Les 30 et 31 Janviers 2021 s’est tenu un Conseil National enclenchant un large processus de débat au sein du parti communiste, pour établir collectivement notre stratégie.
Pendant ce même conseil national, la consultation des communistes en Île-de-France s’est terminée. Pourtant, cette consultation n’a pas été l’étape finale d’un débat tranché par un vote : il n’y a pas eu de débat, les informations étaient quasi-inexistantes, aucun programme, même le nôtre, n’est adopté ni discuté. En décidant de ne pas organiser le débat entre communistes dans les sections, de ne pas les informer sur les négociations en cours avec les forces politiques et les accords obtenus, une poignée de cadres et d’élu‧e‧s ont mené une opération politique qui avait deux buts : le premier étant de rendre responsable la direction nationale de l’absence de débat régional ; le second étant de passer en force sur un débat qu’elles et ils ne voulaient pas avoir, car il y avait la volonté de remettre en cause les orientations stratégiques choisies lors de notre 38e congrès. Il s’agissait en réalité d’entériner les décisions d’une poignée de cadres et d’élu·es, qui ont déguisé leurs décisions d’une légitimité démocratique.
Dans ces conditions il n’est pas étonnant que 22 secrétaires de sections francilien‧nes et militant‧es aient décidé d’un recours à la commission de médiation de notre parti.[1]Saisine concernant la consultation régionale d’Île-de-France des 28, 29 et 30 janvier 2021 daté du 1er févirer 2021.
L’information des communistes quant aux contenus des accords n’est pas ici anodine, car les accords négociés avec LFI menaceraient la constitution d’un groupe communiste au conseil régional. Il n’existe pas de démocratie qui fonctionne sans transparence sur les questions à trancher ! Plus encore lorsque l’on a appris samedi 30 janvier, par un article du Monde, que la candidature de Clémentine Autain est une opération de l’état-major de LFI pour influer sur les débats des communistes, et pousser pour un ralliement à la candidature de Mélenchon à la présidentielle.[2]Clémentine Autain, “l’atout rassemblement de la gauche” de La France insoumise, par Abel Mestre, publié par le Monde le 30 janvier 2021 Ce genre d’éléments n’auraient pas pu être mis sur la table lors d’un débat franc entre communistes ?
Cette absence de débat et cette confusion ont étés organisés, et cette organisation ne peut être acceptée ou tolérée, et nous devons collectivement en prendre toutes les conséquences : nous devons être attentifs au respect des décisions de congrès, et nous armer pour les débats futurs où la démocratie et l’expression des communistes risquent d’être de nombreuses fois mises à mal.
Cette façon de faire met en péril l’unité des communistes en Île-de-France : les communistes acceptent de, finalement, se ranger derrière une option qu’ils n’ont pas choisie initialement, à partir du moment où les divergences entre communistes ont été dépassées par le débat. Mais sans débats organisés dans les sections, faute à la fois de délais pour ceux-ci et d’information claire, sans parler de l’échelle régionale, sans moyens officiels d’échanger entre communistes, sans faire en sorte que le plus de communistes possible puissent prendre part aux orientations stratégiques de notre parti, on coupe des camarades, des sections, des fédérations de la campagne des régionales. L’argument quant à la difficulté d’organiser un tel débat au vu des conditions sanitaires ne tient pas : ces derniers mois nous avons développé une culture d’organisation dématérialisée du parti. Tout est plus difficile, certes, mais cela ne dispense pas d’être à la hauteur des exigences de la démocratie !
C’est important parce qu’une telle rupture avec les orientations décidées par notre dernier congrès ne peut ni ne doit se faire sans un large débat.
Par ailleurs, il semble que la région Île-de-France (avec la région PACA) est la région dont les dirigeant‧es départementaux du PCF cumulent le plus d’absentéisme aux réunions de coordination des régions organisée par la direction nationale. Qu’elles et ils accusent la direction nationale de ne pas avoir été présente pour les aider à s’organiser régionalement pose question, sachant qu’en outre, en Île-de-France il n’a pas été procédé à la désignation d’un comité régional… une coordination des 8 secrétaires fédéraux faisant alors office de celui-ci.
