un mouvement populaire contre le capital. Pour une influence nouvelle des idées communistes sur toute la gauche jusqu’à de nouvelles bases pour son union. Pour une gauche enfin capable d’affronter la crise du système, de lui offrir une issue.
“Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à une perspective unitaire. Mais il ne faut pas refaire ce qui a échoué. Il y a besoin d’une nouvelle perspective unitaire, avec de nouvelles bases. Sur des bases suffisamment transformatrices pour réussir face à une crise que l’épidémie de Covid a aggravé, à laquelle elle a ajouté une dimension de crise sanitaire, mais n’a pas effacé sa dimension principale de crise globale du système capitaliste”
Et si cette phrase de Nicolas était la porte de sortie qui permettait de rassembler tous les communistes ? Car la division des communistes serait la pire des choses, quel que soit l’option choisie !
Pourquoi ne pas désigner un candidat communiste en mai qui porte à la fois nos propositions et une démarche unitaire sur des bases claires de rupture avec le libéralisme. Un candidat qui se dise prêt à se retirer si une perspective de changement et de candidature de rassemblement se dessinait. Et qui confirmerait sa candidature en cas d’échec d’une telle perspective vers novembre décembre, en expliquant pourquoi. Cela nous distinguerait de la démarche d’un Mélenchon qu’il ne faut surtout pas copier. Cela nous mettrait en phase avec les gens de gauche qui ne veulent surtout pas resigner un bail de 6 ans avec la Droite macronienne ou vivre une expérience d’extrême droite. Plus on se rapprochera de la présidentielle, plus l’envie de changement sera forte et ceux qui seront à côté de cette aspiration deviendront insignifiants.
Enfin, ce serait la meilleure manière d’engager notre campagne. On aurait d’ailleurs faire ça dès novembre 2020 avec la désignation d’un porte parole.
Si on copiait Mélenchon en désignant un candidat point barre, ce serait dire aux gens de gauche et à nos électeurs qu’ils devront se résigner à la reconduction de Macron ou à l’arrivée de Le Pen et attendre 2228 ou 2035 pour voir le changement arriver. Il faut avoir le frigo bien plein pour accepter une telle perspective. Or le frigo des couches populaires que l’on veut reconquérir est désespérément vide !
Si nous ne nous inscrivons pas dans la perspective d’un changement rapide, nous serons inaudibles, nous nous couperons du peuple de gauche et de tous ceux qui sont dans les pires difficultés.
Nous avons de sérieux atouts : rares sont les gens qui aspirent à recommencer l’expérience Hollande.
Des idées que nous étions presque seuls à porter deviennent majoritaires : l’importance des services publics, du commun, de la nécessité d’augmenter les salaires, de réduire les inégalités, de mettre la finance au pas, de ne pas faire confiance au « capitalisme vert » pour sauver la planète etc…
Comme pour M. Jourdain avec la prose, les gens font du communisme sans le savoir.
Personne ne veut un nouvel effacement du Parti Communiste ou que le PCF s’absente une troisième fois. Simplement, il nous faut réfléchir à la manière la plus efficace d’être compris et entendu.
Je préfère et de loin ce type de réponse
http://lepcf.fr/Contribution-de-Laurent-Brun-pour-une-candidature-communiste-a-la?fbclid=IwAR2dBZ8RU_NUXK1XluHTeN6VHGZRaS2H9Eqn39EbPE6l6UECoQ53OQ-HG3Y
Tout comme la droite , les réformistes ont plusieurs fers au feu , pour au final ne rien changer et faire le lit de l’extrême droite .
Pour ma part, en tant que Communiste, je ne pourrais concevoir comme beaucoup de mes camarades qu’à élection présidentielle de 2022, notre Parti ne présente pas un(e) candidat(e) communiste, mais que l’on se dilue dans une « gauche populaire caviariste ». Ce qui amènerait à penser que c’est l’abandon de notre Parti…
Nous devons garder notre identité d’un Parti Communiste révolutionnaire, rassembleur… Forts de nos contenus. Prouver que nous sommes porteurs d’idées, avec notre visée Communiste, forts de nos expériences de Luttes… Sur l’emploi, la Santé, l’Europe, l’utilisation de l’argent (…).
Nous ne sommes pas n’importe qui, nous sommes Communistes avant tout… fières de notre appartenance et de notre identité. C’est en les déployant avec créativité et ouverture (mais pas n’importe quelle ouverture), que l’on pourra contribuer à un nouveau rassemblement populaire et non en les diluants.
Me concernant, je considérerai que si nous ne présentions pas notre propre candidat(e), nous irions vers un flop électoral et vers la perte de notre identité Communiste, car cela voudra dire que nous n’assumons plus nos responsabilités politiques en tant que Parti Communiste…
Il ne doit pas y avoir un troupeau de mouton qui suive le berger, mais le berger qui suive son troupeau…
Il n’y a pas photo entre le Manifeste et la stratégie de Pierre Laurent de réitérer les erreurs du passé pour son propre profit et intérêt (comme ses petits copains).
C’est ma vision et visée.