Conseil National

Conseil national du PCF – 30 janvier 2021

Le Conseil National lance en grand le processus de désignation d'un candidat communiste pour l'élection présidentielle avec un calendrier, l'ouverture d'un appel à candidature et d'une tribune de discussion. Fabien Roussel a présenté le rapport introductif : il y aborde surtout le démarrage du processus de désignation pour l'élection présidentielle. Il aborde aussi l’épidémie, la crise du capitalisme, la situation industrielle, la situation de l'emploi.

Vous trouverez ci-dessous des extraits des travaux du Conseil National qui lance en grand le processus de désignation d’un candidat communiste pour l’élection présidentielle avec un calendrier, l’ouverture d’un appel à candidature et d’une tribune de discussion. Fabien Roussel a présenté le rapport introductif : il y aborde surtout le démarrage du processus de désignation pour l’élection présidentielle. Il aborde aussi l’épidémie, la crise du capitalisme, la situation industrielle, la situation de l’emploi.

Concernant les régionales il a indiqué… parlant notamment de l’Île-de-France que dans notre parti, ce sont les adhérents qui ont le dernier mot, après avoir pris le temps d’en débattre le plus largement possible, en ayant tous les éléments du débat et des accords négociés avec telle ou telle force sur la base des objectifs nationaux que j’ai précisés. Qu’il faut produire beaucoup d’efforts pour que ces débats aient lieu et que l’on s’écoute. Et je redis ici que ces débats doivent se tenir dans les instances prévues pour cela, dans nos assemblées de cellule, de section, et dans nos conférences régionales…

Table des matières

Rapport de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Portrait de Fabien Roussel

Cher·e·s camarades, Je veux d’abord adresser à chacune et chacun d’entre vous mes vœux les plus fraternels pour cette nouvelle année, et ceux de bonne santé évidemment, et souhaiter en priorité à notre pays et aux peuples du monde de vaincre ce virus. La pandémie, si elle n’est pas la principale source de la crise dans laquelle est plongée notre pays, a, comme nous l’avons souligné il y a près d’un an désormais, considérablement approfondi et accéléré celle-ci. Tant au plan international qu’à l’échelle de l’Europe et de la France, la période est ainsi marquée par un accroissement des inégalités, des divisions, des affrontements entre les États et au sein même des nations. Avec de lourds dangers de dérives populistes, qui prennent le pas sur l’indispensable affrontement de classes et dont nous devons mesurer les menaces qu’elles font planer. Ainsi, la séquence électorale qui vient de se dérouler aux États-Unis a certes permis de mettre un terme à une expérience populiste, institutionnalisée jusqu’à la Maison-Blanche par l’arrivée au pouvoir de Trump, en 2016. Mais nous sommes lucides. Avec Joe Biden, les clés de tous les pouvoirs restent bien d’abord entre les mains des milieux d’affaires. L’enjeu pour le peuple américain est pourtant bien là : garantir le droit à la santé, lutter contre la pauvreté, le chômage, le racisme, le sexisme, car les suprémacistes blancs, guidés par Trump, ont pris du poids ces dernières années et restent une menace pour les États-Unis et le monde. Envahir le Capitole aux États-Unis, gracier Steeve Banon et voir Trump quitter la Maison-Blanche en disant « je reviendrai » montre que le fascisme reste une lourde de menace dans ce pays et pour le monde. Les résultats de dimanche dernier aux élections présidentielles au Portugal l’illustrent aussi : Le PCP y enregistre 4,2 %, le Bloco 3,9 %, mais la percée de l’extrême droite constitue un fait notable. Nous vivons dans le monde une succession de crises qui nourrissent les dérives populistes, autoritaires. Cette montée du populisme, du fascisme doit nous interpeler, car elle existe aussi en France, faute de perspectives politiques. Repliée derrière un Conseil de défense qui s’arroge de nombreux pouvoirs, la majorité actuelle crée toutes les conditions pour alimenter le désarroi populaire. Les annonces d’hier soir par le Premier ministre n’y changeront rien. L’organisation de la campagne vaccinale constitue un véritable scandale. Alors que c’est elle qui pourrait, à terme, nous éviter de nouveaux confinements et des restrictions de nos libertés. C’est le vaccin qui suscite l’espoir en cette nouvelle année 2021. C’est une prouesse technologique de la part des chercheurs du monde entier. Mais ces découvertes sont aujourd’hui entre les mains de l’industrie pharmaceutique qui a décidé de gagner encore plus d’argent sur la pandémie. Comment accepter l’idée que des vaccins contre cette pandémie existent, mais qu’ils ne peuvent pas être produits massivement sur toutes les chaines de productions du monde, car ils sont protégés par des brevets !! Quand on vend les vaccins au privé, on est privé de vaccin ! Pfizer vient de décider de livrer 100 millions de doses alors que l’Union européenne en a acheté 120 millions. De leur côté, AstraZeneca et Moderna annoncent qu’ils ne seront pas capables de livrer les doses prévues. Bref, ceux qui nous vantaient les capacités du marché à trouver la meilleure réponse sanitaire doivent bien constater que les logiques financières ont vite repris le pas, aux dépens des besoins de santé. Que dire de Sanofi qui décide de licencier 400 chercheurs en pleine pandémie ! Paul Hudson, son PDG, a pourtant bien empoché les 150 millions d’euros de crédit-impôt-recherche par an. Il a distribué 4 milliards de dividendes en 2020. Et lui-même se paye un salaire d’un million d’euros par mois ! C’est ce qui nous a conduits, avec Fabien Cohen, à prendre l’initiative d’un rassemblement, avec nos camarades du Val-de-Marne, nos parlementaires Laurence Cohen et Pascal Savoldelli, Christian Favier, le président du Conseil départemental, la maire de Gentilly, Patricia Tordjman, de nombreux élus et de militants du département, de la CGT, devant un des principaux établissements de ce groupe, à Gentilly mercredi dernier. Nous avons été les premiers à demander que les vaccins découverts soient libérés des brevets, des licences déposées par les laboratoires. Plusieurs fédérations ont d’ailleurs distribué le tract national devant les sites Sanofi, dans l’Hérault, dans le Loiret, ou encore en Gironde. En cas d’urgence sanitaire, quand le marché est incapable de répondre aux besoins, la loi permet de réquisitionner les usines, et les licences pour répondre aux besoins. Aujourd’hui, vous imaginez bien que le président de la République et tous les gardiens du dogme libéral au sein de la Commission européenne ne veulent pas en entendre parler !! Et de nombreuses voix s’élèvent, comme Patrick Pelloux, ou Axel Kahn, comme le professeur Benarus qui a publié une belle tribune dans l’Humanitésur ce sujet, pour porter cette même exigence, la seule permettant de faire des vaccins contre la Covid-19 un bien commun pour l’humanité. De nombreux chercheurs et chercheuses de plusieurs pays avaient déjà publié un appel dans ce sens, dès le mois de mai, dans une tribune diffusée par la revue Progressistes.

Le Premier ministre grec, le gouvernement d’Afrique du Sud appellent également à lever les brevets sur les vaccins. Enfin, ce combat contre le virus montre l’urgence de bâtir dans notre pays un pôle public de santé, de la production des médicaments, des vaccins, jusqu’aux soins, proposition que nous portons à travers un texte de loi des parlementaires communistes. Cette bataille met aussi en exergue la nécessité de donner plus de moyens à la recherche publique, à la recherche fondamentale: en France, un chercheur débute avec un salaire de 1756 euros au 1er échelon alors que c’est le triple en Allemagne ou aux États-Unis. Les moyens consacrés à la recherche publique ne dépassent pas les 2% du PIB en France alors qu’ils atteignent 3% en Allemagne. Une grande part de l’argent public dans ce domaine alimente de fait les 6,4 milliards d’euros du cré-dit-impôt-recherche essentiellement destiné aux grands groupes, plutôt que de financer la recherche publique. Vous le voyez, nous avons beaucoup à dire sur cette question, pour nous adresser notamment aux chercheurs, aux ingénieurs, aux techniciens. Amplifions la campagne européenne «Pas de profits pour la pandémie», pour demander la levée des brevets et qui rencontre aussi les préoccupations populaires, comme en témoigne la réussite de la journée de mobilisation d’il y a deux semaines, là où elle s’est organisée. C’est un formidable levier pour rencontrer les Français, débattre avec eux des causes de cette crise, mais aussi des perspectives pour en sortir.«S’en sortir»! Voilà ce que nous devons porter, car c’est possible! C’est pour traduire cet espoir que j’ai proposé l’idée d’un pacte avec les Français, face à cette pandémie. Oui, nos concitoyens sont de plus en plus réticents à subir un confinement. Des mesures difficiles parce que contraignantes, pour lutter contre cette flambée épidémique peuvent être prises s’il y a transparence, s’il y a une trajectoire à moyen et long terme, une politique économique et sociale efficace qui empêche les plans sociaux, la pauvreté, une campagne de vaccination de masse et un soutien à nos hôpitaux publics. Les Français ont le sentiment – légitime – de subir, seuls les effets de cette pandémie. C’est le cas de tous ces salariés, les secondes lignes, comme les femmes de ménages, les caissières, toutes ces professions qui continuent de travailler, au contact avec le public. Pour ces travailleuses et travailleurs, 7 contrats sur 10 sont des CDD. Les emplois sont partiels, les salaires sont bas, la précarité explose. Tout comme ces commerçants, ces artisans que j’ai rencontrés en Seine-Maritime, à l’invitation d’Hubert Wulfranc, qui me disent combien, avec leurs salaires, ensemble, ils souffrent de cette situation, des primes d’assurance et des loyers à payer alors qu’aucune recette ne rentre! Comment ne pas comprendre, de leur part, la colère à l’approche d’un nouveau confinement !

