Le Conseil National du 13 mars 2021 s’est prononcé en faveur d’une candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, s’est dit disponible pour cette candidature.
Vous trouverez dans cet article, une explication du déroulement de ce conseil national, ainsi, que le texte adopté a la majorité.
Table des matières
Le point de vue de Evelyne Ternant et Frédéric Boccara membres de la commision de préparation du texte soumis au vote du Conseil National


Le CN du 13 mars a pris une décision importante : celle de proposer à la conférence nationale des 10 et 11 avril, et ensuite au vote des communistes une candidature communiste à la Présidentielle, pour laquelle notre secrétaire national Fabien Roussel s’est déclaré disponible.
L’enjeu est aujourd’hui de donner à cette candidature une assise solide, à l’intérieur comme à l’extérieur du parti, prenant appui sur notre projet de dépassement du capitalisme et de ses différents marchés grâce au développement des services publics, des biens communs, grâce à la mise en place progressive d’une Sécurité-Emploi-Formation. La cohérence entre les objectifs et les moyens du projet repose sur les conquêtes démocratiques à réaliser à tous les niveaux pour décider collectivement de nos modes de production, de consommation et des moyens de financement.
Il y a besoin pour la discussion interne des communistes qui, pour la plupart d’entre eux ne fait que commencer, de clarifier les enjeux de fond, et de mettre en débat, non seulement le fait d’être pour ou contre la candidature, mais le sens à donner à cette candidature communiste.
Le texte d’orientation pour la conférence nationale, que nous avons pour notre part voté au CN, comporte néanmoins des ambiguïtés, liées au fonctionnement des instances dirigeantes du parti. Il a été préparé par une commission de 20 membres, 10 femmes, 10 hommes, représentant les diverses sensibilités du parti qui se sont exprimées lors du dernier congrès.
Cette commission, copilotée par Éliane Assassi et Christian Picquet, dans des conditions difficiles pour co-élaborer un texte : délais très courts, pas de présentiel mais seulement des visioréunions, calendriers très chargés pour tou.te.s. Mais au delà des difficultés matérielles, la complexité de la tâche est venue de la diversité des points de vue exprimés entre :
1 – les partisans d’une candidature unique à gauche,
2 – les partisans d’un texte lançant la discussion des communistes (dit « texte ouvert »), posant les enjeux, l’intérêt et les difficultés de la candidature, mais sans donner d’orientation,
3 – les partisans d’un texte assumant une responsabilité de direction, et donnant l’orientation d’une candidature communiste, afin de démarrer au plus tôt cette campagne.
La «synthèse» entre les trois points de vue était-elle envisageable ? Évidemment non.
La question de la candidature unique à gauche a été réglée par la décision d’en présenter l’option (dite alternative) aux communistes. Si la nouvelle présentation du texte du CN a clarifié la compréhension par les communistes sur ce qui a été effectivement voté, il reste, avec deux options intégrées dans le texte et mises à égalité de choix, un problème de fond sur le statut de ce que devrait être un texte alternatif par rapport à une option choisie par une direction nationale.
Par ailleurs, le contenu du texte a été percuté par le débat entre «on affirme clairement cette option» ou «on ouvre les choix», car cette ligne de fracture a des implications fortes sur le sens donné à la candidature.
Peu à peu , au gré des des textes individuels et des synthèses proposées, une orientation s’est progressivement installée : la mise en avant d’ une «offre politique » avec l’objectif de construire une majorité politique à l’Assemblée Nationale autour d’un «contrat de législature » discuté pendant la campagne des présidentielles .
Nous avons pour notre part considéré que «l’offre politique» ainsi formulée :
- enfermait le texte sur l’échéance électorale de 2022, devenue fin en soi,
- faisait dériver l’objectif de la candidature sur la recherche d’une issue politique de sommet avec les forces politiques, telles qu’elles sont aujourd’hui alors que l’ambition devait être de créer le choc des idées, y compris à gauche et d’identifier le Parti Communiste à des objectifs révolutionnaires,
- comportait le risque d’en faire une candidature rétractable, dès lors que le « contrat de législature», proposé également par d’autres forces, paraîtrait mieux porté par un autre candidat.
Nous avons donc déposé un amendement pour supprimera notion de «contrat de législature» la veille du CN, et articuler différemment présidentielles et législatives, avec la proposition qu’ à l’issue de l’élection présidentielle, soit impulsée la construction d’un pacte d’engagements communs entre les forces de gauche et écologiques, dans une dynamique populaire prenant en compte les débats de l’élection présidentielle, pour renforcer le groupe communiste et le nombre des députés de gauche, si possible jusqu’à la victoire.
André Chassaigne ayant déposé un amendement allant dans le même sens, nous avons retiré le nôtre et cosigné le sien.
Lors de la dernière réunion de la commission du texte, le jour même du CN, la notion de «contrat de législature» a été remplacée par celle « de pacte d’engagements législatifs».
Le débat de fond sur le sens de la candidature s’est donc cristallisé au CN sur deux amendements, hélas traités l’un et l’autre d’une manière expéditive lors de la séance, avec une seule intervention permise, pour et contre, dans chaque cas.
Le premier amendement a été déposé par Pierre Laurent, pour que le texte insère un dispositif évolutif de retour sur la décision de la candidature, en réalité une clause de revoyure qui ne dit pas son nom, et parachève l’installation de la candidature amovible.
Le second, cosigné par André Chassaigne, Frédéric Boccara et Evelyne Ternant, pour articuler différemment le texte entre présidentielles et législatives, en ne superposant pas publiquement les deux temps de campagne (ce qui n’empêche nullement des contacts locaux…) et en faisant du temps de la Présidentielle celui du débat de projets et de la confrontation d’idées, Nous y avançons l’idée d’un pacte «d’engagements communs» des forces de gauche et écologistes (dont législatifs mais pas seulement), à discuter et négocier au grand jour après l’élection présidentielle, en vue de renforcer le groupe communiste et le nombre des députés de gauche, si possible jusqu’à la victoire.