L’un des éléments montrant qu’il y a eu une volonté organisée de confisquer le débat des communistes sont les attaques qu’ont subies les animatrices et animateurs du blog En Avant Le manifeste et du réseau Action – Novation – Révolution. Nous avons tenté de faire vivre la démocratie au sein de notre parti, et de faire émerger un débat avant la consultation des communistes en Île-de-France, et nous avons tenté de faire vivre des idées qui rentraient en accord avec les décisions de notre dernier congrès. Pourtant, pour avoir permis un minimum de débat nous avons été qualifié de « clan », de « tendance » voir de « fraction »[3]Des intervenants sont allés en ce sens lors du Conseil National des 30 janvier 2021. Un article de Pierre Laurent Le plaisir d’être et de décider ensemble, qualifie sans les nommer les … Continue reading : la preuve étant faite qu’on ne voulait pas de débat, et que la consultation devait être un simple exercice d’entérinement des décisions de sommet dont nous avons dérangé le processus antidémocratique. Et, de fait, l’option d’une tête de liste communiste qui a failli ne même pas être inscrite sur le bulletin de vote, option dont on peut d’ailleurs critiquer la formulation très, trop, fermée (à dessein?), arrive pourtant en seconde position avec 32% des suffrages exprimés par les communistes. Et, dans le même temps, l’option qui a recueilli 80% des suffrages des délégués n’est soutenue, in fine, que par 34,4% des communistes à jour de leur cotisation en Île-de-France (soit 3300 voix sur 8800 cotisants).
C’est une critique d’autant plus difficile à accepter lorsqu’elle vient de camarades qui, dans l’ombre, organisent des directions fédérales et régionales pour se battre contre les décisions de congrès.
On peut s’interroger sur la façon dont les camarades portant de telles accusations pensent la diversité dans le mouvement communiste : les camarades s’exprimant sur un blog s’adressant aux communistes, dans l’objectif de porter les ambitions de notre dernier congrès, sont présentés comme d’horribles diviseurs, quand bien même leurs interventions s’inscrivent pleinement dans leurs droits d’adhérent‧es ; les camarades qui, à contrario, utilisent leurs responsabilités pour mener des intrigues dans le secret, pour s’organiser contre les décisions de congrès, contre nos statuts, et qui le font en privé, ceux-là sont vus comme légitime de par le mandat qui leur ait donné. Ainsi elles et ils nous disent : la démocratie, le débat, la diversité : d’accord ! mais seulement lorsqu’elle va dans mon sens.
Sur ce blog, dirigeant‧es et simples militant‧es donnent leur avis sur le parti, dans l’espoir de donner les outils aux camarades pour reconstruire un parti communiste qui soit un parti important ancré dans un mouvement de masse, et à même de reconstruire la gauche dans notre pays : est-ce cela une fraction ? Il suffit d’un site internet, de communistes s’exprimant suffisamment nombreux et nombreuses contre des actes de dirigeant‧es, que des communistes en colère contre les choix d’un groupe de dirigeant se rencontrent… et cela suffirait pour former une tendance ? Tout cela n’est pas bien sérieux.
Je dirais même que c’est dangereux : si la démocratie interne ne peut s’organiser exclusivement dans les cadres très stricts décidés par les cadres locaux, départementaux, ou nationaux, alors on s’exposerait à des dérives antidémocratiques tout aussi importantes. En fait, l’ouverture d’un débat est présentée comme une division. C’est une pratique que l’on aurait pu croire d’un autre temps.
Des camarades ont été très fortement mis en cause pour avoir essayé de faire vivre ce débat : c’est inacceptable.[4]C’est d’autant plus inacceptable que c’est un droit inscrit dans les statuts du PCF, les adhérant·es jouissant du droit de « choisir les réseaux, collectifs auxquels il ou elle … Continue reading D’une part parce que la liberté d’expression des communistes n’est pas négociable. D’autre part parce que la diversité des opinions dans notre parti, et notre culture de débat font notre force : lorsque l’on essaye de faire taire cette diversité par des manœuvres bureaucratiques, une approche administrative de l’information des adhérent‧es, ou d’inconséquentes attaques, on attaque l’unité même de notre parti.
Plus inquiétant encore, des camarades qualifient les débats qui traversent notre parti comme étant des « violences ». Évidemment il y a de la colère, parce que les communistes ont constaté que les régionales se sont préparées, comme beaucoup de militants de base le disent, « derrière leur dos ». Mais enfin ! lorsque l’on parle de violence pour qualifier nos débats, on emploie avec inconséquence un mot lourd de sens : les violences familiales, sexistes, sexuelles, au travail ou n’importe où, celles-là attaquent l’intégrité des personnes visées, créent des traumatismes et des séquelles. À ce que je sache, personne n’a été empêché de dormir la nuit parce qu’on a qualifié cette consultation d’antidémocratique. Que l’on s’emploie à parler de violences, pour délégitimer toute forme de critique, cela participe à la banalisation du caractère barbare de véritables violences.