Nous l’avons dit dès le printemps dernier: cette crise révèle la véritable portée de toutes ces poli-tiques libérales, de baisses des dépenses publiques utiles, qui ont, gouvernement après gouvernement, marqué notre pays. Elle met en accusation un système qui a affaibli nos services publics, désindustrialisé le pays et porté atteinte à notre souveraineté économique, y compris en matière sanitaire. Pire, elle est utilisée opportunément par le capital pour accélérer les opérations de restructuration des groupes et des filières, organiser le déménagement industriel, aiguiser cette compétition économique entre les hommes et entre les territoires. Le monde du travail, de l’ouvrier à la soignante, de l’artiste à l’agriculteur, de l’ingénieur au commerçant paie lourdement cette crise.840000 emplois supprimés en 2020! Ces chiffres ne tiennent pas compte des non-salariés, ces artisans et commerçants qui ont tout perdu cette année. Et ce malgré les 560 milliards d’euros d’argent public mis sur la table par le gouvernement, sous forme de prêts et de subventions bien mal utilisés. Le monde du travail, la jeunesse, les retraités, eux, paient aussi lourdement la crise avec des factures qui s’envolent et des pensions, des salaires, des aides qui stagnent. Tout comme la vie associative. J’ai rencontré, à l’initiative de Marie-Jeanne Gobert, en présence d’Eliane Assassi, les responsables nationaux de plusieurs fédérations associatives. Ce sont plus de 60000 emplois qui sont menacés par la crise sanitaire et l’absence d’activité, la perte d’adhérents, de licenciés. Ils ont besoin d’un accompagnement plus fort. Mais cet accompagnement financier ne peut pas reposer essentiellement sur les finances publiques. Et c’est là que le bât blesse dans la politique du gouvernement qui fait reposer essentiellement l’effort de la crise sur la dépense publique, sans solliciter les assurances, les banques, les profits et même les grandes fortunes. Le capital n’est pas mis à contribution. Pourtant, il y a besoin d’injecter encore beau-coup d’argent dans l’économie pour compenser l’arrêt de certaines activités, pour soutenir nos communes, pour soutenir la jeunesse, nos services publics, pour maintenir dans l’emploi, en formation ou dans le chômage partiel, des centaines de milliers de salariés. Il y a aussi besoin de porter une exigence plus forte sur l’utilisation de l’argent public pour qu’il soit utile à la création d’emplois et à la transition écologique. Et puis, il y a les multinationales, les grands groupes: ce sont plus de 200000 emplois d’ores et déjà menacés par des PSE. Michelin, Vallourec, Danone, Airbus, Air France, ADP, Bridgestone, Total, Renault et j’en passe, tant la liste est longue. C’est une saignée sans précédent. Oui, ils font le choix de dévitaliser le pays, de l’affaiblir. Les conséquences pour l’emploi, pour les sous-traitants, pour nos collectivités, pour le climat sont ter-ribles. Nous avons pris le parti de rendre visible notre engagement aux côtés du monde du travail.

Lors de ma visite en Seine-Maritime, accompagné d’Aurélien Lecacheur, de Céline Brulin, et à l’invitation d’Hubert Wulfranc et de la fédération de Seine-Maritime, j’ai pu rencontrer en une journée, les salariés d’un site de Vallourec promis à la fermeture, ceux d’EDF mobilisés contre le projet Hercule, de Sanofi, de la SNCF et enfin les gérants ou patrons de petites entreprises de l’événementiel et de la culture.Partout, je mesure à la fois la colère, les attentes vis-à-vis des responsables politiques.De telles rencontres ont lieu dans toute la France, comme avec les camarades de l’Hérault auprès des salariés de Schneider, ceux de la Nièvre avec les équipementiers automobile, ceux du Pas-de-Calais auprès des Bridgestone, ou encore toutes les fédérations mobilisées pour exiger des recrutements massifs dans les hôpitaux.N’oublions pas de nous adresser aussi aux commerçants, aux dirigeants des TPE-PME qui doivent payer ce trimestre leurs cotisations d’assurances, leurs loyers alors que leur activité est fermée ou fortement impacté.Un gérant d’une boîte de l’événementiel exprimait sa colère, à Oissel, en nous expliquant qu’il a dû payer 8000 euros d’assurances pour ce trimestre. Un autre ne sait pas comment il va aussi rembourser les prêts garantis par l’État dans les prochains mois, alors que son entreprise est toujours fermée.Le Medef aime bien parler des «charges» en pointant les cotisations, mais c’est à nous, de pointer les vraies charges qui pèsent sur ces PME, les charges financières des banques et des assurances notam-ment.Ce travail en direction des entreprises, par branche, nous amène aussi à relancer ou redynamiser des réseaux communistes, à l’image des cheminots, des salariés de Thales, de l’aéronautique, de La Poste ou encore de General Electric et plus globalement de tout le secteur de l’énergie, qui sont d’ailleurs à l’initiative de nos états-généraux de l’énergie, le 13 février prochain. Sur ce sujet, la belle campagne des énergéticiens contre le projet Hercule qui vise à éclater les différentes activités d’EDF et à privatiser l’activité hydraulique. Cette campagne est l’occasion, avec nos parlementaires, de pousser sur la nécessité d’une vraie maîtrise publique de la production d’énergie en France, nucléaire et renouvelable. C’est la seule voie possible en vue d’un mix énergétique d’ici 2050, répondant aux exigences d’une neutralité carbone en 2050, tout en répondant aux besoins d’approvisionner nos concitoyens, nos en-treprises, notre industrie, avec une énergie pilotable, peu chère et décarbonée. Je voudrais aussi saluer nos camarades de la JC et de l’UEC qui mènent une belle campagne en direction de la jeunesse et mettant le gouvernement face à ses responsabilités. Les conditions de vie de millions de jeunes sont dramatiques, au point parfois de pousser certains d’entre eux pire. La réponse du pouvoir, avec les repas à un euro par jour, est bien évidemment très en deçà de la situation catastrophique que vivent les étudiants, mais aussi les jeunes salariés et sans-emplois. Nous serons avec eux pour porter plus fort encore l’exigence d’un revenu étudiant qui ne soit pas en deça du seuil de pauvreté, pour qu’un emploi ou une formation soit proposé à chaque jeune qui finit ses études et entre sur le marché du travail!

J’invite d’ailleurs les directions du parti à se saisir du beau travail réalisé par Marie-George Buffet sur les effets de la pandémie sur notre jeunesse. Il y a dedans de nombreux arguments et propositions que nous pouvons aussi faire connaître. Organisons des débats dans nos fédérations sur cette question. Nous pouvons aussi le faire en lien avec les états-généraux de l’éducation, désormais lancés par les camarades du réseau École sur la base d’un appel de 100 personnalités publiée par l’Humanité. Vous le voyez, de nombreux secteurs sont à l’initiative et je ne peux pas citer tout ce qui se fait actuellement. Il y a aussi la victoire des associations féministes qui ont réussi à conserver la maîtrise du numéro d’appel 3919 en empêchant le gouvernement de lancer un appel d’offres sur la gestion de cette ligne qui restera donc gérée par les associations. Il y a aussi la victoire des élus signataires de l’appel de Grigny et de notre cama-rade Philippe Rio qui exigeaient un plan de relance consacré aux communes concentrant de nombreuses difficultés. Hier, ils ont obtenu du Premier ministre, en déplacement à Grigny, 3,3 milliards d’euros et la création de plusieurs centaines de postes de médiateurs, d’éducateurs spécialisés, d’agents Pôle emploi et le prolongement de plusieurs dispositifs. « Il ne faut pas faire la fine bouche », dit Philippe, car tout cela converge avec ce que nous demandons. Il y a, enfin, la mobilisation des salariés de Grid, à Villeurbanne, en grève contre l’arrêt de la production pour les centrales nucléaires et l’hydro-électrique. Le seul établissement en France à faire ce travail ! Grâce à leur mobilisation, et je me suis rendu sur place en fin d’année dernière pour les soutenir, la délocalisation de cette activité est stoppée et 104 emplois sont à ce jour sauvés sur les 200 initiale-ment prévus. Voilà ce qui doit nous encourager, nous pousser à soutenir celles et ceux qui luttent encore aujourd’hui. Mais la prochaine mobilisation sera celle du 4 février prochain, aux coté des salariés pour une mobilisation interprofessionnelle.