Amendement co-signé par André Chassaigne, Frédéric Boccara et Evelyne Ternant
Amendement concernant la réécriture du 4ème paragraphe du chapitre De la présidentielle aux législatives :
« Dans ce but, durant la campagne présidentielle, ils proposeront que se construise, au lendemain de l’élection, un pacte d’engagements communs entre toutes les forces qui s’y montreront prêtes, en lien avec le mouvement populaire, et sur la base de mesures remettant en cause les logiques capitalistes. Constitué sur un socle partagé de mesures immédiates, de propositions structurelles et d’ententes électorales, ce pacte d’engagements permettrait de renforcer, au sein de l’Assemblée nationale, le poids des communistes et celui de la gauche, ouvrant à la constitution, si le rapport des forces le permet, d’une majorité politique à même de sortir le pays de la crise. »
Le CN n’a pas consacré suffisamment de temps à la discussion sur ces amendements qui représentent pourtant les arrêtes du débat sur la démarche et le sens de la candidature communiste, pour en faire selon nous une candidature durable et efficace.
On ne peut régler les questions politiques par des synthèses factices et des artifices de formule. Il faut aller au fond du débat sur l’orientation de la campagne des Présidentielles. Les communistes doivent être éclairés sur les différences d’approche, et les trancher en connaissance de cause. Nous avons la volonté de contribuer de façon constructive à la transparence de ce débat.
Le point de vue de Denis Durand sur le déroulement du Conseil national
Le conseil national du PCF réuni le 13 mars s’est prononcé en faveur d’une candidature communiste à l’élection présidentielle de 2022. Fabien Roussel notre secrétaire national s’est déclaré disponible pour être candidat, ainsi que Grégoire Munck du 94 et Emmanuel Dan Tran du 75.
Les interventions au cours du Conseil national du 13 mars 2021
Interventions d’Evelyne Ternant, de Denis Durand, de Jean-Marc Durand, d’André Chassaigne et de Frédéric Boccara
Les propositions du PCF, reconstruire l’espoir : le texte adopte par le conseil national du 13 mars 2021
Ce texte a été adopté par le conseil national du 13 mars 2021 et c’est celui qui sera proposé lors de la conférence nationale.
Merci Denis de nous fournir ces explications.
Une première question qui me vient est en fait la légitimité réelle des membres du CN: doit-on considérer qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes à ce stade du débat ?
Par ailleurs, comment un responsable communiste peut-il s’abstenir? Les abstentionnistes sont-ils un même groupe de camarades qui auraient donc peut-être une 3ème position qui n’est alors pas explicitée, ce qui est très dommageable pour nous tous!
Pour ma part, ce que je ressens ou devine, c’est qu’il existe une position intermédiaire que j’ai exprimée maladroitement dans l’espace des contributions en vue de notre Conférence Nationale.
Celle-ci consiste à présenter un candidat communiste travaillant sur 2 axes: d’une part faire avancer le fond du débat en définissant ce qu’il devrait être, ceci au travers de la présentation de nos analyses et propositions, et d’autre part contribuer au rassemblement des forces de gauche.
Ce qui pourrait déboucher sur une candidature commune pour laquelle il faudrait définir comment elle sera choisie, ce qui exige une échéance.
Ce qui me dérange de plus en plus dans les interventions des camarades guidant le groupe ”En avant le Manifeste”, c’est le manque de courage pour aller jusqu’au bout de l’analyse de l’inanite de l’election présidentielle qu’ils placent finalement au-dessus tout, ce qui n’est donc pas être en ligne avec ses convictions.
Ce qu’il faut gagner, bien sûr pas n’importe comment, ce sont les élections legislatives après avoir éventuellement delegetimer les 2 candidats en lice au second tour de la présidentielle si aucun de gauche.
Pour que tous les communistes puissent débattre jusqu’au vote en mai prochain, c’est d’avoir toutes les alternatives correctement exposées. Dans le cas présent, je ne suis pas gêné de disposer de 2 fins de texte mais en fait j’aurais préféré 3 textes, en ajoutant celui de la position intermédiaire exposée ci-dessus.
Si nous patinons avec toutes les conséquences désastreuses que nous connaissons, c’est que nous ne sommes pas encore convaincus du bienfait du remue-méninges, si bien que de trop nombreux communistes ne s’expriment jamais, sauf dans les quelques votes secrets qui leur sont proposés. C’est totalement antinomique avec un engagement militant, et cela rend toutes les idées avancées de luttes réduites à peu, carrément mortes nées.
De grâce, évitons aussi de parler de tendance pour éviter que vous-mêmes apparaissiez comme telle, comme je le vois parmi les communistes, rares il est vrai, que je côtoie.
OUI , ce n’est pas le sommet des partis de gauche qu’il faut d’abord rassembler , mais les ouvriers , ingénieurs , cadres , techniciens , employés , la jeunesse , les sans emplois , ceux qui ne votent plus, sur une position de classe en rupture avec la logique du capital .Il faut une candidature communiste pour les présidentielles afin de faire ressortir les contradictions de la société actuelle et leur possible dépassement dans des luttes immédiates avec nos propositions . On a vu ce qu’ont donné les accords de sommet depuis 40 ans .
Pourquoi certains ne votent plus ? Pourquoi les gilets jaunes ? Pourquoi certains se perdent dans le vote extrême droite ? Cela est peut être du a 40 ans d’accords de sommet qui n’ont rien amélioré .