Contributions

Exigeons une réelle démocratie au sein du PCF en vue des élections régionales 2021 en Ile-de-France : halte à la confiscation du débat par une poignée de dirigeants et d’élus franciliens !

Non seulement le déroulement de la conférence était incompatible avec nos principes de démocratie mais elle en inverse le fonctionnement. Les sections doivent être le lieu du débat, d'où émergent les propositions, idées nouvelles et adaptées aux réalités locales.

Signataires :

  • Corinne Barre, membre du conseil départemental (CD) PCF 94
  • Cécile Chaillou, secrétaire de section de Vitry-sur-Seine, membre du CD PCF 94
  • Fatima Khallouk, militante communiste et adjointe PCF au maire d’Alfortville
  • Laura Verdugo, secrétaire de section de Bonneuil, membre du CD PCF 94
  • Alexandre Cercey, secrétaire de section de Maisons-Alfort
  • David Courteille, secrétaire de section de Saint-Maur-des-Fossés, membre du CD PCF 94
  • Ozer Oztorun, secrétaire de section de Villejuif, membre du CD PCF 94

Délégué·e·s du Val-de-Marne à la Conférence régionale d’Ile-de-France du 16 janvier 2021


La Conférence régionale du 16 janvier, consacrée aux élections régionales, s’est tenue dans des conditions difficiles. D’une part, en raison des restrictions sanitaires ne permettant pas la rencontre des délégué·es des fédérations en un seul lieu, les échanges se sont faits en visio-conférence, avec toutes les limites que cela suppose, notamment liées aux contraintes techniques. D’autre part, les textes soumis au débat ont été envoyés tardivement, le samedi précédant la Conférence régionale pour le texte d’orientation et le lundi pour les « 10 priorités » programmatiques, ne laissant pas le temps aux communistes de discuter et travailler avec les militant·es de leurs sections.
Pour autant, faute d’organisation d’un échange transparent avec les communistes concernant les orientations prises par le PCF en vue des régionales, plusieurs secrétaires de section franciliens ont mis en débat début janvier une contribution portant l’ambition d’une région solidaire, écologique et démocratique, afin que notre Parti puisse être force de propositions dans les constructions politiques envisagées au niveau de l’Ile-de-France.[1]NDLR : Cette contribution a été reproduite sur ce blog. Nulle mention de cette contribution n’a été faite par les animateurs·trices de la conférence régionale, qui ont refusé de la diffuser largement et même de la remettre aux délégués.

Les dés ont été jetés d’avance quand, au mois d’octobre, sans consultation des communistes, un texte « L’ile de France mérite son printemps », est paru, fruit de discussions au sommet entre ses signataires, élu·es locaux·ales pour la plupart, appelant à un large rassemblement électoraliste, sans en dessiner les contours et sans réelles bases programmatiques. Ce choix va à l’encontre de la réaffirmation de l’originalité de la proposition communiste exigée par nos adhérent·es en congrès. Alors qu’on observe partout une hausse de l’abstention, c’est bien par un travail de terrain sincère que nous pouvons construire un rassemblement large, étape nécessaire avant d’engager quelque discussion que ce soit. Au contraire, une alliance pour l’alliance, faite au sommet, même en affirmant qu’elle doit être « construite autour de positions politiques fortes » renforce l’idée que nous sommes un parti électoraliste comme les autres et, de cette manière, jette le discrédit sur l’ensemble des militant·es politiques.

Nombreux sont les camarades qui réclament depuis des mois un véritable débat sur les régionales, sur nos propositions et candidatures, afin d’aller au plus tôt sur le terrain, pour convaincre les francilien·nes, enrayer l’abstention et construire une alternative à la hauteur des besoins créés par la crise sociale et politique sans précédent que nous traversons. Les discussions ont toujours été remises à plus tard, sous couvert d’un éventuel report des échéances électorales. Force est de constater que nous pâtissons d’un retard irrattrapable et que les autres forces de gauche, du PS, à la FI et EELV, ont présenté des chef·fes de file bien identifié·es. Pour les rédacteurs·trices du texte d’orientation stratégique proposé à la conférence, sans programme ni candidat·e, il ne nous resterait désormais que l’option du ralliement.

