Conseil National

Interventions de Frédéric Boccara au Conseil national – 5 et 6 septembre 2020

Deux interventions de Frédéric Boccara au CN. La première sur la Sécurité Emploi Formation. La seconde sur les élections législatives partielles et Régionales.

Frédéric Boccara Intervention N° 1, en conclusion du débat sur la Sécurite Emploi Formation

(résumé de mes deux interventions)

Premièrement, la question principale qui commande en quelque sorte l’ensemble, c’est que l’emploi est une question politique. Pour politiser l’emploi, le rapport fait la proposition de se battre pour des institutions nouvelles, des conférences permanentes (régionales et nationales) pour l’emploi, la formation et la transformation productive écologique. Une transformation politique du système à partir des comités de lutte de mobilisation et de résistance.

Cela nous permettrait de commencer dépasser l’opposition entre d’une part une vision qui serait « les luttes, les luttes. Et on verra après pour la ‘grande’ politique, les élections présidentielles » corollaire d’une approche de sommet des élections et délégataire ; et d’autre part une vision qui serait « travaillons les idées politiques de fond, construisons des ‘majorités d’idées’, de fond, et ne cherchons pas à imposer notre étiquette électorale ». Il s’agit au contraire de faire les deux, en reliant exigences sociales ou vitales et perspective politique, jusque dans les élections. Car nous souffrons d’une chose, c’est le sentiment dans les luttes d’être face à un mur, en même temps que les élections viennent chaque fois torpiller ce que nous voulons engager sur le fond.

Ce sentiment de « mur » alimente à la fois l’extrême-droite et la dépolitisation, ou une vision gauchiste, nihiliste de type LO ou NPA.

Deuxièmement, il nous faut nommer la SEF. Car il s’agit d’une visée, un système. Pas de simples revendications mises bout à bout : nous sommes redevables d’un apport de fond au mouvement social, aux luttes, pas seulement de les « soutenir ». C’est bien notre apport politique qu’il nous faut travailler. Comment ? C’est là que la créativité des communistes doit s’exprimer. Mais, je crois, sans contourner la difficulté qui consisterait à ne pas dire ce que nous visons, en articulant l’aspect révolutionnaire et l’aspect réaliste. Mais sans renvoyer à un aménagement du système en attendant la révolution. Merci aux camarades pour leurs interventions, que j’entends comme un enrichissement et une volonté de ne pas mordre le trait, ni dans un sens – emploi rigide à l’ancienne et donc conservation – ni dans l’autre – lâcher la bataille pour une sécurité d’emploi sous prétexte de ne pas conserver à tout prix et de transformer l’emploi comme la production. D’ailleurs, il faut bien voir que sécurité, ce n’est pas rigidité comme veulent nous faire croire les dominants. Mobilité et sécurité, travail et hors travail, avec la formation comme charnière, c’est le cœur du projet.

C’est dans la bataille que nous allons construire cet équilibre, en marchant. C’est en organisant les luttes en cherchant à leur donner un débouché à la fois victorieux et politique, en leur donnant un sens. Cela inclut les différentes interventions des communistes, tant sur le terrain, que dans les institutions ou dans les médias.

Il s’agit donc, mes camarades, non pas de faire la « liste » de ce qui manque, mais de le mettre dans notre bataille pour l’emploi, dans notre bataille sur la SEF que nous allons ajuster au fur et à mesure, soit pour travailler des chantiers existants, soit pour en travailler de nouveaux sur le terrain. Mais à chaque fois, il me semble que ce qui a été dit, loin de remettre en cause notre visée est compris dans celle-ci. Et donc de mettre pleinement la SEF avec sa cohérence entre une visée (un tout autre objectif social et sociétal), des moyens financiers et des pouvoirs, à partir de ce « qu’ils » ne font pas, ou qu’ils font à l’envers… ! Prendre bille en tête l’alliance « Etat-capital », qui repose sur la mise « hors politique » des entreprises et des banques et donc au fond de l’’emploi, et porter l’exigence de pouvoirs institutionnels, d’institutions nouvelles pour agir sur les entreprises et les banques.


Frédéric Boccara Intervention n°2 dans le débat sur la validation des candidatures aux législatives partielles

Pour résumer les choses, nous avons à décider d’une prise de position du CN, de la direction nationale du PCF sur la présence ou non du PCF aux élections législatives. Certains camarades du Val de Marne, ceux qui sont présents ici, demandent en définitive qu’il n’y ait pas de présence du PCF. D’autant que, je note, il n’y a pas d’autre communiste proposé que Fati Konaté, une militante connue et reconnue dans la ville comme dans le département.