Nous appelons à y participer nombreux.J’en viens à la préparation des échéances électorales de 2021 et de 2022.Nous menons, partout dans nos régions et nos départements, le débat pour mettre en œuvre les décisions que nous avons prises en conseil national pour les deux élections, régionales et départementales, de juin prochain:

• porter des propositions ambitieuses pour nos départements, pour nos régions comme celles présentées par Evelyne Ternant: défense de nos services publics, refus de la privatisation des TER, accès aux transports collectifs, développement de la formation professionnelle, lutte contre la pauvreté, actions en faveur du climat et de la biodiversité, soutien aux communes, contrôle des aides publiques aux groupes, développement de l’industrie, conférence régionale pour l’emploi,…

• faire gagner ces idées en les mettant au cœur de dynamiques politiques avec les forces vives de nos territoires, en les discutant avec le mouvement social, les citoyens engagés, en concluant des accords que nous signons ou discutons actuellement avec les autres forces de gauche et obtenir le plus d’élus communistes possible pour les mettre en œuvre ;

•chercher le rassemblement le plus large, au premier puis au second tour, pour battre les représentants du pouvoir national, les droites et l’extrême droite. Discutons avec toutes les forces de gauche et écologistes, car notre objectif est de faire gagner ces propositions, de faire gagner des majorités de gauche écologistes. Nous aurons donc des accords avec l’ensemble de ces forces, aux départementales comme aux régionales. J’espère, comme nous l’avons toujours dit, que nous arriverons a convaincre nos partenaires de nous soutenir à la tête de plusieurs régions, la Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France, tout comme nous nous engageons à créer toutes les conditions pour conserver à gauche les régions et les départements gagnés en 2015. Ce n’est pas fait, mais nous continuons dans ce sens. Avec, nous concernant, l’enjeu très important du Val-de-Marne. Les discussions s’accélèrent. Tant mieux. Et les adhérents voteront sur chacun de ces choix.

En Île-de-France et en Occitanie, les votes ont lieu ce weekend. Dans notre parti, ce sont les adhérents qui ont le dernier mot, après avoir pris le temps d’en débattre le plus largement possible, en ayant tous les éléments du débats et des accords négociés avec telle ou telle force sur la base des objectifs nationaux que j’ai précisés. Le confinement ne rend pas la chose facile. Il faut produire beaucoup d’efforts pour que ces débats aient lieu et que l’on s’écoute. Et je redis ici que ces débats doivent se tenir dans les instances prévues pour cela, dans nos assemblées de cellule, de section, et dans nos conférences régionales, et que le choix ainsi fait doit être respecté par tous. Pierre Lacaze pourra faire dans le débat un état des lieux des propositions et des décisions dans chaque région et dans chaque département. Présidentielles et législatives. J’en viens aux échéances de 2022 et en particulier à la présidentielle, qui nous a conduit à convoquer une conférence nationale, les 10 et 11 avril prochains. Ce quinquennat débouche sur une situation catastrophique pour des millions de salariés, de jeunes. 10 millions de pauvres, 7 millions de chômeurs, des millions de jeunes sans avenir, l’horizon bouché pour la majorité des femmes et des hommes qui veulent vivre dignement de leur travail. Il va s’achever sur une dévitalisation sans précédent de notre appareil productif avec des délocalisations et des abandons de production massifs, avec un recul historique de notre souveraineté économique et particulièrement de notre souveraineté industrielle, mais aussi de notre recherche, privée, mais aussi publique. Il est aussi celui des mises en cause des principes fondamentaux de notre République et de grands reculs démocratiques, avec les atteintes insupportables aux libertés, mais aussi une présidentialisation à outrance de nos institutions.

Il est aussi la perte de souveraineté démocratique avec la soumission de notre politique économique aux lois du marché comme à celle des traités européens‧ll est enfin celui des renoncements, dans la lutte pour le climat, pour la défense de notre exception culturelle, pour l’égalité professionnelle femme-homme.La nation française, à l’instar d’ailleurs de beaucoup d’autres, se sent humiliée par la destruction de ses capacités productives, sa perte de souveraineté, le mépris des possédants. Jamais à ce point depuis longtemps, les questions de justice sociale et de souveraineté n’ont été aussi imbriquées.Hormis l’accélération des politiques de destruction des grandes conquêtes populaires, les forces du capital se révèlent incapables de répondre aux besoins humains.Et la gauche est très affaiblie.Bien sûr, d’intenses réflexions la traversent, chacun doit bien enregistrer la catastrophe à laquelle le social-libéralisme nous a collectivement menés. Nous entendons être de tous ces débats. Mais, globalement, il n’apparaît pas de solution d’espoir pour les classes populaires, le monde du travail, celles et ceux qui créent les richesses et qui tiennent la France debout au milieu des épreuves. C’est ce que confirment les records d’abstention qui se succèdent, y compris lors des élections jusqu’alors épargnées. Bref, le moment est d’une exceptionnelle gravité. Nous affrontons une crise généralisée, qui est de celles qui nourrissent les tentations autoritaires, bonapartistes, fascisantes. Nul ne sait comment le champ politique évoluera d’ici quelques mois. Mais nous voyons déjà se chercher des reclassements, des recompositions, des alliances tacites du côté des droites et des extrêmes droites. Toute son histoire en fait foi, notre parti n’a jamais fait le jeu du pire. Il ne se résout donc pas aujourd’hui à ce vide politique à gauche. D’autant que, je le vois à l’occasion de toutes les initiatives aux-quelles je participe partout en France, il existe des trésors d’inventivité, de créativité, de combativité, d’engagement parmi les hommes et les femmes qui se battent pied à pied contre la destruction de ce qui fait la richesse du pays. Ceux-là, celles-là sont la richesse de la France, comme le disait si bien Jean Jaurès. Mais ils ne trouvent pas de réponses à la hauteur de leurs attentes du côté de la gauche. La division de la gauche et des écologistes est souvent mise en cause. Elle est évidemment un pro-blème. Mais c’est un leurre pour éviter de pointer la faiblesse de la gauche, de chaque force de gauche, pour éviter à ces forces de gauche de traiter cette question.Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui la construction d’un rassemblement populaire, d’un front populaire, l’union du peuple pour arracher des victoires?C’est justement le rôle du Parti communiste français de s’attaquer à cette réalité. C’est son rôle d’œuvrer à une alternative progressiste, à construire cette union populaire, dans l’action. Et, pour cela, il doit retrouver son influence, reconquérir son électorat, retrouver sa force pour qu’elle serve à construire les rassemblement les plus larges, dans les luttes, comme dans les autres échéances; je pense en particulier aux législatives qui constituent une échéance majeure.