Nous avons alerté ces dernières semaines du caractère antidémocratique des orientations prises en Île-de-France, et cette consultation nous a donné raison. L’option d’un ralliement à la France Insoumise a été majoritaire parmi les votants : ce n’est pas étonnant parce qu’il y a eu à la fois défaut d’information des camarades, mais aussi un bulletin de vote dont la rédaction délégitimait les autres choix. Parce que le choix 3 (dont on n’avait même pas voulu qu’il soit inscrit sur le bulletin de vote à l’origine) n’était pas présenté comme une autonomie rassembleuse, capable de convaincre et de permettre de construire avec les autres forces de gauche (c’est-à-dire correspondant à nos orientations stratégiques décidées en congrès), aucun nom de tête de liste potentielle ne lui était même associé : il était simplement présent comme un choix marginal dans un débat qui n’a pourtant pas eu lieu, qui ne permettait pas le rassemblement avant le premier tour et dont même la cheffe de file proposée avait annoncé qu’elle se désolidariserait.
Pourtant ce choix 3, qui ne rencontrait la faveur d’aucune des 8 directions fédérales franciliennes, qui a été très minoritaires dans la conférence régionale, dont le contenu était si mal rédigé sur le bulletin de vote : c’est ce choix 3 a finalement rencontré la faveur de nombreux communistes, et a même été majoritaire dans trois fédérations.
La confusion organisée était telle que certain‧es camarades ont même cru que l’option 1 était le choix de notre direction nationale et de Fabien Roussel. Certain‧es des secrétaires fédéraux et fédérales francilien·nes ne se sont pas privés pourtant d’attaques en règle contre la direction nationale lors de cette conférence régionale et au Conseil National des 30 et 31 janvier 2021.
La cheffe de file désignée lors de ces élections a affirmé samedi 30 janvier 2021 au Conseil National du PCF, alors que les dépouillements avaient été effectués, que cette consultation serait très importante au regard de notre stratégie sur les élections présidentielles et législatives : cette décision ne concerne désormais plus que l’Île-de-France. Nous devons prendre cela au sérieux.
Aujourd’hui nous devons demander à notre direction nationale de ne pas accepter ce genre de consultation qui est convoquée sans débat par des cadres départementaux qui font fi de la démocratie interne et veulent se passer de ses nécessaires débats. On ne peut pas sacrifier la démocratie de notre parti ni la laisser se faire confisquer par des dirigeant·es en désaccord avec les décisions de congrès. Il faut un véritable débat, avec une information transparente. Cela permettra de convoquer une nouvelle conférence régionale réunissant largement les miliant·es, les animateurs et animatrices de section, pour restaurer un processus de décision collectif, qui auraient le pouvoir de décider d’un programme, d’une nouvelle direction de campagne et d’une nouvelle consultation sur de tout autres bases. Et c’est procéder ainsi qui permettrait de rassembler les communistes d’Île-de-France dont l’unité est tant mise à mal par cette volonté de passer en force.
J’invite les communistes francilien‧nes à largement écrire à leur direction nationale, afin de la pousser à prendre position dans cette affaire. Elle seule est garante de l’unité des communistes, et a le devoir de faire respecter les décisions de congrès ainsi que l’esprit d’une fraternité-sororité effectivement démocratique.
Notes
↑1 | Saisine concernant la consultation régionale d’Île-de-France des 28, 29 et 30 janvier 2021 daté du 1er févirer 2021. |
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↑2 | Clémentine Autain, “l’atout rassemblement de la gauche” de La France insoumise, par Abel Mestre, publié par le Monde le 30 janvier 2021 |
↑3 | Des intervenants sont allés en ce sens lors du Conseil National des 30 janvier 2021. Un article de Pierre Laurent Le plaisir d’être et de décider ensemble, qualifie sans les nommer les questionnements quant au caractère démocratique de la conférence régionale et l’expression de communistes en faveur du choix 3 comme « […] des pratiques qui relèvent davantage d’une organisation en tendances que de la volonté de rassembler les communistes […] ». On peut s’interroger sur la sincérité d’inquiétude quant à la « fraternité » entre camarades, où même l’accès aux « points de vue différents » lorsqu’en préalable on mène une attaque envers les camarades qui pensent différemment et font connaître leur point de vue. |
↑4 | C’est d’autant plus inacceptable que c’est un droit inscrit dans les statuts du PCF, les adhérant·es jouissant du droit de « choisir les réseaux, collectifs auxquels il ou elle souhaite participer, réfléchir et agir » (article 3). |
“Il est Temps” de REDONNER la PAROLE et la DECISION aux COMMUNISTES SOUVERAINS
On en est où de la saisine de la commission de médiation ?
Bonjour,
Toujours pas de nouvelles de la commission à l’heure actuelle.