On nous prétend que « les » vitriots, les habitants de la ville ne sont pas d’accord. J’en connais aussi beaucoup des vitriots et beaucoup sont aussi d’accord. Ne parlons pas à leur place !

En revanche, il y a beaucoup d’informations qui nous manquent ici sur Vitry. Il n’est pas sérieux de ne pas tenir compte des différents avis des communistes de Vitry.

Par ailleurs, on met en avant un avis rendu par la commission des conflits, selon laquelle la désignation ne se serait pas faite dans les règles. D’abord je n’ai pas eu pas reçu cet avis, comme je crois aucun membre de ce CN. Alors de quoi parle-t-on ? Ensuite, nous connaissons tous les difficultés à réunir le parti, à organiser les choses durant l’été. Et d’ailleurs, comme l’a dit Yann Le Pollotec, cela semble être la première fois que nous validons des candidatures à des législatives partielles. Pourquoi pas, mais soyons réalistes.

Au total, que va-t-il se passer ? Soyons sérieux, de toutes façons les communistes de Vitry iront aux législatives. Les militants feront campagne. Il n’y a pas d’autre candidat membre du PCF. Quel signe veut-on leur donner ? Qu’il serait légitime de faire campagne pour un des autres candidats ??

Je voterai pour soutenir la candidature de notre camarade Fati Konaté.

Frédéric Boccara – Intervention Numéro 3 Dimanche Matin – Débat sur les régionales

La question centrale, pour les élections régionales, c’est notre campagne, notre originalité pour notre visibilité de fond, notre repérabilité au lieu de notre effacement avec, y compris, ses conséquences sur les échéances nationales. Nous devons entendre ce que les communistes ont exprimé lors du 38ème congrès.

Nous pensons, je pense, que les élections régionales de joueront en grande partie sur l’emploi, sur la politisation de cette question, comme le rapport l’a développé hier. Plus précisément, je dirais sur un triptyque emploi, institutions et services publiques. Avec une grande question à mettre en lumière : comment nos institutions politiques agissent sur les entreprises et les banques : accompagnent-elles la logique dominante du capital, y compris en la modérant un peu, en l’aménageant, ou pas ?

Pour ces deux raisons, l’idée est mettre en avant que nous voulons non pas des « postes » mais conquérir des leviers de pouvoir, des positions de pouvoir et d’action sur les entreprises et les banques, pour l’emploi. Ce qui permet, soit dit en passant, de traiter les élections régionales sans les dissocier de notre bataille sur l’emploi. Nous pourrions avancer l’idée que c’est une ou un communiste qui doit être en charge des « Conférences permanentes régionales pour l’emploi, la formation et la transformation productive écologique » et du Fonds régoonal.

Et c’est très différent que de dire « conquérir la région pour la gauche », car il s’agit de redonner un contenu à cette gauche !

Cette question de l’emploi est une pierre de touche pour redonner un contenu à la gauche. Il y a quand même ces dirigeants et élus du PS qui ont pendant des années encouragé une politique de baisse du coût du travail et accompagné les décisions des entreprises ! Alors que leurs sympathisants et électeurs étaient de plus en plus mal à l’aise avec cette politique, jusqu’à décrocher et s’abstenir. De même il y a EELV qui, grosso modo, nous dit l’écologie fera naturellement de l’emploi, y a « des gisements » d’emploi, il suffit de les trouver. A nouveau : « faisons confiance aux entreprises » telles qu’elles sont, en tout cas pour une partie des écologistes, d’autres ont bien compris qu’il faut entrer dans une tout autre relation avec les entreprises. Et puis il y a la FI avec son vide sur l’emploi : « l’Etat les créera si les entreprises n’embauchent pas » !

Il ne s’agirait pas que les idées de droite soient victorieuse, même avec des étiquettes pour certaines classées à gauche, car alors que pourrions-nous mener comme politique ? C’est pourquoi le mot « rassemblement » ne peut pas être l’alpha et l’oméga de notre politique… J’apprends en outre aujourd’hui que certains semblent envisager de partir avec le PS dès le premier tour en Ile de France, région capitale. Cela me pose question.