Le débat de l’échéance présidentielle ne peut se réduire à battre Macron et Le Pen, car le formuler ainsi ce serait s’enfermer dans le scénario que le pouvoir veut imposer. Bien évidemment, la question de l’alternative ne peut être évacuée et jamais notre parti ne s’est engagé dans une bataille pour témoigner. La question qui nous est posée est précisément de se donner les moyens que nos idées entrent en grand en dialogue avec la société française pour élever le niveau de conscience, pour créer les conditions d’une alternative de gauche, avec un PCF renforcé en son sein.Dans ce contexte de crise aiguë, de doute populaire, il y a besoin d’espoir autour d’un projet et c’est ce que nous voulons faire en défendant un projet communiste, féministe, écologiste, pour reprendre le pouvoir sur l’argent. La question est donc bien de donner de la force à ce projet et de lui donner de la force au sein de la gauche!Mais aujourd’hui, les forces de gauche, dont la notre, sont souffrent d’abord de la faiblesse de leur in-fluence et de leurs idées, pour être motrices d’une dynamique victorieuse.•la candidate du PS est à 6%;•les verts à 10%, contre 13,5% aux dernières européennes;•Jean-Luc Mélenchon est à 10%-11%, loin des 20% de 2017.Où sont leurs électeurs leurs électrices? Combien sont ils à ce jour à se réfugier dans l’abstention? Pourquoi perdent-ils encore des électeurs‧trices ? De plus, jamais un candidat de gauche, depuis 1974, n’a gagné une élection présidentielle quand l’addition des forces de gauche était à ce niveau, autour de 25%. Quand la gauche gagne, en 1981, 1988 et en 2012, le total des voix de gauche au 1er tour était de 43% minimum! L’objectif est donc bien d’aller reconquérir les cœurs et les consciences d’un électorat populaire per-du, déçu, qui ne vote plus ni pour les uns, ni pour les autres ou même qui se trompe de colère en vo-tant à droite ou à l’extrême droite. Nous avons donc un rôle à jouer, une ambition à porter, pour la France mais aussi pour la gauche. Car nous, le PCF, quel que soit notre résultat, notre influence, nous la mettons toujours au service de nos concitoyens pour obtenir des avancées sociales par les luttes et les conquêtes dans les institutions.Nous ferons le choix de faire élire plus de députés communistes et de faire partout barrage à l’élection de députés de droite et d’extrême droite. Imaginez, si nous avions, nous, recueilli 20% lors des dernières élections présidentielles: oui, cette force aurait été mise à disposition du monde du travail, comme des forces de gauche, pour gagner des batailles, pour construire des rassemblements. Voilà notre différence avec ceux qui renoncent à construire ces rassemblements dans les luttes et dans les échéances électorales.Et c’est cette même ambition de rassemblement qui doit nous animer pour gagner les élections législatives où, quel que soit le résultat de la présidentielle, nous devrons renforcer le poids de la gauche à l’Assemblée nationale, et donc celui du groupe communiste, voire à construire une majorité si les conditions le permettent.

La présidentielle, dont nous continuons de contester la primauté sur l’organisation de nos institutions et de notre vie démocratique, encore plus depuis l’adoption du quinquennat et de l’inversion du ca-lendrier électoral, constitue, qu’on le veuille ou non, un temps majeur du débat politique dans le pays.Nous n’y avons pas participé depuis près de 15 ans désormais, en tout cas, pas en tant que force poli-tique qui présente un candidat et un projet pour le pays.Nous allons donc désormais engager le débat et nous préparer à ces échéances présidentielles et lé-gislatives, comme décidé par les communistes lors de notre dernier congrès.Et c’est une discussion approfondie que les communistes doivent mener en toute souveraineté, et c’est la raison pour laquelle nous devons travailler avec soin les moyens démocratiques exceptionnels dont nous nous dotons dans le contexte si particulier lié à la pandémie.C’est un débat qu’il leur faut aussi conduire dans le pays, au plus près des acteurs et actrices du mou-vement social, en lien avec les batailles sociales et politiques, et elles sont nombreuses.C’est l’objet de la préparation de notre conférence nationale dont l’objet ne peut se réduire à candidature communiste ou pas, et avec quel candidat.Si le parti prend cette décision importante de présenter un ou une candidate en 2022, elle doit être issue d’une large réflexion de tout le parti, des cellules et sections jusqu’à la conférence nationale, sur le sens d’une telle candidature, sur les contenus qu’elle doit porter, sur les électeurs et les forces qu’elle entend mobiliser, sur les objectifs que nous nous fixons, dans chaque département, sur les législatives.Ceci impose beaucoup de rigueur dans tous les actes de direction, une volonté permanente d’associer toutes et tous au débat. Nous proposons pour cela un calendrier qui permet d’ouvrir la réflexion sur le projet dès maintenant, avec un site bientôt prêt qui recueillera les réflexions, les contributions sur ces deux échéances importantes, les présidentielles comme les législatives. Ces contributions peuvent déjà être transmises et seront publiées dans CommunisteS, en attendant l’ouverture du site. Dans la mesure du possible je souhaite que les cellules, les sections, les conseils départementaux puissent écrire des PV, leurs réflexions et qu’elles puissent les faire parvenir à Christian Picquet et Eliane Assassi qui travaillent sur le projet de texte qui sera présenté lors du conseil national du 13 mars. Entre maintenant et le 10 avril, date de notre conférence, les communistes auront donc 70 jours pour se réunir, réfléchir, écrire et faire remonter leurs avis. Il faut y associer tous nos adhérents. Fixons-nous l’objectif de réussir un bel exercice démocratique, malgré la pandémie, malgré les me-sures de couvre-feu. Soyons innovants, audacieux. On peut se réunir par groupe, de 10, 15 ou 20. C’est dans cet esprit que je vous propose de réunir 1000 délégués pour cette conférence nationale, à parité, j’y insiste.1000 délégués c’est un exercice démocratique ambitieux dont l’objectif est d’associer le plus de communistes à la réflexion.

Au lieu de nous réunir à Paris, dans des conditions qui seront peut être interdites par un éventuellement confinement, nous proposons d’utiliser les sièges des fédérations qui pourront accueillir, dans toute la France, les délégués de chaque département. Nous serons la seule force politique à réussir cela et à donner de la force à nos choix, à nos idées. C’est aussi pour que les adhérents aient toutes les cartes en main, et cela le plus tôt possible, que nous lançons l’appel à candidature lors de ce conseil national. Si nous décidions de le faire plus tard, cela conduirait à reconvoquer un conseil national et mettre en débat les possibles candidats début avril. Ne créons pas des conditions difficiles pour les cellules, les sections qui demandent du temps pour organiser nos discussions. Elles ont beaucoup à dire sur le sens de la décision que prendra notre parti. J’appelle à ce que ces débats soient respectueux de chacun, même si je sais que ces débats seront passionnés. Nous sommes bien autre chose que des amis sur Facebook, nous sommes des camarades. Dans l’histoire de nos cent ans, malgré les crises, les déchirures, s’est forgée aussi l’image, la réputation d’un parti solidaire et fraternel qui a survécu jusqu’ici. Nous en sommes les héritiers et devons la transmettre. J’ai déjà dit au conseil national mon point de vue sur le sujet. J’ai même évoqué ma réflexion sur le rôle que je pouvais assumer si nous décidions de présenter un candidat, comme je le crois nécessaire.

Je confirme ces réflexions et vous informe en toute transparence que je répondrai à l’appel à candidatures tel que le propose notre projet de résolution.

André Chassaigne

Le projet communiste doit être porté dans le débat présidentiel

Notre pays va sortir exsangue de la crise.

Des millions de Français supplémentaires auront basculé dans le chômage, la pauvreté et le désespoir.

Notre Sécurité sociale, réceptacle d’une partie de la dette contractée pour les soutiens publics sera attaquée frontalement, dans ses moyens comme ses fondements.

Nos services publics seront la cible prioritaire pour rembourser la dette et offrir de nouveaux marchés au privé.

Notre tissu industriel aura subi « l’ajustement structurel » imposé par le capital entraînant perte de savoir-faire et de centaines de milliers emplois indispensables au redressement du pays.

Partager ces constats, c’est déjà nous projeter sur l’utilité des communistes.

Cela doit nous conduire à préciser l’originalité et l’efficacité des mesures politiques que nous sommes à même de présenter au pays, en faisant en sorte que notre projet communiste soit en lien direct avec les urgences de notre temps.

Pour cela, y a-t-il d’autres moyens plus efficaces pour répondre à l’urgence sociale que l’extension de la Sécurité sociale et la maîtrise collective de ses financements, que des services publics confortés et étendus, de nouveaux droits sociaux pour les jeunes, les actifs et les retraités, qu’une action déterminée contre les prédateurs de la finance et l’évasion fiscale ?  

Estimons-nous qu’il y a d’autres mesures plus efficaces pour répondre à l’urgence climatique qu’une planification énergétique contraignante et un mix électrique totalement décarboné grâce à la reconstruction d’un service public unifié et le maintien de nos filières nucléaire et hydraulique ?

Y-a-t-il d’autres moyens plus efficaces que de grands chantiers publics en faveur du ferroviaire et de la rénovation des logements, qu’une reconquête industrielle fondée sur des droits nouveaux pour les salariés, indispensables pour assurer la maîtrise des productions, le contrôle des investissements et mettre en œuvre une sécurité d’emploi et de formation ?