Les conditions de préparation le laissaient présager, les conséquences n’en sont pas moins déplorables : cette Conférence régionale et les documents qui en sont issus ne sont pas représentatifs des communistes, des débats internes à notre organisation, tout comme des débats qui ont eu lieu lors de la conférence régionale elle-même.

Le rapport de commission du bulletin de vote a été présenté dans un premier temps, puis remis à plus tard sur demande des délégué·es, puisque le bulletin de vote ne pouvait être décidé qu’après discussion sur nos orientations.

Ensuite il a été question du texte « Proposition d’orientation pour les élections régionales 2021 », bel et bien orienté vers une seule direction : l’alliance avec la France Insoumise, présentée comme unique stratégie possible car « plus proche de nous » (mais sur quels contenus ?) et FI nous proposant plus de sièges d’élu·es. Les prises de parole des délégué·es à la Conférence régionale, malgré les divergences, se sont retrouvées dans le constat que cette conclusion était clivante et ne reflétait pas l’état des débats avec l’ensemble des adhérent·es. Cependant, à l’heure du vote des amendements, celui proposé par la Fédération de Paris en la personne d’Igor Zamichei, appelant à mener une campagne autonome quelle que soit la stratégie de rassemblement retenue, a été rejeté par la commission du texte sans plus d’explication. Cette reformulation aurait pourtant permis de faire avancer sereinement le débat avec l’ensemble des communistes de la région.

Au vu du retard pris sur l’emploi du temps, la commission du texte n’a pas soumis à discussion les « 10 priorités pour une région solidaire, écologique, populaire et démocratique » qui auraient pourtant dû être fondamentales car elles touchent au contenu programmatique de la campagne à venir. Il a alors été décidé de donner mandat sans plus de débat à cette commission de réécrire ce texte à partir des amendements formulés, sans que les délégué·es ne puissent prendre connaissance de la version finale des 10 propositions et sans que les délégué·es puissent même voter sur celles-ci.

Pire, les secrétaires de section ont reçu le mardi 19 janvier tard dans la soirée, avec étonnement, les 10 propositions sans aucune prise en compte des amendements proposés par de nombreux camarades. Tout cela reste pour nous une mascarade démocratique.

Dans un dernier temps, la commission du bulletin de vote a présenté un document tout aussi peu satisfaisant au regard de nos débats, imposant aux communistes un choix caricatural entre ralliement à la FI [choix 1], ralliement au PS [choix 2] ou désignation d’une tête de liste communiste (en écartant toute précision sur l’objectif rassembleur de ce choix) [choix 3]. D’autant plus que la cheffe de file régionale désignée, Céline Malaisé, a pris le soin de préciser qu’elle ne le serait que dans le cadre d’une liste de rassemblement, suivant les choix 1 et 2 et qu’elle n’entendait pas être tête d’une liste communiste.

Les orientations pour la campagne des élections régionales sont ainsi profondément biaisées depuis le départ, les modalités de démocratie interne sont bafouées et notre parti semble une nouvelle fois tomber dans le piège des négociations d’appareil, au détriment des valeurs de transformation sociale qui sont les nôtres et du lien avec la population dont nous voulons défendre les intérêts de classe.

Non seulement le déroulement de la conférence était incompatible avec nos principes de démocratie mais elle en inverse le fonctionnement. Les sections doivent être le lieu du débat, d’où émergent les propositions, idées nouvelles et adaptées aux réalités locales. Elles doivent donner les orientations que présentent leurs délégué·es lors d’instances départementales ou régionales. Pour ce faire, les sections doivent évidemment recevoir des propositions et textes en amont, ce qui en fait un moyen d’impliquer l’ensemble des camarades dans la vie du parti et faire fonctionner l’intelligence collective qui fait notre force.

Enfin, les communistes ne manquent pas de le répéter : le rassemblement des forces progressistes, oui, mais sur quels contenus, et pour quelle stratégie à long terme pour notre organisation ? Qu’en est-il de la visibilité de notre parti et de la lisibilité de notre projet quand nos choix d’orientation varient au fil des élections, des territoires et des personnalités qui se présentent face à nous ? Quel lien pouvons-nous construire entre élections régionales et présidentielles de 2022, et à plus forte raison, entre régionales et départementales, qui se dérouleront le même jour ? Pourquoi fermer d’ores et déjà nos discussions avec l’ensemble des forces de gauche sur la base de nos propositions transformatrices, de rupture, en favorisant dès aujourd’hui un ralliement, lequel risquant d’être clivant pour le rassemblement du second tour ?