Le cœur c’est notre bataille et nos exigences politiques pour répondre aux exigences populaires d’emploi et de services publics. C’ets pourquoi je propose d’amender le programme sur quelques points.

p. 22 ajouter « A l’opposé d’aides aux critères de résultats et au suivi souvent flous et absents, il ne s’agit pas de suppléer les entreprises et les banques mais d’agir en levier sur elles, tout particulièrement en s’attaquant au coût du capital, et en organisant le suivi démocratique des engagements pris par les entreprises.

p. 23, dans la lignée de la résolution que nous venons de voter, intituler nos conférences des « Conférences permanentes pour l’emploi, la formation et la transformation productive écologique »

p. 23 ajouter deux éléments sur le rôle de ces conférences

des engagements chiffrés seraient pris sur la base d’une analyse prospective des besoins d’emploi, de production industrielle et de services, de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette prospective concernerait aussi les besoins de services publics.

Elles utiliseraient les FREDF (fonds régionaux pour l’emploi et la formation) afin d’orienter les décisions et l’activité des entreprises et des banques dans le sens du respect des engagements pris par la Conférence.

Par ailleurs, si le transport est le premier secteur émetteur de GES en France, il n’est pas exactement le premier « responsable », la désindustrialisation est aussi responsable. Car c’est aussi à cause des délocalisations et de la désindustrialisation que les transports ont cette importance.

p. 29-30-31 : nous ne pouvons pas faire de la gratuité totale des transports notre politique de transports. Par exemple, pour une très grande agglomération comme Paris se pose la question de la participation des touristes étrangers à son financement. Globalement, il nous reste du travail sur cette question qui en pose beaucoup.

Sur l’Europe. Pierre (Laurent) du te poses la question : est-ce qu’ils font « l’Europe des régions » ? Je réponds : oui, ils la font, contournant pour partie les Etats nationaux. En ce sens Evelyne a raison dans son rapport. Mais, ils ne font pas que cela, et ils tâtonnent. En ce sens, c’est effectivement plus compliqué. Il nous reste du travail. Mais je ne suis pas pour ne pas dénoncer cela.

Enfin, je voudrais dire mon malaise après le débat et le vote d’hier sur la législative partielle à Vitry et Alfortville. Il n’est pas acceptable que nous ayons eu un véritable procès à charge, avec l’absence des camarades de Vitry, membres de notre direction et incriminés par certains. Dans ces conditions, que l’on ne me parle pas d’éthique. Ni d’Etat de droit ! Où a-t-on vu un tel procès à charge ? D’autant que, je le répète, nous n’avons pas tous les éléments. Je viens d’apprendre, entre autres choses importantes, que la liste déposée par Jean-Claude Kennedy, notre ancien maire, n’était pas celle qui a été adoptée par les communistes lors de leur vote ! Où va-t-on dans l’omission, voire la dissimulation, des informations ? La valeur du vote du CN refusant de soutenir la candidature de Fati Konaté en est profondément mise en cause.

1 comment on “Interventions de Frédéric Boccara au Conseil national – 5 et 6 septembre 2020

  1. Merci à Frédéric pour ses efforts didactiques plus qu’impératifs pour tout le monde. Il serait bien que nombre de camarades et les journalistes de notre presse en fassent de même.

    La question de l’emploi est politique: personne n’en doute. La problématique est bien de savoir comment la politique menée par des élus peut aider les travailleurs, et ici pas seulement les salariés, pour reprendre la main sur leur vie.

    Retraité d’Alcatel-Lucent, parti juste quand ce groupe sous la tutelle des USA ne soit repris par Nokia avec l’appui de nos exécutifs nationaux, je sais que l’intervention du politique y est particulièrement compliquée et difficile: l’éparpillement des activités rend impossible toute relocalisation. Il s’agit donc de lutter pour imposer de nouvelles activités comme par exemple celle de la numérisation des entreprises appelées à se transformer grâce à la mise en place de réseaux privés à base de 5G.

    Depuis très longtemps, il n’ya plus de section communiste dans ce groupe industriel qui en France a été réduit à peau de chagrin, notamment à cause de cette absence qui n’existe pas dans d’autres grandes entreprises de notre pays.

    Enfin, on parle beaucoup de présidentielle, y compris dans notre parti: notre apport original immédiat et urgent serait de mener une campagne pour démontrer à nos concitoyens.ne.s que ce sont bien les députés qui font les lois et prrmettent donc la mise en œuvre effective d’une politique donnée par le Président et son executif national.

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