Y a-t-il d’autres moyens plus efficaces pour répondre à l’urgence économique que des réorientations « systémiques » en matière de politique de crédit et de création monétaire par les banques centrales ?

Estimons-nous enfin qu’il y a d’autres moyens plus efficaces pour relever la démocratie et la citoyenneté que de redonner des pouvoirs depuis les lieux de travail jusqu’à nos institutions les plus proches que sont nos 35 000 communes ?

Ce projet communiste doit être porté dans le débat présidentiel.

Voilà pourquoi je n’ai jamais été partisan de corseter le débat des communistes derrière des analyses qui invoquent la « raison » ou les choix « par défaut ».  

Aussi, je rejette l’attitude qui consiste simplement à commenter les sondages plaçant la gauche autour de 25 % (en y incluant les forces écologistes), pour en déduire la nécessité de construire une offre présidentielle unique à gauche, censée séduire par elle-même un électorat qui ne se reconnaît plus dans la gauche ou qui ne voit plus l’intérêt de se déplacer au bureau de vote.

Ne répondons pas à cette échéance présidentielle par de vieux réflexes en mettant en avant la difficulté de faire les choses et prenons plutôt en compte la nécessité de les faire.

Notre travail doit inscrire dans une perspective de long terme des propositions novatrices dans tous les interstices encore ouverts au débat démocratique dans le moment si particulier qu’impose le scrutin présidentiel.

Ma conviction, c’est que les mesures transformatrices du Parti communiste français sont plus que jamais indispensables dans la construction d’une alternative politique réelle. D’abord parce que jamais notre société n’a été autant imprégnée par la culture néolibérale. Ensuite parce que nous sommes une force en capacité de faire vivre et de retravailler ces propositions au contact du terrain, avec notre forte capacité de rassemblement.

Il est temps de se projeter sans plus tarder dans ce travail de présentation et de confrontation d’idées, en premier lieu avec les classes populaires et le monde du travail, véritable Quart-monde pour la monarchie présidentielle.

Et j’ai aussi la conviction que ce travail communiste ne peut s’enclencher et s’incarner qu’avec l’annonce de la candidature à l’élection présidentielle du premier représentant des communistes, Fabien Roussel.

D’autant plus que ce travail immédiat sera non seulement le plus utile pour rendre crédibles toutes les campagnes électorales à venir, départementales, régionales et législatives, mais aussi le plus efficace pour affronter toutes les péripéties et incertitudes qui peuvent encore accompagner notre trajet vers 2022.

Intervention de Denis Durand (Paris)

Je rejoins un point, et un seul, de l’intervention de Pierre Laurent: la façon très antidémocratique et très propice à la division dont a été préparée la conférence régionale en Île-de-France est l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire pour nos prochains débats. La course de vitesse entre le virus et les moyens de le combattre n’est pas le seul aspect angoissant de la situation. En ce moment, l’économie – et avec elle toute la société – ne tient que sous perfusion d’argent apporté par les États avec un financement plus ou moins direct par les banques centrales. La BCE a augmenté son bilan de 2000milliards d’euros depuis mars2020. Les autres grandes banques centrales en ont fait autant. Elles vont continuer, même si la pandémie se calme, car si elles arrêtent, l’économie s’effondre, à commencer par les Bourses qui sont l’objet de toute leur sollicitude. Mais jusqu’où? Combien de temps l’économie peut-elle tenir en apesanteur avec de l’argent qui coule à flot pendant que la création de richesses s’effondre? Ça donne le vertige. Tout dépendra d’une chose: aujourd’hui, et demain si l’épidémie reflue, est-ce qu’il y aura assez de femmes et d’hommes sur la planète, avec une bonne formation, pour créer efficacement les richesses indispensables à tous les habitants de la planète pour manger à leur faim, accéder aux médicaments, à l’eau, à l’énergie, aux informations, aux services essentiels qui sont la condition d’une vie civilisée? C’est pourquoi il n’y a rien d’aussi important, pour aujourd’hui et pour l’avenir, que de sécuriser l’emploi et la formation: c’est répondre aux exigences sociales immédiates et c’est la condition vitale d’une issue à la crise. Évidemment, faire ça n’est pas rentable! Ça augmente le coût du travail! Mais c’est bien de cela qu’on crève aujourd’hui et qu’on risque de crever au sens propre demain: la rentabilité capitaliste! Les grands groupes suppriment des emplois à tour de bras avec la bénédiction des marchés financiers. Macron les aide et refuse toute embauche dans les services publics au nom du cantonnement de la dette! Ils préparent donc une catastrophe sociale et écologique comme relais delà crise sanitaire et économique. Mais la gauche dans l’état où elle est aujourd’hui ne peut pas relever ce défi. Redistribuer par l’impôt des richesses que le capital ne veut plus créer? faire payer les dégâts du capital par la collectivité en faisant de l’État l’«employeur en dernier ressort» comme le propose Jean-Luc Mélenchon? Voilà autant de façons dérisoires, non pas de corriger les défauts du capitalisme comme ils le croient, mais bien plutôt de l’assister dans son œuvre de destruction de la civilisation. C’est ridicule! Aucune chance de réaliser un rassemblement majoritaire sur ces bases. Aucune chance de faire face à la poussée de Marine Le Pen. C’est bien pourquoi la présence dans l’arène politique, avec une candidature communiste à l’élection présidentielle, de la seule force qui axe son action sur la bataille contre la domination du capital est une nécessité vitale. Pour la gauche et son unité, pour battre la droite et l’extrême-droite, pour le peuple de France et même au-delà. Pas une candidature identitaire ou de témoignage, trois petits tours et puis s’en va!La priorité, pour y parvenir, est de marquer beaucoup plus fortement, dans notre résolution, l’importance structurante de notre campagne pour l’emploi dans notre bataille pour des objectifs immédiats ouvrant la perspective d’un changement politique à la hauteur de la crise que nous vivons. Dans les premières étapes de cette campagne, nous avons constaté que l’objectif d’éradication du chômage fait mouche chez nos interlocuteurs. Mais c’est un objectif qu’on n’atteindra pas par décret. C’est l’objet d’une bataille qui va jusqu’au dépassement du marché du travail capitaliste mais qui commence maintenant dans les luttes contre les suppressions d’emplois, pour les embauches massives dans les hôpitaux et dans tous les services publics avec des pré-embauches de jeunes, avec un plan d’urgence pour sauver nos millions de PME-TPE en les émancipant du coût du capital. C’est une bataille dans laquelle les élections régionales sont une étape stratégique avec notre exigence de conférences régionales pour l’emploi, la formation et la transformation productive et écologique.

Intervention de Pascal Joly (Val-de-Marne)

Nous sommes encore loin du choc social qui se profile, consécutif à la crise économique amplifiée par la crise sanitaire. Chaque jour, des plans massifs de suppression d’emplois sont annoncés ; on mesure donc à quel point la question de l’emploi devient une question vitale pour des millions de gens, et l’enjeu politique des prochaines échéances électorales. Notre proposition de sécurisation de l’emploi et de formation peut trouver sur le travail un écho certain si nous savons la faire vivre concrètement, et être un axe de reconquête du monde du travail, comme notre dernier congrès en a affirmé la nécessité. Cela peut nous aider à regagner une conscience politique et dynamiser les luttes sociales que nous devons soutenir ou impulser. En claire, remettre de la conscience de classe dans les luttes. Nous sentons bien le piège politique qui nous est tendu, en essayant de nous enfermer, dans ce que Fabien Roussel a qualifié, à juste titre, de duo entre Le Pen et Macron. Un scénario imaginé par l’Élysée et orchestré chaque jour par les médias. Rien n’est joué à 15 mois de l’élection présidentielle. Ce scénario peut être bousculé. Mais nous ne pourrons pas le contrer par des raccourcis politiques et des appels désespérés, et au final, désespérants, à un hypothétique rassemblement censé nous protéger de ce scénario. Ce serait réitérer ce qui a déjà échoué et abdiquer la nécessaire reconquête de la conscience politique sur un socle de classe. Et alimenter encore un peu plus le manque de perspective et de désespoir qui se traduit depuis un moment par une désaffection grandissante des urnes. Notre tache politique est de nous inscrire dans une patiente, mais déterminée reconquête politique. Nous devons donc inscrire notre démarche dans cet objectif. Toutes les tentatives de réponse de type Keynésienne ou social démocrate, qui ne s’attaquent jamais au pouvoir du capital, ne font pas le poids face à l’ampleur et à la profondeur de la crise actuelle. La seule réponse de répartition des richesses, est nécessaire, mais insuffisante, si rien n’est fait pour toucher au pouvoir du capital. Dans les entreprises et en s’attaquant au pouvoir des banques et de la finance. La hauteur des réponses que demande la crise nous ouvre un espace politique réel. La question est de savoir si nous l’investissons, en espérant la déléguer à d’autres en leur laissant le terrain libre et alimenter des idées qui ont toutes mené à l’impasse dans laquelle nous avons lentement glissé. Mon expérience de militant syndical, me fait affirmer que la seule addition de sigles syndicaux, en haut d’une déclaration ou d’un tract, au détriment du contenu, n’a jamais été un facteur de mobilisation de masse, et a souvent contribué à brouiller la hauteur des réponses nécessaires. Pour toutes ces raisons, et en nous inscrivant dans cette démarche d’ensemble, je suis convaincu qu’il faut, dans toutes les échéances électorales à venir, et notamment à l’élection présidentielle, avec la candidaturede Fabien Roussel, assumer notre rôle de parti communiste.