Cantonner le débat stratégique aux questions d’alliances empêche de poser des questions fondamentales. Nous devons avoir d’autres exigences démocratiques pour notre parti, car seuls le débat fraternel et la discussion la plus large permettront de répondre à toutes ces questions.
Après une conférence régionale menée au pas de charge et réunissant des délégations dont la représentativité reste discutable (nous avons été surpris·es de voir certaines délégations voter en bloc), nous considérons qu’il n’est pas acceptable que le débat soit ainsi confisqué aux communistes par une poignée d’élu·es francilien·nes et de dirigeant·es fédéraux·ales qui foulent aux pieds la souveraineté des communistes en leur proposant un choix biaisé, alors même que notre 38ème congrès avait affirmé haut et fort l’exigence de « porter une parole communiste claire dans les temps forts de la vie politique » mais aussi de « créer les conditions de la réflexion, de l’appropriation et de l’enrichissement » des propositions par les communistes.

Pour notre part, nous refusons d’opposer l’idée d’une candidature communiste, à même de mettre en avant nos propositions et notre projet pour l’Ile-de-France, et la possibilité d’un rassemblement large des forces de gauche et du mouvement social (y compris dès le premier tour).
Fidèles aux décisions du dernier Congrès, nous sommes convaincu·es que ce n’est pas en sacrifiant les temps de débats internes que notre Parti pourra faire face au défi démocratique qui touche l’ensemble des partis politiques. C’est en mettant l’adhérent au cœur des décisions et de l’élaboration des contenus politiques que nous pourrons à nouveau donner confiance dans la capacité de chacune et de chacun à changer les choses. C’est uniquement à ce prix que nous pourrons créer des propositions politiques porteuses et à même de créer les conditions du rassemblement et de la mobilisation des abstentionnistes qui permettra de battre Valérie Pécresse et les forces de droite.

Notes

Notes
1 NDLR : Cette contribution a été reproduite sur ce blog.

4 comments on “Exigeons une réelle démocratie au sein du PCF en vue des élections régionales 2021 en Ile-de-France : halte à la confiscation du débat par une poignée de dirigeants et d’élus franciliens !

  1. françois Plet

    ces méthodes étranges – qui ne sont pas sans rappeler d’autres lieux, d’autres temps – sont graves pour l’avenir du PCF, mais bien au-delà : pour l’avenir de notre pays tout entier

  2. DECRIAUD JANINE

    Merci à vous pour cet éclairage. Saurons-nous comment ont été choisis les délégués, sur quelle base…
    Je n’ai toujours aucune information de la part de ma section (Champigny) ni de ma FD (94).
    Pire, je reçois, hier, par mail FD, non signé (à se demander si on a toujours un secrétaire fédéral), les textes et bulletin de vote. LE FAIT ACCOMPLI

    • Je suis aussi de Champigny . J’ai reçu hier les docs . Ils n’expliquent toujours pas pourquoi on se met derrière des chefs de fil PS ou FI et non l’inverse dans les choix 1 et 2. Je ne sais pas si on aura une réunion avant le vote . Le paragraphe “A partir de là, quels choix opérer pour, dans cette situation, avancer dans cette démarche stratégique ?” me semble assez flou quant aux garanties , pour “les 10 priorités” le texte lui-même annonce qu’ils n’ont pas été vraiment travaillés selon les règles … Y a la covid , mais ça me laisse une impression mitigée …

  3. Pytkowicz Pauline

    Après m’en être informée auprès d’un camarade ayant participé à la conférence régionale j’ai le sentiment que l’opinion émise par S. Malaisé diffère quelque peu de la version qui en est donnée ce texte , dont j’approuve l’essentiel du contenu.

    Il semblerait que les motivations de S. Malaisé tiennent à la crainte de ne pas être la bonne personne pour cette fonction. Reconnaissons qu’être cheffe de file dans une équipe et porter la liste n’est pas tout à fait la même chose.
    Si ce sont les motivations réelles de la camarade, il me semble que la traduction de sa position dans notre texte ne peut laisser supposer qu’il s’agit d’un rejet de l’option 3.
    Je trouverais dommage qu’une interprétation litigieuse laisse planer un doute sur l’intégrité de notre démarche.

    Pauline Pytkowicz , Paris X

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