Intervenant d’Evelyne Ternant (Doubs)

Nous avons à mener de front trois agendas, qui plus est dans une période de semi-confinement, ◦ les ripostes à la violence de la crise, ◦ le calendrier interne pour construire une candidature à la présidentielle, avec la préparation dela conférence nationale et du congrès . ◦ les échéances électorales de juin. La difficulté est concrète, en terme de temps et d’énergie militantes, mais elle est aussi d’ordre conceptuel. La question qui nous est posée, c’est comment articuler de façon cohérente ces différents moments de notre action politique, comment ne pas cheminer dans trois couloirs séparés, avec les mobilisations d’un côté, le lancement d’une campagne communiste à la présidentielle d’un autre, et dans une troisième voie parallèle, une approche des élections régionaleset départementales qui serait dominée par la question des alliances électorales, sous la contrainte d’éviter le désastre à gauche et renforcer nos positions élues. La candidature communiste à la présidentielle, que je soutiens totalement, ne doit pas être une candidature symbolique de représentation du monde du travail, ou pour montrer qu’on existe, ou encore que ce serait enfin notre tour. Elle se justifie parce que ni le capitalisme vert, ni le keynésianisme à l’ancienne d’une régulation par la redistribution fiscale qui ne porte pas atteinte aux gestions des entreprises et des banques ne sortiront le pays de l’ornière. Ce n’est pas la division de la gauche qui fait sa faiblesse, c’est sa faiblesse intrinsèque, politique et idéologique, qui crée l’abstention et la montée du RN, et contrairement à ce qui est écrit dans l’éditorial de l’Huma hier, il n’y a pas aujourd’hui à gauche le socle d’idées partagées en mesure de donner la perspective de changement, ni faire converger dans un mouvement populaire porteur d’exigences politiques les résistances sociales et les mouvements citoyens actuellement dispersés. Dans ce processus de construction de la candidature communiste, les élections départementales et régionales ne doivent pas être enjambées, être vécues en faisant le dos rond, comme un mauvais moment à passer en attendant la campagne de la présidentielle. Je pense qu’au contraire elles peuvent être un moment important pour identifier les axes de projet communiste, lui donner de la chair, initier des conquêtes démocratiques dans de nouvelles institutions, faire vivre concrètement des expériences de sécurisation emploi-formation, et ceci, quelles que soient les configurations stratégiques dans lesquelles nous nous retrouverons, qui ne peuvent pas être décidées dans le cadre d’un marchandage national, mais doivent, c’est nos statuts, se construire avec un vote des adhérents organisé démocratiquement, c’est à dire en connaissance de cause, à partir des réalités politiques locales, des contenus, et de notre représentation. Néanmoins, et c’était très utile, une coordination nationale a eu lieu régulièrement pour savoir où nous en étions sur nos réflexions stratégiques dans chaque région, pour celles qui ont participé à ces réunions. Pour en revenir aux contenus, par exemple dans le domaine sanitaire : la pénurie de vaccins nous conduit à poser la question du bien public mondial, la réquisition des capacités de production nationales, le soutien à la recherche publique, le pôle public du médicament, la bataille financière pour que les SP ne soient pas les grands oubliés des plans relance », etc… Mais nos programmes régionaux relaient également et fortement la question sanitaire.

Intervention de Frédéric Boccara (Hauts-de-Seine)

1— Situation sanitaire

La colère gronde, mais il s’agit d’aider à identifier les leviers et les responsabilités. La colère gronde sur les vaccins, sur l’organisation, sur l’enfermement dans une fausse alternative du tout ou rien — confinement ou pas, alors qu’il faudrait quelque chose de beaucoup plus fin géographiquement, et organiser des alternances entre travail et non travail, dans une véritable sécurité, développer comme jamais la formation et les recherches, ou du moins les préparer, et donc avec des projets autres qu’une déferlante de chômage lorsque prétendument nous « sortirons de la crise »…! Colère sur l’hôpital, pour lequel on n’a pas quasiment pas embauché, ni formé, colère sur l’industrie et les plans sociaux, inégalités, pauvreté, misère qui monte, souffrance aiguë de la jeunesse, sans parler de tous les licenciements et pertes d’emploi à bas bruit dans les PME, TPE, les commerces ou l’artisanat. Alors montent des réclamations pour « plus d’État », mais lequel ? Un État au service du capital qui prétendrait nous protéger avec des Start-ups financières de vaccination ? « Plus de public », certes, mais comment ? Et pour faire quoi ? Monte l’exigence de conditionner les aides aux entreprises. Et pas seulement depuis la CGT, mais aussi de la part de FO ou de la CGC. Monte l’idée de taxer le capital. Mais quoi ? Un peu de répartition et alors le capital en sera quitte pour avoir les mains libres et amplifier son action ? Comment faire pour que cela ne rende pas simplement un peu supportable, voire réaliste, le même système ? Pour que cela ne soit pas récupéré ?

2— Notre bataille d’idées

C’est pourquoi nous devons avoir une intervention qui dit plus que cela, pas tant plus en quantité que plus sur le fond: il faut faire plus profond. Car les responsabilités ne sont pas claires pour les gens. Sinon, nous n’en serions pas là, politiquement. Certains camarades ce matin ont dit «c’est clairement le capitalisme». Je pense que c’est loin d’être clair pour nos concitoyens, et ce qui est encore moins clair c’est de savoir ce qu’il faudrait faire. Le débat sur la dette, par exemple, est utilisé pas seulement pour nous menacer d’austérité pour demain. Mais dès à présent pour une austérité «sélective», en quelque sorte. Ainsi F. Bayrou, sur France Inter cette semaine, déclare en substance qu’il ne faut pas en avoir peur de la dette…«si on dépense pour s’attaquer à la Covid». Tout est dans le «si». On va donc limiter toutes les «autres» dépenses? C’est ce que réclame le gouverneur de la Banque de France. Mais comment isoler les dépenses «Covid» du restedes dépenses : les embauches à l’hôpital ce ne serait pas Covid? car elles impliquent des dépenses récurrentes, qui se poursuivraient après la pandémie! Les dépenses indispensables pour vraiment développer l’école et l’université ne seraient pas Covid? Les dépenses de chômage partiel devraient durer le temps de la pandémie, puis après il faudrait lâcher labride aux licenciements? etc. Ce discours est aussi celui du gouverneur de la banque de France ou celui du président de la Cour des comptes, l’inénarrable P. Moscovici, exigeant de «cantonner la dette». Ils relaient les marchés financiers, les fonds d’investissements BlackRock and Co et les grandes banques qui se nourrissent de cette dette, passant d’abord dans leurs mains avant d’être rachetées par la BCE! La question majeure à poser est l’utilisation de cette dette: pour des dépenses qui développent durablement les services publics, l’emploi et la formation? Ou pour gonfler le capital? Nous avons un projet. Un projet alternatif. Il s’agit de viser un système nouveau,radicalement nouveau, même si c’est pour y aller progressivement. Il combinerait sécurité, mobilité et émancipation. Ses leviers seraient la démocratie, avec de tous nouveaux pouvoirs de la société, etune nouvelle efficacité reposant sur la lutte contre le coût du capital et la mutualisation des coûts pour permettre des dépenses nouvelles d’emploi, de formation et de recherche, en responsabilisant les entreprises et les banques pour l’emploi la formation et pour une transformation productive sociale et écologique. Nous l’appelons une sécurité d’emploi et de formation.

3— Quelle nouvelle phase pour la campagne emploi ?

S’agit-il de «faire connaître ces principes» en soi? Je crois plutôt qu’il s’agit de s’engager tout de suite dans ce chemin à partir des chantiers réels, posés par la vie. Nous ne sommes pas pour

l’apposition «magique» d’un système tiré de notre chapeau.En ce sens, la résolution devrait partir des chantiers, comme des fils d’intervention. Je vois au moins 5 «fils», un fil santé, de Sanofi à l’hôpital, en passant par la production d’équipement ou les services publics (médecine scolaire, médecine du travail, CMS, etc.); un fil PSE (plans de suppressions d’emploi), nouvelle production, nouvelle industrialisation articulant industrie, services, recherche et territoires; un fil jeunesse, incluant des pré-recrutements dans les services publics (engagement d’embauche et rémunération par un pré-salaire durant la formation initiale débouchant sur un diplôme), un fil PME/TPE artisans, et un fil éducation allant de l’école jusqu’à l’université et la recherche. Nous pouvons mettre en cause les institutions existantes avec nos deux propositions, deux leviers complémentaires à visée immédiate: des Conférences permanentes pour l’emploi la formation et la transformation productive + des Fonds régionaux en levier sur les banques et au service des travailleurs et habitants. Dans une nouvelle phase de la campagne emploi, ne pourrions-nous pas viser à ce que se tienne au moins dans chaque région, ou à des niveaux plus territoriaux encore, un «Forum pour l’emploi, la formation et la transformation productive», rassemblant les acteurs sociaux, les élus à partir des luttes et exigences et posant ces questions? Il s’agirait de faire un état des lieux des exigences et des besoins pour porter des batailles sur l’utilisation de l’argent dans un sens nouveau (pour emploi et l’efficacité productive écologique et sociale, pas pour le capital et la rentabilité) avec de nouveaux pouvoirs. On pourrait imaginer une initiative de «convergence nationale» en octobre, alliant d’une part un aspect rapport de force, lutte, visibilité interpellant des pouvoirs et institutions nationales, et d’autre part un moment de débat, de concertation démocratique entre travailleurs, acteurs sociaux et élus, un moment de réflexion.Les différents «États généraux» que nous avons engagés (énergie, éducation, médicament et santé) peuvent être vus, eux aussi, comme des jalons en ce sens.

4— Projet et luttes, des régionales à la présidentielle

Ces propositions et initiatives sont au cœur de ce que nous avons adopté cet automne pour les élections régionales. Elles doivent être au cœur du débat avec nos partenaires. Le sont-elles ? Or, Il semble que l’on se focalise avant tout sur les alliances au détriment des contenus, tournant la page à l’exigence si forte exprimée pourtant par les communistes à l’occasion du 38è congrès. C’est par exemple le cas pour la consultation proposée aux communistes concernant l’Ȋle-de-France. Aucun programme n’est soumis et discuté. Les propositions sont réduites à la notion de « marqueurs » politiques, formule de pur communiquant, pas une formule de candidats prenant des engagements politiques responsables devant des électeurs ! Et certains prétendent refuser le droit aux communistes d’Ȋle-de-France de mener le débat sur cette consultation si vite ficelée, quasiment sans information des communistes ? Une consultation ayant lieu dans des délais ahurissant. C’est faire bien mal à notre parti que d’agir ainsi. Bien entendu qu’il y a un déni de démocratie. Une telle volonté de passer en force, que rien ne justifie dans l’agenda qui est le nôtre, ce n’est pas permettre le rassemblement des communistes. C’est à l’évidence l’agenda d’autres qui semble s’imposer… Et c’est une question dont la portée dépasse largement l’Ȋle-de-France. Elle concerne la direction nationale. C’est pourquoi j’ai alerté sur cette question à au moins deux reprises en CEN. Pour nous les élections régionales peuvent, et doivent, constituer un premier pas dans la bataille d’idées et dans l’action face à la crise si profonde. Pour nous, il s’agit donc aussi de commencer à planter un paysage. Et nous n’aurons pas trop de temps pour cela. L’enjeu, c’est de gagner des avancées d’idées et des conquêtes de positions dans les institutions. Ces avancées d’idées sont communes aux élections régionales et présidentielles. Et ce sont ces élections qui vont nous aider à conditionner les élections législatives sur d’autres bases. Chaque chose en son temps. Mais il ne s’agit pas seulement d’élections. Il s’agit aussi de l’après élections : nous devrions viser, je l’ai écrit, la construction d’un « grand mouvement populaire contre la domination du capital, pour l’emploi et l’émancipation ». De ce point de vue, on voit bien la différence avec l’approche « mélenchonienne » qui, non seulement n’a rien construit à partir de son score électoral de 2017, mais a même eu tendance à s’en prendre aux organisations syndicales…

5— L’élection présidentielle

L’élection présidentielle va être un moment de montée du débat politique et d’appropriation d’enjeux, d’une démarche. Notre état d’esprit, à mon sens, doit être le suivant : la profondeur de la crise et sa violence exige des solutions nouvelles, nos idées nouvelles. Je me permets d’insister, il ne s’agit pas d’y aller à coups de « re » (re-conquérir, re-prendre le pouvoir, etc.). Le monde est nouveau. Ce n’est même pas celui de 1975. Deuxièmement, notre posture doit allier contestation et construction. Contestation des institutions existantes, et de ce point de vue il y a à faire un gros effort dans notre parole nationale médiatique, et construction d’autres institutions du local au national, mais aussi au niveau européen et à celui du monde. Alors Pierre Laurent interpelle : « il faut dire dès à présent quelle majorité politique on veut construire » C’est mettre la charrue avant les bœufs ! Pour construire une majorité politique nouvelle, il faut une avancée du projet communiste, du projet du PCF. C’est cela qui est à même de créer les conditions de nouvelles majorités, d’un projet renouvelé à gauche. 6— La nécessaire candidature communiste à la présidentielle. Cette campagne va demander un grand effort de pédagogie politique, d’éclairage des enjeux. Sans hésiter à se répéter. A sa façon, Jean-Luc Mélenchon a montré la disponibilité qui existe dans notre peuple pour une pédagogie et un éclairage politique de haut niveau. Par exemple, il va être indispensable d’avancer sur l’utilisation de l’argent, le rôle des banques et de la BCE, face aux idées dominantes reçues qui se focalisent sur le budget et les impôts. Un changement de régime est en train de se cherche sous nos yeux, il va bien falloir en parler, et lui donner un sens. Voyons que cette question des banques est une grande question populaire. Elle taraude toutes les couches de notre peuple. Il va falloir oser la politiser, avec notre contenu de classe moderne. Sur le fond, notre enjeu c’est de faire reculer durablement Macron, la droite et l’extrême-droite. Les battre peut-être. Dans cette perspective, un défi est posé à gauche. JL Mélenchon prétend relever ce défi contre le RN et contre les renoncements sociaux-libéraux… Mais il prétend le faire avec des réponses sociales-démocrates et purement nationales : répartition, demander à l’État d’embaucher les chômeurs. Nous avançons une toute autre vision : la conquête de pouvoirs sur les entreprises et les banques y est centrale, l’État doit appuyer cette conquête de pouvoirs, par la création de droits, par des moyens financiers nouveaux, par des institutions nouvelles. Une conquête de pouvoirs non pas en soi, mais pour permettre une avancée émancipatrice des vies, avec une nouvelle conception de l’emploi et du travail, de la relation entre le travail et les autres activités, une place majeure donnée à la formation et à la démocratie. Cela exige un autre rôle de l’État. Ce qui est bien autre chose qu’un État plus fort : au lieu d’une alliance renouvelée État-capital, il faut une alliance État — société pour une maîtrise des entreprises et des banques afin d’atteindre enfin des avancées de civilisation, sociales et écologiques. Nous avançons ainsi l’idée d’une cohérence nouvelle entre objectifs, moyens et pouvoirs, opposée à la cohérence, en crise, que veut faire perdurer le capital. Opposée aussi à la cohérence conciliatrice illusoire de la social-démocratie. Il est donc très important, contrairement à ce que j’ai pu entendre ici ou là, de mener le débat de clarification sur nos différences avec Jean-Luc Mélenchon. On ne peut pas reculer devant l’obstacle et laisser croire que nous aurions le même projet, seule la posture moins individualiste, ou moins clivante, nous différenciant ! C’est dire s’il y a du pain sur la planche ! Mais il y a aussi une demande dans notre peuple. Dans ces conditions l’appel à candidature pour la présidentielle que nous lancerions aujourd’hui est une très bonne nouvelle. Il s’agit, sans préjuger du choix des communistes, que la conférence nationale nous permette d’en sortir avec une candidature. Même si cela sera déjà tardif. Vous savez mon opinion en faveur d’un candidat communiste à la présidentielle, et ceci déjà en 2017, voire avant. Nous allons ainsi pouvoir marcher sur deux pieds pour préparer cette conférence nationale : candidature et texte de fond. Mais, le candidat aura à relever un triple enjeu : (1) porter notre projet novateur de façon à ce qu’il soit identifiable, projet de contestation et de construction, (2) muscler donc notre fond de jeu, (3) travailler de façon beaucoup plus collective, et donner à voir aussi cette dimension collective. Ces trois questions sont à mon avis crucial pour la conférence nationale d’avril. Car il ne s’agit pas d’aller mener une candidature, une campagne, de témoignage ou d’enfermement dans une identité étroite qu’on tenterait de corriger par des affirmations de volonté unitaire pour la gauche. Au contraire, il va s’agir de mener une campagne d’unification populaire des couches sociales dans leur grande diversité face à la domination multiforme du capital et de mise en vie d’un projet communiste qui peut refonder la gauche sur de tout autres base, comme nous avons su le faire à d’autres moments de notre histoire. Et donc de parler à la fois à tout notre peuple et de mener le débat de projet y compris à gauche. C’est un sacré défi, mais il est porteur d’espoir réaliste, au présent et pour écrire l’avenir.

ec :

— un moratoire sur les suppressions de lits et fermetures de services, — la création des centres de santé pour lutter contre les déserts médicaux — démocratie sanitairepour remplacer les ARS, bras armé du ministère et incarnation de la technocratie qui applique servilement au secteur public les critères de rentabilité par des structures démocratiques associant les soignants, les usagers, les élus.-des avancées dans la sécurisation emploi-formation avec des pré-recrutements d’élèves infirmierset aides soignants puisque la formation sanitaire et sociale est de la compétence régionale). On peut travailler à de semblables articulations entre luttes locales, propositions nationales national et déclinaisons territoriales dans la campagne pour l’emploi : par exemple, prendre appui sur les luttes autour des PSE et les destructions d’activités actuelles pour avancer sur la proposition de conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation écologique, couplées avec des fonds régionaux, mobilisant le crédit bancaire et les profits, afin de construire un pouvoir territorial face aux directions des multinationales et des banques. Nous devons donc nous poser la question : comment donner dans les semaines qui viennent de la visibilité nationale aux contenus communistes dans nos campagnes départementales et régionales, par delà les programmes qui auront été conclus avec les autres forces politiques, car l’identification par l’électorat du parti à son projet transformateur est un processus continu. Nous sommes dans une perspective de refondation d’un socle d’idées, d’initiatives et de mobilisations qui soit en mesure de faire face à la crise du capitalisme, un ensemble qui ne redonne non pas un espoir factice, car ce sont justement les désillusions et renoncements à gauche qui ont amené, avec l’aide des institutions de la 5ème république, le verrouillage sur le duo Macron-Le Pen, mais ouvre une perspective nouvelle. Ayons confiance en nous mêmes, ayons confiance en l’élan populaire qui peut réunir toutes celles et ceux, nombreux, mais éparpillés, qui cherchent aujourd’hui une issue véritable à l’impasse de civilisation où nous précipite le capitalisme.

Intervention de Jean-Marc Durand (Drôme)

port

La pandémie qui circule et la crise sanitaire qui l’accompagne ont des conséquences immenses sur l’ensemble de la société. Mais leur répercussion n’est cependant pas la même pour tout le monde. Il n’y a qu’à voir l’évolution des fortunes au cours de l’année 2020 et la voracité du capital qui, via lesmarchés financiers, continue à prélever comme jamais sur la richesse créée en jetant des millions desalariés au chômage et faisant de l’emploi une question centrale. A ce propos ayons en tête que les dégâts économiques, sociaux, environnementaux actuels s’ils sont les effets de le situation sanitaire,révèlent surtout un nouvel épisode de crise systémique beaucoup plus profond et global que l’épisode 2008-2009 et entamé bien avant l’arrivée de la Covid. De cette situation découle une accélération considérable du besoin d’une alternative au capitalisme, de son dépassement. La période porte l’exigence de ruptures et de nouvelles constructions pour répondre aux défis économiques, sociaux et écologiques. Derrière l’ancien, derrière des décennies d’une politique qui apoussé petit à petit à notre effacement, monte le besoin d’un changement profond, pour nous, pour notre peuple. Dans une situation où l’ensemble de la gauche est largement discrédité, n’est-il pas temps de se poser concrètement les bonnes questions, en termes de stratégie comme d’objectifs politiques? La gauche souffre d’un manque criant de visées de transformation radicale de la société, de projets émancipateurs et identificateurs, d’une pseudo unité qui vise à ramener tout le monde vers le plus petit dénominateur et finalement à faire enfiler le costume social-démocrate, voire social-libéral y compris aux communistes et à leur parti. Il y a besoin de neuf, de bousculer leshabitudes. En premier lieu cela ne passe-t-il pas par le fait que les forces de gauche consentent à mettre en débat leurs propositions, leurs projets afin d’éclairer le peuple des diverses options en présence et d’en faire à la fois le juge, l’acteur et le décideur du rassemblement politique nécessaire.Cela pose directement la double question de la préparation des régionales et des départementales et de la présidentielle de 2022 en lien avec les législatives. Moi j’entends bien que l’essentiel ce sont les contenus, que c’est la discussion avec nos éventuels partenaires sur les contenus et le projet pournos régions et construire le rassemblement. Que la base de cette discussion est le rapport présenté par Evelyne devant le CN. Mais pour le coup, il semble y avoir loin de la coupe aux lèvres. Où et quand jusqu’à ce jour ont été mises en discussion nos propositions déjà dans notre parti ? Où et comment les discussions avec nos partenaires se sont engagées sur cette base? Il faut être lucide. D’ailleurs peut-être que si ce travail avait été mené, ne serions-nous pas pris dans une impossible équation de devoir choisir entre PS et LFI. Ce qui semble encore dominer dans nos rangs, ce sont des présupposés, des postures politiciennes, la recherche d’alliances à but électoraliste pour sauver des élus·es et faire croire que nous sommes encore influents. Cette voie c’est celle de l’extinction, voire d’un éclatement, car cela ne pourra plus durer encore longtemps ainsi. S’agissant de la présidentielle et des législatives 2022, l’objectif de notre conférence nationale doit être clair: promouvoir une candidature communiste à la présidentielle et faire en sorte que nous ayons le maximum de député·es, les deux étant pour moi liés tant notre identification dans le débat politique et donc notre participation à une ré-identification de la gauche au cours de la présidentielle permettra de resituer le Pcf sur l’échiquier politique et ainsi de montrer l’utilité d’avoir des député·es communistes. Raison de plus pour que notre candidature à la présidentielle ne soit pas une candidature de témoignage mais une candidature qui porte l’exigence de transformations radicales de la société à partir de propositions, d’un projet fort, montrant une vraie possibilité d’alternative au capitalisme. Un projet construit autour de la question fondamentale de la conquête de pouvoirs sur l’argent que ce soit celui de l’État, des entreprises ou des banques avec l’énorme pouvoir de la BCE du fait de sa capacité de création monétaire et en lien avec une réforme fiscale incitative à une autre utilisation des bénéfices des entreprises. Ce qui suppose de nouvelles institutions permettant aux salarié·es, aux citoyens de décider et d’intervenir dans les gestions dont celle de l’utilisation de l’argent et de la fiscalité. C’est la condition pour répondre aux énormes attentes populaires, cela à tous les niveaux, posant comme jamais la nécessaire expansion des services publics, question centrale pour répondre au défi écologique en même temps que celui d’un changement radical des rapports et des modes de productions. Particulièrement, par une nouvelle industrialisation, mais aussi par la construction de nouvelles relations sur les lieux de travail comme dans la vie sociale avec une sécurité d’emploi ou de formation arrimée à un grand service public du même nom, visant à éradiquer progressivement le chômage en faisant de la formation le vecteur de l’évolution professionnelle et individuelle du salarié, de son implication sur les lieux de travail comme dans la société tout entière afin qu’il soit toujours et partout un citoyen à part entière. Ce qui est loin du salaire à vie ou autre revenu universel, façon policée d’accepter le chômage et donc de laisser cette arme de régulation du marché du travail dans les mains du patronat. Voilà pourquoi en 2022, une candidature communiste est indispensable ! Et bien sûr je partage la volonté d’ouvrir au plus vite le débat dans le parti sur la préparation de la conférence nationale.

1 comment on “Conseil national du PCF – 30 janvier 2021

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